(Billet 967) – Agenda 2023 achevé… difficile de faire pire en 2024
Celles et ceux qui avaient souhaité à leurs prochains une belle et heureuse année 2023 avaient péché par excès d’optimisme ; guerres et/ou massacres, séismes ici au Maroc et ailleurs, inflation pétaradante, hypocrisie planétaire… Des mauvaises nouvelles succédant à des nouvelles encore plus inquiétantes. Mais fort heureusement, cette année a été également celle du couronnement du roi Charles, enfin !... Donc soyons heureux et constructifs.
Janvier : La démocratie explose au Brésil. S’appuyant sur une pratique déjà éprouvée dans le temple américain de la démocratie, les partisans du grand président bien malheureusement battu Bolsonaro prennent d’assaut la place des Trois Pouvoirs à Brasilia et s’y arrogent tous les pouvoirs, en particulier celui de tout casser et de brûler le reste, ou l’inverse. Lula n’en mène pas large mais Bolsonaro, prudent, préfère prendre le large.
Février : Méchants séismes en Turquie et en Syrie. Le monde saisit cette occasion pour rappeler à quel point il se moque de ce qui peut se produire en Syrie. Peu d’empathie, peu d’infos, peu d’aides mais beaucoup de morts. Les gueux de la terre n’en finissent pas d’endurer ; dans la ville déjà ravagée d’Idlib, le pouvoir criminel de Bachar al-Assad est inexistant, seuls les groupes terroristes essaiment dans le coin, mais comme ils voient dans le séisme le châtiment d’Allah, alors tout est bien. Erdogan ronronne, s’excuse, fait le dos rond, s’aplatit, car l’élection est proche
Mars : Xi Jinping est réélu président au score difficilement battable et absolu de 100% des députés votants. « Prince rouge » est fils de l’un des « Huit Immortels » et lui se fait président éternel. Cela évitera de mémoriser d’autres noms compliqués pour les décennies à venir. Pour sa part, toujours en mars, la Cour pénale fait preuve d’humour : elle émet un mandat d’arrêt contre Vladimir Poutine. Bush Jr, Blair et Netanyahou s’en sont étranglés de rire et en pouffent encore, surtout le dernier. Bien rares néanmoins seraient les personnes capables de dire le chef d’accusation retenu contre Poutine…
Avril : Et la Finlande tombe à son tour dans le piège ; apeurée par l’agressivité russe en Ukraine, elle est titillée par les Américains, harcelée par les Européens, et elle demande son adhésion à l’OTAN. Las… Poutine, pas fou, ne lui déclarera pas la guerre, mais la menacera continuellement de cyberguerre, plongeant le pays dans une peur encore plus grande qu’avant. Plus au sud, le Soudan entame une guerre civile dans l’indifférence générale de la « communauté internationale » et vers l’est, l’Inde dépasse la Chine en termes de population. Hourrah.
Mai : Enfin ! Charles a un emploi, un emploi numéroté ; il est désormais Charles III et en même temps titulaire du record de la plus grande attente ; sa mère a eu le plus long règne et comme il attendait, il est le plus patient des attendeurs. Il fait reine Camilla et aussitôt, la reine Camilla entreprend de régler ses comptes, qu’elle a nombreux. Charles n’a d’yeux que pour cour, reine et couronne.
Juin : Après plusieurs mois de surplace à Bakhmout, les Wagner ont décidé de se dégourdir les jambes et de marcher, sur Moscou. Poutine siffle de rage, Prigogine soupire d’aise, le premier a lu l’histoire russe, le second non, et il
est prématurément parti à la rencontre du Créateur.
Juillet : Emeutes en France contre le gouvernement pour protester contre l’application intempestive de la peine de mort pour refus d’obtempérer ; huit jours d’émeutes mais pas de quoi inquiéter Darmanin qui en a vu et en verra d’autres. Au Niger, coup d’Etat contre le gouvernement pro-français, Paris réagit et frise le ridicule avec la saga et le régime alimentaire de son malheureux ambassadeur.
Août : Evgueni Prigogine s’écrase, pour de bon et, avec son état-major, va dans l’au-delà chercher un autre théâtre d’opération ; Prigogine est mort, vive Poutine ! Au Gabon, coup d’Etat ou révolution de palais, la famille Bongo achève un règne qui a commencé avec le papa en 1967 ; on ne sait pas ce qu’il est advenu d’Ali Ondimba. De leur côté, les BRICS deviennent BRICS+, avec 6 Etats membres de plus, dont 4 Etats musulmans, la rupture avec l’Occident est ainsi consommée. Aux Etats-Unis, l’élection présidentielle se prépare, avec une photo d’identité judiciaire de Trump, accusé de racket et de détournements divers ; la jeune « démocratie » américaine aura le choix entre deux vieux improbables.
Septembre : L’Azerbaïdjan met fin au conflit très compliqué du Haut-Karabakh en envoyant son armée prendre possession du territoire et déloger ses habitants ; quand la géopolitique s’invite, les droits des peuples disparaissent. Le G20 s’élargit et devient G21, le 21ème membre étant en réalité 54 Etats africains ; le G20 devient G74 et comprenne qui pourra.
Octobre : Le Hamas règle des comptes vieux de 75 ans avec Israël, qui compte bien rendre les coups et s’acharne, testant ses armes, donnant libre cours à une forme de sadisme et de racisme collectif, avec l’approbation d’un Occident rangé sous la bannière « condamnez-vous le Hamas ? ». En deux mois, plus de bombes larguées sur Gaza que de missiles lancés sur l’Ukraine en un an ou durant la guerre d’Afghanistan ! L’islamophobie bat son plein, le droit international est tordu, la Cour pénale fait de la peine.
Novembre : Israël tire toujours, confirme le crime de guerre et s’engage résolument dans une démarche génocidaire ; les Occidentaux s’interrogent, ne trouvent pas de réponse et renoncent. Zelensky, ne recevant plus d’armes de ses « amis », crie au loup et Poutine crie victoire. En Argentine, un président est élu, il parle à Dieu à travers son chien qu’il a rencontré dans le Colisée de Rome, quand il était lion ; l’Argentine, de la dictature militaire à la dictature canine ? La COP28 s’achève, comme toujours, sur un accord historique ; quand un accord est dit historique au présent, il est généralement ignoré par les historiens dans l’avenir.
Décembre : Elections en Afrique, le maréchal Sissi est réélu avec près de 90% des suffrages, Félix Tshisekedi aussi avec plus de 70% des voix et la constitution du Tchad est adoptée par 85% des citoyens ; il ne faut y voir aucune malice, les Africains étant réputés pour aimer l’unanimité. L’Union européenne réduit drastiquement ses livraisons d’armes à l’Ukraine, massacres à Gaza obligent, mais ouvre les négociations pour l’adhésion du pays. Avec ou sans le Donbass ? Poutine réfléchit…
Et 2024 démarre… Difficile de faire pire qu’en 2023, mais les humains nous ont habitués à se surpasser ; touchant le fond, ils creusent…
Aziz Boucetta