(Billet 1068) – Netanyahou, le Frankenstein de l’ONU

(Billet 1068) – Netanyahou, le Frankenstein de l’ONU

Quand, en 1948, le monde occidental avait à travers l’ONU créé et installé l’Etat d’Israël (en passant vite sur les détails), il était loin de se douter que cet Etat allait enfanter une sorte de Frankenstein en la personne de Benyamin Netanyahou. Les Occidentaux, meurtris par leur responsabilité dans l’Holocauste, ont offert une terre aux Juifs, mais ils n’avaient pas prévu ce qui allait se produire après. Les descendants des survivants d’un génocide en commettent un autre, contre la volonté explicitement exprimée des derniers survivants du premier génocide.

Qui est Frankestein, pour ceux qui ne le connaissent pas encore ? Une créature née à partir d’un cadavre et qui, se sentant rejetée et livrée à l’opprobre publique, allait échapper au contrôle de son créateur, versant dans les abominations les plus terribles. « Créature », « échapper au contrôle », « abominations »… Cela ne vous rappelle-t-il rien, dans l’actualité internationale d’aujourd’hui ?

Israël présente désormais le visage le plus hideux qu’un Etat puisse offrir au monde, jetant l’opprobre sur un peuple qui a connu les affres de l’histoire et qui en principe devait vivre en paix dans des frontières sécurisées, avec ses voisins arabes et musulmans. Il n’y avait aucune raison pour que ce ne fut pas le cas, puisque juifs et musulmans ont toujours vécu en paix et en harmonie, étant tous deux sémites. Mais les médias, le ressentiment des anciens coloniaux envers leurs anciens colonisés, la peur inexplicable de l’islam, la mauvaise foi et le mensonge en ont voulu autrement, avec comme victimes les Palestiniens , mais aussi les Juifs pacifiques d’Israël et d’ailleurs.

Alors l’Histoire a évolué de manière différente, sanglante. Des guerres, régulières, jusqu’au milieu des années 70, puis des massacres, récurrents depuis la création d’Israël et la fameuse et hideuse Nakba de 1948. Les villages Deir Yassine, Tantoura et d’autres, pogromisés, de pleines communautés terrorisées, des individus martyrisés… une litanie d’horreurs et de tueries, commises avec l’assentiment de moins en moins dissimulé des créateurs de la créature.

Et nous en arrivons à aujourd’hui… ce qui se passe à Gaza ne peut être qualifié autrement que par génocide. Un génocide débridé, commis par de jeunes soldats assurés de leur impunité, souvent illuminés, tuant et détruisant tout sur leur passage, femmes, enfants, journalistes, employés de l’ONU, de quelque nationalité soient-ils. Les dirigeants occidentaux sont tétanisés, ne sachant plus comment arrêter cette folie meurtrière, criminelle dans laquelle les Israéliens sont tombés, renonçant à toute forme d’intelligence ou de capacité prospective ou anticipative des conséquences.

On sait pourtant que les mêmes causes engendrent les mêmes effets, et si l’Holocauste a donné naissance à un peuple meurtri, criant vengeance et se méfiant de tout et de tous, l’actuel génocide à Gaza et le probablement futur massacre en Cisjordanie et au Liban engendreront, inéluctablement, inévitablement, fatalement, un autre peuple assoiffé de vengeance. Les criminels israéliens d’aujourd’hui et leurs complices euraméricains obèrent l’avenir de leurs propres enfants et, accessoirement, du monde.

Les Occidentaux sont-ils donc tellement sots qu’ils ne peuvent prévoir les conséquences de leur soutien à la bande de salopards (il n’y a pas d’autres termes) que sont Netanyahou, Gallant, Smotrich, Ben Gvir et leurs complices moins connus ? Pensent-ils vraiment, Joe Biden, Emmanuel Macron, Olaf Scholz, Justin Trudeau, et le tout nouveau Keir Starmer, que l’Histoire ne les jugera pas, que la justice ne les condamnera pas, que la morale ne les réprouvera pas ?

Les Russes tirent un projectile sur l’Ukraine, tuent deux personnes, et voilà que tout l’Occident, horrifié ou feignant de l’être, se lève comme un seul homme, ou femme, ou autre, ou les deux… Mais qu’Israël balance à l’aveugle 1.000 bombes sur un Etat souverain, le Liban, et voilà ce même Occident qui justifie cela par


la nécessité de détruire le Hezbollah. Qu’une opération technologique fasse exploser 5.000 appareils de communication, dans des espaces publics, dans des foyers, dans des écoles, et voilà que les dirigeants occidentaux détournent le regard et que les médias se pâment et s’extasient…

Tout cela est commis sous le couvert de se protéger des tueurs du Hezbollah et du Hamas, et au nom de cela, tout devient possible. Ni Hezbollah ni Hamas ne sont des enfants de cœur, ce sont des meurtriers, mais on ne massacre pas un peuple, puis un autre, pour se débarrasser de quelques milliers de personnes parfaitement identifiables et localisables ! On dit, on redit et on répète que ce sont des fondamentalistes religieux, mais que dire des illuminés messianiques encore plus fondamentalistes aux commandes en Israël ?

Faut-il vraiment vouer une haine féroce à tout ce qui est arabe et musulman ? Faut-il tout permettre et passer à des types qui, devant n’importe quelle cour criminelle, seraient enfermés à vie ? Quelle est cette chose qui fait que tout est pardonné à ces gens même si en privé, les chefs occidentaux fulminent contre Netanyahou et qu’en public, plus aucun officiel israélien n’est reçu en Occident (avec le discours du Premier ministre israélien au Congrès américain formant l’exception qui confirme la règle) ?

Netanyahou insulte l’ONU, insulte son secrétaire général, insulte et accable, s’acharne et vitupère contre son propre géniteur, dénotant d’une défaillante et inquiétante santé mentale. Israël devient, oui, ce Frankenstein incontrôlable, un Frankenstein doublé d’un Dracula assoiffé de sang, comme le laisse entendre Gidéon Levy, un Israélien qui fait honneur à son pays, son peuple, sa foi, et qui regrette de voir ce qu’est devenu son pays, un Etat paria, vivant de sang.

Paris et Washington appellent à un cessez-le-feu au Liban, et Netanyahou répond en ordonnant à son « armée » de déployer toute la force nécessaire dans ce même pays. Il vient s’adresser à l’ONU pendant que son armée bombarde Beyrouth à l’aveugle. Pire, l’armée israélienne ne dispose pas de stocks de munitions (cartouches, obus, missiles, bombes…), et que si elle poursuit ses massacres, c’est avec des armes occidentales, américaines en grande partie mais françaises, allemandes, britanniques aussi. D’où cette complicité des chancelleries occidentales.

Les peuples d’Occident sont-ils donc tellement lobotomisés qu’ils croient désormais tout ce qu’on leur dit. A ce niveau, accepter que son gouvernement arme Frankenstein en sachant parfaitement ce qu’il fera de ces armes, ce n’est plus de la lobotomisation, c’est de la bêtise… de la bêtise portée à son point extrême. Tout cela est résumé dans cet échange de Josep Borrell avec un journaliste : « - Les Israéliens commettent-ils un génocide à Gaza ? – Je ne suis pas avocat ou juriste pour le dire ; - Le 7 octobre était-il un crime de guerre du Hamas ? – Oui. ». Entre les deux questions, M. Borrell a fait et parfait sa formation de juriste.

Tout ceci ne peut relever du simple soutien à Israël. Tout cela est le reflet d’une profonde haine, aussi profonde que difficilement dissimulée, pour l’Arabe, le musulman. Comment donc des peuples qui ont enfanté Washington et (les deux) Roosevelt, Voltaire et Baudelaire, Locke et Hobbes, Goethe et Hegel, peuvent-ils se comporter ainsi ? Peut-être parce que sont ces mêmes peuples qui ont fait les deux guerres mondiales, qui ont conquis et acquis le monde, qui ont inventé (et utilisé) la bombe atomique, qui ont inventé l’inquiétant concept de la guerre de cent ans, qui veulent dominer, régenter, accaparer… Il reste néanmoins des gens de conscience et d'honneur au sein de ces peuples, et ils sont en nombre croissant, même s'ils restent très minoritaires.

Et c’est avec ces peuples que nous partageons le monde !

Aziz Boucetta