(Billet 786) – 2022, sa vie, son œuvre

(Billet 786) – 2022, sa vie, son œuvre

Difficile d’achever 2022 sans reparler de 2022, sans en tenter une synthèse globale, sans en narrer l’histoire, histoire de réfléchir à ce que peut nous réserver 2023. 2022, donc, a été pleine d’événements d’intensité variable, de dangereux ou inquiétants, ou les deux, à définitifs ou encore merveilleux et encourageants ; en 2022, la grande bascule des plaques géopolitiques se poursuit, à l’insu des uns et à leur insatisfaction, et… et plein d’autres choses.

1/ Les ingrédients d’une guerre globale. Et finalement, après diverses péripéties et préparatifs d’hiver, la guerre éclata en Europe ! La haine en est la cause, l’Ukraine en est le théâtre et, comme toujours, les peuples en sont les victimes. Les Russes sont ostracisés, les Européens tétanisés et les Américains, à leur habitude, en sortent renforcés, enrichis, plus puissants que jamais… mais avec cette fois, les Chinois qui guettent et se tiennent en embuscade, où Taiwan sert de punching ball de rappel.

L’Aigle vole et s’envole, l’Ours entre en profonde et longue hibernation et le Dragon s’apprête à cracher son feu. La guerre globale guette et elle bouscule déjà le monde, pas encore avec les armes, mais avec les larmes de la disette, des restrictions, des incertitudes, de la lente paupérisation des peuples qui, jadis, connurent l’opulence et d’un plus rapide appauvrissement de ceux qui en ont l’habitude.

2/ Après la Covid, le monde se libère mais se berce d’illusions ! On s’est habitué, l’espace de ces deux dernières années, au manque de liberté et de libertés, et les données personnelles, officiellement protégées, sont plus contrôlées que jamais. Les gens se confinent à la première alerte, s’enferment à la première injonction, et attendent les injections. Désormais, les Big Pharma ont pris le pouvoir, les GAFA et les MAMAA ont pris les données et tout le monde, et le monde entier est pris en otage.

Mais déjà, les Chinois, agacés de se voir reprocher leur politique de Zéro Covid, ont tout libéré et 2023 risque fort de renouer avec la pandémie.

3/ La mort des rois. Outre la mort surmédiatisée de la reine Elisabeth au triste trépas du très aimé roi Pelé, le monde a enregistré la disparition de l’ancien empereur de Chine Jiang Zemin et du dernier tsar d’URSS Mikhail Gorbatchev et la chrétienté attend et s’attend à la disparition annoncée du pape Benoît XVI, depuis dix ans émérite mais aujourd’hui déclaré « très malade ». Ce sera pour 2023 (depuis la mise en ligne, il est décédé). Aucun de ces « monarques » n’a vraiment été remplacé, ou alors par de pâles copies (oui, les fans inconditionnels de Messi et de Ronaldo ne l’admettront pas, mais Pelé est irremplaçable).

4/ La planète chauffe. Pas plus que les humains n’ont de raison, la planète n’a de saison, et cette année 2022 a d’ores et déjà été déclarée la plus chaude. La Loire, en France, est désormais franchissable à pied sec, les Pays-Bas se déclarent en pénurie d’eau, températures quasi estivales au Canada en novembre, des incendies partout durant les mois de ce qui fut naguère l’été et qui aujourd’hui devient fournaise générale, globale. C’est sans doute la raison de l’échauffement des esprits ici et là, partout, et de l’échec de la COP égyptienne. Oui, la planète brûle, littéralement, et les gens regardent ailleurs.

5/ L’Occident tangue dangereusement, extrêmement, sur sa droite. Les Françaises et les...

Français se rassemblent autour de leur Marine, rudement mais à bas bruit concurrencée par l’inquiétant Monsieur Emmanuel, les Italiens, Frères et Soeurs, chantent leur Meloni du bonheur, les Allemands trouvent l’Alternative, les Israéliens serrent (les Palestiniens) à droite toute, les Suédois aussi. Seuls, les Américains semblent résister, déboutant Trump qui résiste néanmoins, mais voient surgir le spectre souriant mais froid et effrayant d’Elon Musk.

En réalité, si l’extrême-droite semble reculer ici et là, avec Trump, Bolsonaro, Johnson, c’est parce qu’ils en faisaient trop… trop abrupts, trop méprisants, trop rugueux, trop gauches, si l’on puit dire. Mais la relève s’annonce et s’organise, sous d’autres aspects, financiers comme avec Musk, sournois comme avec Macron, législatifs comme au Brésil (Lula est minoritaire).

6/ Le Sud s’ébroue. L’Afrique, enfin, s’éveille, toujours un peu ébouriffée, toujours un peu sonnée, pas encore vraiment en forme, mais elle s’éveille, commençant par bouter la France hors du continent et jurant de ne plus s’y faire prendre avec ses remplaçants. Les pays producteurs d’énergie se rebiffent et décident de faire, enfin, ce qui leur convient, titillés et émoustillés par une Chine plus que jamais en embuscade et aussi par son amie/rivale l’Inde qui joue sa partition.

7/ Le Mondial de la joie. N’en déplaise aux envieux du Vieux Continent, souvent bêtes et méchants, cette Coupe du monde fut un immense succès. Et dans ce succès, celui du Maroc n’est pas passé inaperçu, même si son inexorable et très inattendue percée a été plus ou moins freinée, mais passons… c’est la règle du jeu et des enjeux. Les Allemands n’ont pas fêté leurs LGBT et s’en sont remis, bouches fermées ; les buveurs ont moins bu et tout le monde s’en est mieux porté ; les Franco-Belgo-Italiens ont agité leurs petits poings sur les Qataris et les Marocains mais ils ont juste remué du vent en attendant de récolter des tempêtes… Bref, le Mondial arabe qui ne faisait plaisir à aucune chancellerie ni brasserie européenne a fait plaisir au monde entier. Merci et Bravo les Qataris.

8/ Et au Maroc… De jolis succès diplomatiques, si l’on exclue la France qui s’exclue elle-même du jeu, et si l’on retient cette clarification royale, qui n’a aucune raison d’être abandonnée, sur la relation entre nos partenariats et le Sahara ; de prometteuses avancées économiques : programmes nationaux divers et diversifiés, nominations de personnages-clé dans des organismes-clé financiers ou techniques, l’extraordinaire mise en place de la protection universelle, une banque centrale vigilante… et la pluie a fini par tomber ; chez nous, la saison agricole démarre quand les responsables lèvent les yeux pour scruter le ciel et si pas de nuages, alors ils gardent les yeux levés au ciel, mais plus haut, pour en demander. Mais la pluie a fini par tomber déstressant bien du monde.

Et ce somptueux Mondial, cette splendide sélection et ces merveilleuses valeurs véhiculées et que, à défaut de pouvoir se dupliquer partout, on peut espérer au moins voir dans nos hautes administrations et nos grandes entreprises, publiques et privées. Nous nous en porterions mieux et nous n’en évoluerions que plus vite. Mais si, bien évidemment, les ripoux partent chez eux ou chez les juges, que les juges ne se déjugent pas, que le gouvernement délivre effectivement ce qu’il a promis et que les initiés de tous bords cessent leurs délits en tous genres.

Bonne année 2023.

Aziz Boucetta