(Billet 774) – Le Maroc en quarts, c’est la lutte (pour la demi) Finale !
Le Maroc tel qu’on l’aime, joyeux, donnant la pleine mesure de son talent, exprimant son bonheur et son humeur bon enfant… une quinzaine de jeunes jouant au foot et emportant dans leur élan sincère des dizaines de millions de leurs compatriotes et des centaines de millions de personnes dans le monde. Un "petit" Maroc vainqueur d’une "grande" Espagne, déjouant les pronostics en jouant simplement au foot !
Le Maroc se hisse en quart de finale d’un Mondial exceptionnel à tous points de vue… un Mondial organisé à la perfection dans un émirat « confetti » que le monde développé méprisait, en lui déniant la possibilité de jouer dans la cour des Grands. Une Coupe du monde au Qatar… voyons, ce n’est pas possible ! Le Qatar, c’est tout petit, c’est chaud, c’est loin, et c’est… arabe ! Comment cela se peut-il ? Comment cela pourrait-il fonctionner ? Et pourtant ! Des stades regroupés dans une seule et même ville (ou presque), avec une organisation parfaite, des retransmissions dignes des plus expérimentés, une sécurité bon enfant mais terriblement efficace, n’en déplaise à des Allemands qui en sont restés bouche bée et à des Français qui n’en peuvent plus de tout boycotter en suivant les matchs du coin de l’œil…
Le Maroc, avec ses jeunes talents d’ici et d’ailleurs, a su montrer sa grandeur largement oubliée, facilement chahutée d’abord par les nôtres, ensuite par les autres nations du football, et pour cause. Une seule CAN gagnée, aux points, en 1976, puis plus rien, un 8ème de finale en Coupe du monde en 1986, puis quelques pâles participations avec quelques maigres résultats… des parcours chaotiques et irréguliers en Afrique, des résultats irréguliers, des valses de sélectionneurs, souvent, très souvent étrangers, une équipe tantôt soudée tantôt falote…
Puis 2022, en terres amies, où le Maroc est puissamment présent, avec sa sélection formée de jeunes sympathiques et rieurs, un coach plein d’empathie et de charisme, un gardien au sourire éternel, un public enthousiaste criant sans discontinuer son désormais fameux cri de guerre « siiiir, siiiir, siiiir !! » et emplissant les stades où son équipe évolue et même d’autres, une sécurité « prêtée » par le Maroc, aussi efficace que discrète. Pas de politique mais une géopolitique active… où le Qatar n’oublie pas le beau geste
de Mohammed VI en juin 2017, quand l’émirat avait été « enfermé » par ses puissants voisins…
Le Maroc a d’ores et déjà fait honneur aux Arabes qui s’y reconnaissent, aux Africains qui lui sont reconnaissants, et aux siens étourdis de bonheur après une succession de crises. Les images et montages photos (illustration) donnent le tournis… l’inspiration artistique léonine, métaphorique, photoshop et chopée ici et là déclenchent les éclats de rire… les espiègleries contre les mesquineries d’un pouvoir algérien fort marri du succès marocain se suivent et les taquineries contre ses télés se succèdent, et on se marre…Humour contre mauvaise humeur.
Un Maroc heureux qui réconcilie les impossibles, avec ces cris de joie à Gaza et à Tel Aviv, en simultané, avec cette admiration d’un public amateur de foot tout autour de la planète, du Japon au Kenya, de Suède au Pérou… un public qui découvre ce Maroc au pouvoir tout relatif mais au soft power de plus en plus visible. Une Espagne qui pleure d’avoir perdu le derby et des Allemands heureux de cette défaite, sept équipes comptant parmi les meilleures au monde lorgnant cet intrus qui s’est tranquillement frayé son chemin en défrayant avec le sourire la chronique footballistique mondiale. Le petit poucet qui a poussé des grands dans leurs retranchements et qui, chez lui, casse tous les codes, comme la tenue vestimentaire du roi déambulant en voiture, en tenue rouge et verte, agitant un petit drapeau de mêmes couleurs.
Après la pluie, le beau temps, dit-on, et en ces temps de pluies, les Marocains du Maroc et les étrangers qui y vivent, à l’étranger dans le monde avec les Marocains qui y résident, tout n’était que joie ce mardi soir.
Ce n’est que du foot certes, mais la joie et le bonheur, même en foot, restent de la joie et du bonheur fous, fous, fous ! Merci encore pour ces moments, comme on dit et comme on en attend encore, maintenant que tous les rêves sont permis et que le Maroc, pour un instant, unit Arabes et Africains, amateurs de foot et de liesse.
C'est la lutte (pour la) Finale, groupons-nous et demain, les Internationaux (peut-être) caresseront le genre humain !... Rêvons, donc, puisqu’une vingtaine de jeunes nous le permettent.
Aziz Boucetta