(Billet 98) – Re(ma)niement gouvernemental…

(Billet 98) – Re(ma)niement gouvernemental…

Partirons, partirons pas… resterons, peut-être pas… Ils, ce sont les ministres et les sous-ministres hantés et tourmentés par la ritournelle du remaniement gouvernemental. Mais en réalité personne ne sait vraiment, chef du gouvernement en tête, et tout le monde s’en moque, hormis certains entêtés… Interpellé sur la question, Saadeddine Elotmani a répondu à des journalistes lors d’une récente agape nocturne quelque chose que l’on peut résumer ainsi : « c’est ni oui ni non, mais faut voir ».

Quand on lui avait posé la question sur le remaniement, voici quelques mois, M. Elotmani avait répondu avec son célèbre et apaisant sourire que puisque son gouvernement avait déjà été remanié plusieurs fois, rien ne servait donc de surjouer. Certes… certains s’en souviennent : les sièges éjectables de quatre ministres avaient été activés en octobre 2017 et les parachutes de quatre autres personnages s’étaient ouverts quelques mois après… Ensuite, à la tête du ministère des Finances, l’homme au sourire éternel Mohamed Boussaïd avait été remplacé par l’homme qui ne sourit jamais Mohamed Benchaâboune.

Depuis, au sein de la majorité, tout n’est pas rose, l’ambiance est morose (scruter la photo), et frôle même souvent la sinistrose, en ces temps incertains où les colères royales explosent. Nabil Benabdallah, grand chef autoproclamé du petit PPS en réclame, ne se remet toujours pas d’être...

parti, et depuis, ne se départit plus de sa colère. Les Bleus du RNI affichent leur mauvaise humeur permanente contre le PJD, même sans le dire vaillamment ; et s’ils venaient à s’en aller, les autres partis, ceux de l’appoint arithmétique, suivraient en courant.

On avait aussi parlé du délestage du gouvernement, en sacrifiant les secrétaires d’Etat, mais Saadeddine Elotmani expliquait que cela ruinerait le noble idéal de la parité. Sympa pour les femmes… Elles ne sont là que… pour être là ! L’une d’elles est déjà partie ; il s’agit de Charafat Afailal, du PPS, mais son départ n’avait dû être décidé que pour énerver un peu M. Benabdallah, un peu plus…

Alors, remaniement général de la majorité, reniement de cette majorité par le RNI ou renoncement isolé par le PPS ? Honnêtement, entre le Raja, les langues d’enseignement, le pont à haubans, la CAN et la canicule, les impôts et l’incertitude nationale, peu de gens s’en soucient. Peu importe… M. Elotmani, arcbouté à sa fonction, reproche aux médias de saper l’action gouvernementale.

Mais le chef du gouvernement se trompe d’ennemi… Ce ne sont ni les médias ni les réseaux qui accablent son gouvernement, mais l’indifférence… « Elle te tue à petits coups, l’indifférence… Un peu de haine, un peu d'amour, mais quelque chose… », chantait Bécaud. Il avait raison.

Aziz Boucetta