(Billet 86) – La bile Benabdallah se déverse à la télé
Pour ceux qui l’ignoreraient encore, Nabil Benabdallah est le patron du PPS depuis 10 ans, ministre sous Driss Jettou, et encore sous Abdelilah Benkirane, mais très brièvement sous Saadeddine Elotmani ; il est aussi ancien ambassadeur, bien qu’il ne se soit pas éternisé dans la Ville éternelle. Et tout ça à moins de 60 ans. Dimanche soir sur 2M, l’interprète de formation est venu interpréter à sa façon sa grâce, ses disgrâces et ses voltefaces.
M. Benabdallah est connu pour dérouler un franc-parler plutôt rare chez la taiseuse gent politique locale, mais il se contente de se faire peur, car courageux, il n’en est pas pour autant téméraire. Son idéologie ci-devant rouge le conduit à frôler les lignes de même teinte, mais habile, Nabil ne les franchit jamais. Alors il dit les choses, sauf qu’avec lui, c’est toujours ni oui ni non, mais faut voir.
Ainsi, l’ancien bolchévik devenu haj a été limogé le 24 octobre 2017, 100 ans jour pour jour après la révolution du 25 octobre 1917 en Russie… Cela lui est resté en travers de la glotte, semble-t-il, car il a redit ce soir-là, après avoir souvent dit ici et là, que « le SG du PPS (lui-même donc) a été viré pour d’autres raisons qu’al Hoceima, pour ses prises de positions antérieures entre autres » ; la planète avait alors vacillé. Fort bien, mais qui l’a viré ? Selon l’article 47, c’est le chef de l’Etat ou le
chef du gouvernement qui « vire » les ministres. Dans les deux cas, pourquoi laisser le PPS au gouvernement et ne pas rester sur ces fameuses « positions », si ce n’est pour « donner » leur chance aux autres PPSiens qui piaffaient dehors, dans la brume de l’anonymat ?… Et puis le beau Nabil sait que quand on vire une fois, puis deux, on retrouve le chemin initial.
Et Nabil continue de déverser sa bile… contestant au passage la régularité des élections : « Nous avons eu 12 ou13 élus en 2016, mais tout le monde sait ce que nous avons subi »… Bigre, aurait-on donc triché ce fameux 7 octobre 2016, pour priver le PPS du score stalinien qu’il méritait ? Le volubile Nabil n’en soufflera pas mot. Normalement, avec un tel constat, on part… Las, un strapontin, ça console toujours des peines les plus déchirantes.
Enfin, après avoir infligé le knout à l’USFP, le très fiable allié qu’est M. Benabdallah dit ce qu’il pense du RNI, qui serait une forme de RNItialisation du PAM. Au risque de produire les mêmes résultats ? L’habile Nabil ne répond pas, car ce bon vivant devenu survivant qui vivote a appris à ne jamais insulter l’aveRNIr. Le rouge et le bleu ne s’épousent-ils pas ?...
Cela étant, des chefs de partis de la coalition, M. Benabdallah reste de loin le meilleur oraleur, qui semble croire ce qu’il dit. Il ne lui reste plus qu’à être crédible, à défaut d’être cru.
Aziz Boucetta