Rachid Belmokhtar est un ministre ignorant… et aussi l’arbre qui cache la forêt d’ignorants, par Abdallah Damoune

Rachid Belmokhtar est un ministre ignorant… et aussi l’arbre qui cache la forêt d’ignorants, par Abdallah Damoune

Le ministre de l’Education nationale ne maîtrise pas l’arabe classique. En apprenant la chose, les gens ont ressenti une sorte de trahison, celle de gens qui les ont floués en désignant un ministre étranger à la tête d’un département ô combien sensible comme l’éducation. Mais non, Rachid Belmokhtar, le ministre en question, est bel et bien marocain, et même marrakchi qui apprécie la « tanjia » et affectionne les spectacles de Jamaâ el Fna, souriant comme tout Marocain en exploration de lui-même.

Cette information de l’ignorance de l’arabe par le ministre de l’Education n’a pas été rapportée par Wikileaks ou par Chris Coleman, qui a dernièrement révélé tout un ensemble de faits concernant des responsables marocains. Non, l’information a été fournie par le ministre lui-même à une journaliste de France24 qui a recueilli sa déclaration en français, et comme la chaîne diffuse aussi en arabe, elle lui a demandé de lui refaire la même déclaration, mais en arabe. Notre preux et valeureux ministre, l’âme en paix, le ton ferme et le regard droit, lui a répondu qu’ « il ne connaît pas l’arabe ».

Nombreux sont les Marocains qui ont été stupéfaits d’apprendre que le ministre de l’Education ne connaît pas la langue officielle du pays. Le plus grave est qu’il s’agit du ministre en charge de l’enseignement fondamental et non du supérieur, ou même de l’astrologie ! Cet homme veille sur le bon fonctionnement d’un département dont l’objectif est d’inculquer les notions de base aux générations montantes. L’individu qui avait dit un jour qu’ « au Maroc, il ne faut s’étonner de rien » mérite une consécration chaque année car il se passe tous les jours des choses extraordinaires et extraordinairement incompréhensibles dans ce pays.

Mais de la même manière que les gens ont été choqués d’apprendre l’existence d’une étranger dans leur gouvernement islamiste, il y en a eu d’autres pour lesquels ce fait ne signifie rien de particulier. La raison ? Ces personnes savent que le chemin du pouvoir et de la haute fonction publique est pavé de roses pour les partisans et les défenseurs de la francophonie, ainsi qu’aux amoureux de la France. Et c’est pour cela que le ministère de l’Education a de tous temps été confié à des ministres fort éloignés des soucis et tracas du Maroc d’en bas, des gens qui n’ont aucun lien avec  leur identité profonde… En effet, ces postes sont remis à des  individus connus pour être marocains, mais aussi français.

On se rappelle de ce débat animé qui avait


été lancé par un homme répondant au nom de Noureddine Ayouch et qui s’était malmené comme un beau diable pour faire passer l’idée d’introduire la darija dans l’enseignement fondamental
. Ayouch s’était tellement dépensé que les Marocains s’étaient sérieusement interrogés si le résident général Lyautey était encore parmi nous ! Quant à ceux qui croient en la réincarnation, ils sont persuadés qu’Ayouch est le récipiendaire de l’âme de Lyautey, ou d’une partie de cette âme, et qu’il est ainsi devenu le porte-parole de la résidence française, 60 ans après l’indépendance du Maroc, ou du moins cette chose que l’on appelle indépendance.

Mais essayons de regarder les événements sous un autre angle, disons… neutre. Revenons donc à quelques 20 ans en arrière et nous aurons la preuve irréfutable que le gouvernement de Benkirane abrite des ministres analphabètes. Cette preuve avait été apportée par le roi Hassan II lui-même, qui disait régulièrement que toute personne au Maroc qui ne parle qu’une seule langue est une personne analphabète. En disant cela, Hassan II n’avait jamais pensé que quelques années plus tard, les gouvernements allaient accueillir des ministres analphabètes, mais la preuve en a été apportée par Rachid Belmokhtar qui ne connaît qu’une seule langue, ce qui fait qu’il entre parfaitement dans la définition de feu Hassan II.

Et puis il y a autre  chose que l’on ne doit pas négliger, et qui est que ce gouvernement Benkirane doit abriter d’autres ignorants analphabètes qui, eux, n’ont pas eu le courage (voire l’outrecuidance) de reconnaître comme Belmokhtar leur non maîtrise de l’arabe. Ainsi donc, ce ministre serait l’arbre qui cache la forêt de l’ignorance et de la méconnaissance. Et même avant le présent gouvernement… en effet, on se souvient de l’ancienne ministre de la Santé, du nom de Yasmina Baddou, qui avait fait sienne la méthode de Daech pour la décapitation des lettres, la torture des verbes et l’incinération de la syntaxe.

Trouver des illettrés dans les postes de responsabilité en ce beau pays qui est le nôtre ne date pas d’aujourd’hui, et remonte même aux lendemains de l’indépendance quand des gens de peu intellectuellement avaient fait de nous la risée du monde en affichant leur ignorance d’un tas de choses. Ces gens-là allaient en France lorsqu’ils voulaient voyager, ou alors dans des pays d’expression francophone. Mais s’il leur arrivait d’aller dans d’autres contrées où la langue de Molière était inconnue, alors ils ressemblaient à ces autistes complètement fermés sur le monde qui les entoure.

Al Massae