(Billet 912) – Il est beau, mon pays
Le Maroc… ce vieux royaume qui a traversé les siècles et reste égal à lui-même et fidèle à ses ancêtres et à son histoire… ce royaume qui, comme d’autres, vit ses vicissitudes, s’interroge face à ses incertitudes, reçoit des chocs et subit les infortunes, mais s’en relève… ce pays, campé sur ses traditions, actif dans son présent et plongeant vers son avenir… ce pays qui, à l’instar d’autres, a ses drames, ses problèmes et ses défaillances mais qui, en cas d’adversité, sait trouver en lui-même les ressources pour s’en défaire… Ce pays, il est le mien et il est beau.
Il est beau par ses plaines et ses reliefs, mais aussi par ses gens sympathiques, empathiques, hospitaliers, attachants,
Il est beau par les élans de générosité qui adviennent dès qu’une catastrophe survient, sur son sol ou ailleurs,
Il est beau par ses jeunes créatifs, enthousiastes, engagés, solidaires, avec un sens de l’humour inégalable,
J’aime mon pays avec sa darija agile, drolatique et de tout temps et en tout temps adaptable,
J’aime ce pays avec ses gens râleurs et gouailleurs mais aussi sympathiques et rieurs, en costume ou en tailleur, en jellaba ou en débardeur, et ses femmes en voile sévère ou cheveux en l’air,
J’aime ce pays avec ses expatriés essaimant dans le monde entier, même dans les endroits les plus improbables, et qui demeurent extraordinairement patriotes et attachés à leur terre natale ou d’origine,
J’aime ce pays dont les gens, sans se concerter, sans se consulter, se soulèvent comme un seul homme, comme une seule femme, quand l’attaque vient de l’extérieur,
Il est beau par ces files de gens, habituellement grincheux dans l’attente mais qui attendent des heures durant pour donner leur sang quand la catastrophe frappe,
Il est beau mon pays, avec sa société qui ferraille et qui bataille, qui rumine et qui fulmine, mais qui se dresse en cas de malheur, réunissant ses moyens, même maigres, applaudissant ses soldats, ses médecins, ses paramédicaux et ses policiers, ses bénévoles et gens de bien… cette société qui, souvent, tonne mais qui, toujours, pardonne,
Il est beau par sa société civile qui se mobilise, s’organise et canalise les dons et les aides de gens souvent
eux-mêmes démunis, tout en gardant un œil sur la politique et ses dépassements et manquements, ses dérapages et déraillements,
Il est beau mon pays avec ses jeunes civils et extraordinairement civiques, dans les rues, dans les quartiers, dans les douars et les dchars,
Il est beau par celles de ses entreprises, grandes ou petites qui, quand le malheur surgit, ne voient plus leur chiffre d’affaires mais se mobilisent et s’affairent,
Il est beau par ses services de protection civile qui encadrent et protège les civils,
Il est beau par ses services de sécurité qui font de ce royaume le havre de paix que tant lui envient,
Il est beau par ses supporters de foot qui n’hésitent pas à survoler l’Afrique pour voler au soutien de leurs champions au Qatar,
Il est beau mon pays avec ses supporters de foot prêts à franchir la moitié du globe pour s’en aller fêter ses footballeuses en Australie, s’ils avaient trouvé un avion…
Il est beau par cette population qui, face aux inévitables manquements et aux insupportables et inévitables dysfonctionnements, les accepte, les critique, tente de les changer et agit en conséquence, avec plein d’allant… même si parfois en s’en allant,
Il est beau mon pays avec cet extraordinaire sens de l’humour des Marocains, même dans les heures les plus sombres, même face au pire,
Il est beau mon pays avec son armée, grande muette devant l’Eternel mais éternellement mobilisée et sans un mot,
Il est beau mon pays avec ses immenses capacités d’organisation enrobée, il faut le faire, de nonchalance apparente,
J’aime ce pays qui sait attirer à lui la bruyante sympathie mondiale dans le bonheur (Mondial de Qatar) et aussi en cas de malheur (séisme),
J’aime ce pays qui sait anticiper, se protéger et s’imposer aux yeux du monde, même dans les plus terribles calamités, comme la pandémie Covid,
Il est beau ce pays avec sa Grande Histoire, avec ses petites histoires, sans histoire,
Ce pays a ses problèmes, oui, beaucoup, ses inégalités, considérables, ses défaillances, répétitives, comme partout, en tout. Mais ce pays avance, lentement, comme un vieux pays à la démarche lente, soucieux de respecter son passé, de travailler son présent et de ménager et aménager son avenir.
Aziz Boucetta