(Billet 559) – Le problème Akhannouch

(Billet 559) – Le problème Akhannouch

(Billet 559) – Le problème Akhannouch

Entre autres atouts, le rapport sur le nouveau modèle de développement proposé aux Marocains a ceci de positif qu’il devrait participer à une forme d’assainissement de la scène politique, voire l’anticiper. Un modèle de développement est, pour faire simple, une feuille de route, et ceux qui seront en charge de la décliner sur le terrain et dans les esprits doivent préalablement savoir la lire. Ce n’est pas forcément le cas d’une grande partie de nos politiques, et le président du RNI Aziz Akhannouch en fait partie.

Une simple lecture de ce modèle de développement nous apprend, ou plutôt nous rappelle ce que nous savions déjà, que le Maroc a besoin de « libérer les énergies » de sa population, de rehausser sa jeunesse, de « créer de la confiance » et de bannir les incertitudes pour aller droit vers la construction d’un Maroc nouveau. Le Maroc que nous voulons, que nous aimerons.

Dans cet esprit et suivant cette logique, les personnels politiques doivent changer leur discours et leur conception de l’électorat, mais aussi et surtout améliorer leur perception par la population. La semaine dernière, Aziz Akhannouch s’en fut sur ses terres d’Agadir pour promettre monts et merveilles aux Marocains, des propositions dûment reprises par les médias et arrosant copieusement les réseaux sociaux. Et le mois dernier, le président du RNI subissait un grand oral, à la suite de ses pairs chefs de parti, à la fondation Fquih Titouani.

De ces deux prestations, il appert que M. Akhannouch ne maîtrise que très peu, pour ne pas dire pas du tout, l’art de la communication politique. En gros, il élude les accusations et égrène les subventions et les déclarations d’intention, dans une sorte d’offre politique fondée sur la charité, au mieux, et le populisme odieux. Ainsi, répondant à une question sur ses biens, il dit ne pratiquement rien posséder. Ce n’est pas un mal d’être riche, mais c’est mal de tenter de le cacher… On pourrait même s’interroger sur les raisons.

Annonçant ce que serait le programme de son parti, il promet ce qu’il aurait pu peut-être réaliser en 14 ans de mandat gouvernemental, comme la création du million d’emplois ou les 300 DH/enfant pour les familles. Quant aux 1.000 DH à verser à « tous les Marocains de...

plus de 65 ans », laissons M. Akhannouch et sa conscience penser à la décence d’une vie avec cette somme… Le ministre de l’Agriculture et, plus globalement, de tout ce qui touche au rural, annonce de manière quasi explicite que sa campagne électorale sera orientée… rural, n’hésitant pas à chevaucher une politique de couverture sociale qui n’est pas sienne !

Comment donc instaurer la confiance, comme le dit et le répète M. Akhannouch, et comme l’assènent et le martèlent ses troupes, gradées ou non, quand l’homme affiche un si extraordinaire déficit de confiance et qu’il réagit en politique comme il agit en affaires, sans concertation, sans écoute et sans liberté de le critiquer au RNI. Et pourtant, on sait bien, depuis longtemps, que « sans liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur ». Et sincère.

Observons maintenant les réactions sur les réseaux sociaux à ses récentes propositions… De l’incrédulité au mieux, de la colère souvent, du rejet toujours… sauf ces innombrables messages mouchetés chantant les louanges d’Aziz Akhannouch, et dont le doute quant à leur origine serait légitime. Comment solliciter les suffrages populaires sans faire de la moralisation de la vie publique, incontournable gage de confiance, sa priorité ? Et comment convaincre de la nécessité de moralisation quand le Conseil de la concurrence ne s’est pas encore prononcé sur de supposées ententes entre pétroliers qui, en cas de confirmation, éloignerait l’élection et rapprocherait l’accusation ?

La question à se poser est la suivante : Comment réussir à mettre en place un modèle de développement d’avenir avec des hommes du passé qui ont amplement contribué à l’échec du précédent modèle et qui devront gérer les immenses défis que s’est lancés le Maroc pour les cinq prochaines années ? Economie, social, entreprise, politique et géopolitique seront les enjeux à venir et le Maroc a besoin d’un attelage gouvernemental au fait des choses et qui fait, agit, pense, parle et convainc.

Finalement, et pour résumer les choses, avec un emprunt extérieur : Comment faire face à l’avenir avec des hommes du passé, voire du passif ? Comment insuffler la confiance avec un homme qui est une cause de problèmes et non une solution à ces mêmes problèmes ?

Le Maroc de Mohammed VI et de 40 millions de Marocains qui voudraient tant être fiers de leur pays mérite mieux.

Aziz Boucetta