Zoom n°60: "Etat-provisions" !
La pandémie du coronavirus a montré sans relâche les forces et les faiblesses de nos sociétés et de nos États. L'énorme aide financière de l'État (de toutes sortes) signale une nouvelle dimension des activités de l'État.
Pourtant, «The Economist» a questionné la réévaluation du contrat social, c'est-à-dire la question du partage du risque futur entre les individus, les employeurs et l'État.
Durant la pandémie, l'État-providence, tel un phénix, est revenu au premier plan du système de gouvernance des pays. Jadis, mis en bandoulière pour accompagner le développement socio-économique des Etats, le système d’État-providence, sous le diktat des institutions financières internationales, a presque été enseveli pour laisser la place à la mondialisation où c’était la loi du marché.
Avec le Covid-19, il y a eu une augmentation spectaculaire des emprunts publics pour soutenir la vie sociale et l'économie. Celles-ci représentent 13,5% du PIB mondial, soit plus de quatre fois le soutien accordé lors de la dernière crise financière. Naturellement, ce sont surtout les pays riches qui ont engrangé le plus de dépenses. Plus récemment, en 1945, lorsque l'Europe a été reconstruite après la Seconde Guerre mondiale, la dette publique en pourcentage du PIB était si élevée. Et les marchés émergents n'ont jamais emprunté autant d'argent.
La crise qui a mis à genou des pans entiers de l’économie du royaume, a poussé le gouvernement a prendre une série de mesures pour faciliter la sécurité sociale et accélérer la protection des services sociaux. Avec un paquet de projets, le gouvernement a mis en place le cap pour amortir les conséquences sociales et économiques de la pandémie coronavirus pour les citoyens. L'accès aux systèmes de sécurité de base est ainsi facilité. L'évaluation de l'allocation
familiale adaptée à la situation actuelle... Ces mesures renforcent particulièrement les familles à faibles revenus et les indépendants avec peu ou pas d'employés.
En fin de semaine dernière et pour trois mois de plus encore, le gouvernement a reconduit le contrat-programme destiné à soutenir certains secteurs d’activités impactés par la crise. Décidé, le gouvernement tient à sauver l'économie nationale, qui malgré beaucoup de souplesse et d’accompagnement ne parvient toujours pas à envisager de perspectives rassurantes.
La crise interpelle l'État-providence d'une manière historiquement unique. À court terme, les plus grands défis semblent se situer dans le secteur de la santé. D'autres domaines de l'État-providence, en particulier la politique du marché du travail, mais aussi la politique de l'éducation, seront particulièrement mis au défi. La crise pourrait même entraîner un renversement de tendance dans les priorités de la politique sociale: au lieu de réduire les coûts et d’introduire de plus en plus d’instruments de type marché, la crise pourrait conduire à un rôle plus fort de l'État dans la politique sociale, avec une approche politique orientée vers la précaution: une politique d'investissement social qui réfléchit à la possibilité de situations extrêmes maintenant plus de lits de soins intensifs et, surtout, de personnel disponible qu'il ne serait nécessaire dans des circonstances normales. Cependant, cela ne peut réussir que si les pressions d'austérité liées à la crise qui affectent les budgets publics ne deviennent pas trop importantes.
L'État a essentiellement assumé tout le risque et le Covid-19 a montré que l'État-providence avait besoin d'être modernisé.
Un État-providence remanié pourrait offrir suffisamment de flexibilité pour encourager le travail, tout en intervenant en cas de catastrophe. La pandémie aura accéléré les changements dans la structure de l'économie.
Mouhamet Ndiongue