Rapport Stora: les Algériens "ne renonceront jamais" à leur mémoire, déclare Tebboune

Rapport Stora: les Algériens "ne renonceront jamais" à leur mémoire, déclare Tebboune

C'est la première réaction officielle du président algérien. Abdelmadjid Tebboune, interrogé lundi 1er mars par des médias algériens sur le rapport de l'historien français Benjamin Stora concernant la réconciliation des mémoires entre la France et l'Algérie, a assuré que les Algériens "ne renonceront jamais" à leur mémoire. 

"Nous ne renoncerons jamais à notre mémoire mais il ne faut pas en faire un fonds de commerce", a expliqué Abdelmadjid Tebboune dans une interview télévisée préenregistrée.

Benjamin Stora, spécialiste reconnu de l'histoire contemporaine de l'Algérie, avait été chargé en juillet par le président Emmanuel Macron de "dresser un état des lieux juste et précis du chemin accompli en France sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d'Algérie". Diversement accueilli, son rapport, remis à Emmanuel Macron le 20 janvier, a soulevé de vives critiques, aussi bien en Algérie qu'en France, notamment pour ne pas avoir préconisé des "excuses" de Paris pour les crimes de la période coloniale (1830-1962).

"Aucun problème avec la France"

"Nous n'avons actuellement aucun problème avec la France", a assuré Abdelmadjid Tebboune qui a qualifié les relations bilatérales de "bonnes". Toutefois, "nous ne privilégierons pas de bonnes relations au détriment de l'histoire et de la mémoire, mais les problèmes se règlent avec intelligence et dans le calme, et non...

avec des slogans", a poursuivi le chef de l'État algérien.

Abdelmadjid Tebboune a de nouveau fustigé "de puissants lobbies en France (...) qui perturbent ces relations", en faisant allusion aux ancien partisans de l'Algérie française. De son côté, le président français Emmanuel Macron est décidé à prendre des "actes symboliques" pour apaiser les mémoires sur la guerre d'Algérie (1954-1962) et tenter de réconcilier les deux pays, mais il a exclu toute "repentance" et "excuses" .

Abdelmadjid Tebboune a déjà pris acte du "geste" de Paris qui a remis en juillet dernier à Alger les restes de 24 combattants nationalistes algériens tombés au début de la colonisation française au 19e siècle. 

Des "gestes symboliques"

Parmi les autres gestes symboliques possibles, Benjamin Stora préconise notamment de faire entrer au Panthéon l'avocate Gisèle Halimi, figure d'opposition à la guerre d'Algérie, d'accorder une plus grande place à l'histoire de la France en Algérie dans les programmes scolaires ou encore de restituer à Alger l'épée d'Abdelkader, héros de la résistance à la colonisation française.

À l'approche du 60e anniversaire de la fin de la guerre et de l'indépendance de l'Algérie en 2022, la "réconciliation des mémoires" est un dossier prioritaire entre Alger et Paris.

Les présidents Macron et Tebboune se sont engagés à travailler ensemble sur ce dossier mémoriel.