Rente idéologique et déclin social et politique, le cas de l’Algérie post-indépendante
Deux grands pays africains, l’Algérie et l’Afrique du Sud, ont obtenu la libération de leur pays et la liberté de leur peuple à la suite d’une lutte politique héroïque émaillée de violences et de traumatismes collectifs qui auront marqué la mémoire et l’histoire contemporaines.
L’Algérie en se libérant du joug colonial français suite à la « guerre d’Algérie » contre l’occupation française et l’Afrique du Sud en se débarrassant de l’Apartheid qui maintenait la population locale noire dans un système de discriminations quasi-esclavagiste jusqu’à la fin du siècle dernier.
Des tragédies humaines et des symboles politiques et idéologiques sont restés pour l’Histoire : « 1,5 millions de martyrs » algériens tombés pour l’indépendance de leur pays et, pour l’Afrique du Sud, tout le poids symbolique du Héros « Nelson Mandela » qui a personnalisé par sa résistance dans les prisons sud-africaines et ensuite par son charisme politique la lutte du peuple noir sud–africain.
Les espérances perdues des générations post indépendances…
Ces deux pays, plus que d’autres peut-être, disposaient de ressources immenses : position géographique, pétrole et gaz, mines, agriculture, richesses humaines qualifiées, patrimoines et cultures locales exceptionnellement riches et diversifiées…
A la suite de cette indépendance et liberté retrouvées, tous les espoirs étaient permis de faire profiter leurs peuples de ces immenses ressources. Mais force est de constater plusieurs décennies ensuite, et autant, de générations après, leur déclin économique, social et politique, une société opprimée, des libertés publiques régressives, une idéologie de la libération dévoyée.
Pourquoi ? car la « rente idéologique », capitalisée sur les années de lutte, a été orientée au service du « statut quo ».
Pour l’Algérie, l’armée s’est accaparée de cette rente pour en faire « un soft power » se vantant de son système « socialiste » qui a plus ou moins fonctionné pendant toute l’ère tiers-mondiste avec un « alignement de complaisance » à l’époque sur les pays sous influence de l’Union Soviétique : économie planifiée de manière autoritaire, « industrie-industrialisante », agriculture collectivisée, rente pétrolière pour financer les secteurs étatisés de la santé, l’éducation, le logement…
C’est l’époque également de « l’arrogance idéologique des leaders algériens» épousant les causes, par-ci par-là, de la libération des peuples et « imprimant de cette arrogance » quelques décisions mal réfléchies des Nations-Unies.
Parmi les résultats de cette « arrogance idéologique » du régime algérien, on peut énumérer l’investissement politique, financier et idéologique sans précédent dans l’histoire des nations qui, allait alimenter jusqu’à aujourd’hui, l’adversité politique avec le Maroc, en décidant «d’interner dans des camps » à Tindouf, sur le sol algérien, quelques tribus sahraouies pour alimenter faussement le mouvement « séparatiste du Polisario ».
Poussant ces tribus jusqu’à l’excès au « séparatisme avec le Royaume», souvent malgré elles, en leur vendant « l’illusion et le fantasme » d’une indépendance sur le territoire du Sud du Maroc, qui s’étend sur plus de 266 000 km2 (soit sur près du tiers de la superficie totale du Royaume (710 000 km2)).
C’était l’époque ou Feu « Houari Boumediene » et Feu « Fidel Castro » s’exposaient côte à côte dans des réunions soigneusement médiatisées à Alger, fumant le cigare cubain. Il fallait en effet beaucoup « d’arrogance » pour penser que le peuple marocain allait accepter de se défaire de près de la moitié de son territoire sous quelque pression qu’elle soit.
Fin des années 80 : l’Algérie dos au Mur et un régime incapable de s’adapter au nouveau Monde : rente idéologique et rente pétrolière se nourrissant mutuellement au service du statut quo
Dés la fin des années 1980, avec la fin de la guerre froide et celle de l’ancien bloc soviétique, l’Algérie s’est retrouvée « dos au Mur », idéologiquement, économiquement et politiquement.
Idéologiquement, le « socialisme soviétique», s’essouflait sans possibilité véritable de renouvellement, abandonnant à leur sort des pays « orphelins » comme l’Algérie qui avaient fait du «suivisme idéologique» et de « leur alignement politique » avec le bloc socialiste leur « crédo idéologique », souvent au prix d’une répression et d’un autoritarisme social et politique oppressants (parti unique, absence de liberté de presse, exil forcé d’intellectuels, assignation à résidence de leaders d’opposition…)
Economiquement, l’économie de marché et l’ouverture à la mondialisation, se sont imposées aux pays du bloc de l’Est, Russie et Chine incluses. Politiquement, se reconfigurait une nouvelle géopolitique mondiale sur la base de ceux qui s’adaptaient à la mondialisation. De nouvelles classifications voyaient le jour comme celles qui distinguaient par exemple entre « pays émergents et non émergents».
L’Algérie quant à elle s’interroge à ce jour si elle doit adhérer ou pas à l’OMC par crainte d’exposer à l’ouverture économique son système économique mono-exportateur fondé sur la rente pétrolière. D’ailleurs « rente pétrolière et rente idéologique » se nourrissent l’une et l’autre pour faire tenir le système.
La rente idéologique au service de causes perdues d’avance ne fonctionne plus …
Cependant, malgré ces échecs cuisants sur tous les fronts, la classe politique dirigeante algérienne, continue de justifier ses « errements économiques et politiques » sur la « capitalisation politique » de cette « rente idéologique » construite sur les luttes du passé.
Elle est également de manière saugrenue et incompréhensible mise au service jusqu’à aujourd’hui pour soi-disant défendre « le peuple sahraoui ». Pour cela,
quelques « tribus sahraouies séparatistes », environ 60 000 à 90 000 individus, hommes et femmes, sont pris en otage dans les camps de Tindouf instrumentalisés à l’excès malgré eux.
Pour preuve, pourquoi n’est-il jamais évoqué dans les communiqués de presse du Polisario et des officines algériennes, les centaines de milliers de marocains d’origine sahraouie qui vivent paisiblement dans les provinces du Sud et le reste des 12 provinces du Royaume.
Une revendication du Polisario ubuesque sur un territoire saharien doté d’une souveraineté millénaire dûment rattachée au Royaume équivalent en superficie à des pays comme l’équateur, le Gabon ou le Burkina Faso revendiqué par moins de 100 000 personnes…
Quelle est cette nation dans le Monde qui accepterait de céder la moitié de son territoire de plusieurs centaines de milliers de kilomètres carrés à quelques milliers de « séparatistes ». La superficie du Sahara équivaut environ à celle de pays comme le Burkina-Faso, l’Equateur, le Gabon, ou 9 fois la Belgique, 8 fois les Pays-Bas, etc.
Le fantasme faussement entretenu dans les camps de Tindouf « d’une future indépendance » sur le territoire saharien du sud marocain de plus 266 000 km2, soit l’équivalent de la moitié du territoire français, pour moins d’une centaine de milliers d’habitants (l’équivalent en population d’un petit quartier de Paris, ou de Berlin, ou de Madrid…), agirait comme un « mirage fort attractif » pour respectivement « les généraux algériens à la barre du pays » et « les idéologues du Polisario » nourris « d’ambitions d’une époque révolue».
Les premiers semblent ils rêvant d’un accès sur l’Atlantique, les seconds dans « l’illusion » d’un nouvel Etat séparé du Royaume. C’est cette même « rente idéologique » qui a été mise en œuvre par les « Généraux » pour contrer le Hirak du peuple algérien qui revendiquait un changement de système, en « battant le pavé », chaque vendredi, avant la crise sanitaire de la Covid-19, et depuis cette semaine, avec la même force et vigueur.
Pendant ce temps là, les terres Sahariennes du Royaume se développent et sont encore plus marocaines que jamais :
Depuis la marche verte et la récupération légitime du Maroc de son intégrité territoriale sur ses provinces du sud, des cités modernes ont été érigées émaillant ce territoire avec leurs hôpitaux, leurs écoles et collèges, et où s’érigent des ports d’envergure internationale, des aéroports, des connexions avec le reste de l’Afrique et du Monde, des Universités, des CHU,… et où les populations locales d’origine sahraouie profitent pleinement de leur citoyenneté marocaine pour travailler, vivre dignement et circuler là où bon leur semble à travers le Monde.
Une rente idéologique devenue infructueuse économiquement et socialement…construire Le Maghreb comme la véritable issue à la crise du Hirak et du Polisario, la plus accessible, la plus réaliste et la moins coûteuse
Le peuple algérien ne veut plus être dupé davantage. L’usage « abusif et en trompeur » de la « rente idéologique » sur laquelle est assis le « système politique en Algérie habilement contrôlé par les généraux algérien» s’avère de plus en plus infructueux d’autant plus que la « rente pétrolière » qui l’accompagnait ne cesse de fondre comme « neige au soleil ».
Selon les chiffres de la Banque Centrale d’Algérie, entre 2014 et 2019, ces réserves ont fondu de près de 65%, Cette baisse devrait atteindre près de 75% en 2021.
Concernant la dépendance au secteur des hydrocarbures, sa place dans l’économie fléchit très peu. En 2011, le secteur représentait 98 % du volume total des exportations. En 2019, 92,8 %. La diversification de l’économie n’est pas pour demain rendant l’économie algérienne extrêmement vulnérable aux chocs extérieurs.
Il y a lieu d’ajouter que la communauté internationale au fur et à mesure d’une meilleure connaissance du dossier du Sahara est de plus en plus convaincue de l’inanité de la thèse « séparatiste » prônée par les « généraux algériens » et leurs « alliés du Polisario ».
Une solution politique négociée pacifiquement dans un cadre de coopération d’abord maghrébin, incluant l’Algérie, serait tellement plus constructive pour toutes les parties. Les Nations-Unies ne cessent de le répéter dans toutes leurs résolutions. La majorité des états et de gouvernement en Afrique et à travers le Monde le souhaitent.
Cette approche serait également une sortie de crise par le haut pour l’Algérie voisine. L’occasion de donner corps au projet d’un espace maghrébin rénové porteur de nouvelles opportunités politiques, sociales et économiques, notamment, pour les jeunes. L’onde de choc bénéfique d’un nouveau Maghreb pourrait s’étendre jusqu’à l’Afrique subsaharienne.
Ces mêmes jeunes dont ce type de « politique post indépendance » a réduit l’espoir d’une vie meilleure à aller se jeter « corps et âmes » perdus, dans la Méditerranée, pour rejoindre l’Europe, à défaut d’être pris au piège de la mort. Leurs destins avalés dans les vagues de la méditerranée. Selon l’OIM, on a atteint 20. 000 morts en 2020 de migrants disparus au cours de leur traversée clandestine de la méditerranée. D’autres malheureusement deviennent les proies des groupes terroristes qui émergent et prospèrent aux frontières sud de nos pays.
La Rédaction.