Zoom n°55 : Morale et politique, le désenchantement
La sensibilité du discours politique à l'égard des valeurs religieuses est connue au Maroc. C'est un fait que la visibilité des valeurs religieuses s'est accrue depuis quelques temps, surtout que le discours religieux était extrêmement intense. Il est un temps.
«La religiosité ne produit pas la morale aujourd'hui». En politique un principe moral, tel que la transparence dans les offres, le non-favoritisme dans les examens et les nominations, sont dissociés du fait religieux.
Aujourd’hui, la crise des valeurs est très profonde. Interrogés sur la qualité de l'élu,51,8 % des enquêtés lors de l’Enquête nationale sur les valeurs s’accordent à dire que le sérieux ou droiture est la qualité la plus importante de l’élu.
Dans un document intitulé « Valeurs et changement social au Maroc », la sociologue Rahma Bourqia, estime que « La culture de la confiance fonctionne comme principe de la cohésion sociale qui régule les rapports entre les individus. Dans la société traditionnelle, le système de valeurs se réduisait à quelques valeurs fondamentales.... Ceci ne voudrait nullement dire que la transgression de ces valeurs était étrangère à la société traditionnelle, mais le système axiologique bannit toute transgression au nom de ces valeurs fortes. »
Les propos de Mme Bourqia reflètent à la fois les préoccupations légitimes et générales de plusieurs Marocains, mais aussi une vérité sociologique objective.
«L'indice de perception de la corruption» de 2020 montre que la question des valeurs, de l’éthique et des principes est importante dans la société. Mieux, elle est aujourd’hui un curseur de cohésion sociale. Cette question extrêmement importante est très profonde, complète et complexe. Il a des dimensions juridiques, sociologiques et politiques.
Le « Fiqh (Jurisprudence islamique) est très insuffisant pour comprendre les fonctions de l'État et dans la vie économique moderne. Dans la vie d'aujourd'hui, si nous considérons les problèmes de corruption et d'éthique à travers les règles de la «fatwa» plutôt que du droit moderne, diverses formes de corruption, surtout si elles sont commises par quelqu'un de la technostructure, resteront non sanctionnées.
Émile Durkheim dans son analyse les règles morales comme des ressources qui nous disent comment agir, il explique
que. « La spécificité de la règle morale réside dans le fait que nous devons lui obéir une fois que nous l’avons déterminée. L’observation montre que nous disposons d' une infinité de règles spéciales, précises et définies qui fixent la conduite des hommes pour les différentes situations qui se présentent le plus fréquemment ». Ces règles ne dérivent pas d’un principe moral unique qui leur donnerait sa substance et sa réalité, ajoute-t-il.
Cependant, des pratiques telles que le favoritisme ou les récompenses injustes peuvent être faits qui impactent au Trésor, comme le favoritisme, le népotisme, certains permis de construire et appels d'offres, et cela s'appelle la corruption.
Dans l'expérience du monde, dans les démocraties développées, des réglementations telles que «la loi sur l'éthique politique… les lois anti-pauvreté… les principes de transparence… Les règles de transparence et de concurrence dans les appels d'offres…» ont été élaborées afin de bloquer ces modes de corruption et d'abus d’influence.
La question importante en termes de sensibilité religieuse est la suivante: ces principes relèvent-ils de notre champ de religiosité?
En regardant les discours sur la religiosité dans la plupart des pays arabes, y compris le Maroc, nous pouvons voir à quel point ces principes moraux politiques sont importants, mais malheureusement, relégués au second plan à cause de l'ambiguïté des discours et des idéologies des partis souvent creuses.
Les états major politiques devraient prêter attention à cette question et la maintenir à l’ordre du jour lors des prochaines échéances électorales.
«La prévention fondamentale de la corruption et de la concussion peuvent être réalisées avec le principe de transparence sur le financement des partis politiques, car le conflit d’intérêt et apparent ou non apparent rôde toujours, surtout en période pré électorale.
La société moderne est si complexe qu'il ne suffit pas de légiférer pour écarter le danger. Le système général doit respecter les principes de séparation des pouvoirs, d'indépendance judiciaire, de liberté d'opinion et d'expression, de contrôle et d'équilibre, de transparence et de responsabilité, et ces principes doivent être fermement institutionnalisés et monitorer à la veille de chaque joute électorale.
Mouhamet Ndiongue