Zoom n°51: Ci-gît le droit d'expression !
Suite aux violents incidents survenus aux États-Unis le 6 janvier, des plateformes telles que Twitter, Facebook, Instagram, Snapchat et YouTube ont fermé les unes après les autres le compte de Trump, invoquant le risque de provoquer davantage de violence.
Les médias ont jugé ce qui s'est passé a été marqué comme un tournant dans l'histoire des médias sociaux.
Dans la plupart des articles publiés la semaine dernière, des analyses détaillées sont effectuées concernant la fermeture du compte de Trump par les plateformes de médias sociaux.
Certains commentaires indiquent que ces interdictions peuvent soulever de graves problèmes, tels que des précédents pour des sociétés moins libres dans le cadre de la liberté d'expression.
Pourtant, dès qu’on évoque le mot censure, des images fortes affluent à la mémoire, celle de Socrate contraint de boire la ciguë, de Michel Servet et de Giordano Bruno, condamnés au bûcher ou de Galilée renonçant à faire tourner la Terre autour du Soleil.
Aujourd’hui face à la censure tout azimut des big tech, certains commentaires sévères affirment même qu'il est temps pour les entreprises de médias sociaux d'assumer la responsabilité de la désinformation et de la haine qu'elles propagent.
En particulier, le commentaire suivant dans le Daily Telegraph était très frappant:
«Vous n'avez pas à aimer Trump pour trouver cette situation horrible. Il peut être un menteur et un démagogue, mais ne vous y trompez pas. Si les monopoles technologiques peuvent fermer un compte pour le leader du monde libre, alors ils peuvent couper le son de n'importe qui. En un sens, on dit que cette situation peut donner l'exemple.
Comme on peut le comprendre, les choses sont très confuses… Parce qu'il y a des situations auxquelles nous ne sommes pas habitués. Avec l'épidémie, de nombreuses situations déjà mitigées semblent un peu plus compliquées décrypter ...
En un sens, avec les manifestations du 6 janvier, une
autre facette des médias sociaux a été dévoilée.
Bien que les actions de Trump n’aient pas été approuvées par beaucoup, de nombreux commentaires ont été faits, en particulier sur le concept de liberté d'expression, avec le silence de Trump sur les médias sociaux.
Pourtant, avant les élections, Trump a affirmé à plusieurs reprises que s'il perdait, cela pourrait être dû à une fraude. Le soir des élections, le monde entier a vu les partisants de Trump scandaient « steal » (vol) à l’endroit du camp démocrate.
Dans une tribune qui vient de paraître, le célèbre politologue américain Francis Fukuyama met en garde l'opinion publique contre l'influence politique démesurée qu'ont acquise, en peu de temps, les GAFAM. Publiée par la revue Foreign Affairs, et co-signée avec les chercheurs en science politique Barak Richman et Ashish Goel, ce cri d’alarme s'intitule Comment sauver la démocratie de la technologie ?
La phrase énoncée dans cet article, « Aucune des nombreuses transformations de l'économie américaine n'est plus remarquable que la croissance de plates-formes Internet » est très importante.
Nous savons que des entreprises telles qu'Amazon, Apple, Facebook, Google et Twitter, qui étaient déjà fortes avant l'épidémie, se sont renforcées pendant cette période du fait qu'une grande partie de la vie quotidienne passait en ligne.
À ce stade, les phrases de Fukuyama et d'autres, en particulier les suivantes, indiquent en détail le point où le sujet est venu ...
Quelle que soit la commodité de leur technologie, l'émergence de telles entreprises dominantes devrait sonner l'alarme. Ces géants peuvent désormais dominer la diffusion de l'information et la coordination de la mobilisation politique. Alors que l'Union européenne a essayé de faire appliquer les lois antitrust contre ces plates-formes, les Etats-Unis ont été beaucoup plus modérés dans leur réponse. Mais de l’un ou l’autre réponse, les Big tech ont pris le pouvoir et il est tant d’agir.
Mouhamet Ndiongue