[Entretien] Mohamed Benhamou: « le fardeau du Polisario devient insupportable... »
Quelques heures après l'intervention et le succès des Forces Armées Royales (FAR) à ouvrir la voie le 13 novembre, à Guergarate, la libre circulation des personnes et des biens entre le Maroc et la Mauritanie a repris normalement.
Durant ces dernières heures, le Polisario a encore essuyé un revers qui risque de lui coûter cher. Selon le président du Centre marocain des études stratégiques (CMES), Mohamed Benhamou, « le fardeau du Polisario devient insupportable pour l'Algérie, elle cherche à la fois à déverser ce fardeau dans cette zone tampon pour s'en débarrasser. Mais en même temps, de jeter le feu à l'intérieur du territoire marocain.» et d’alerter que « les jours à venir vont malheureusement confirmer que l'Algérie, avec son bras Polisario, est animée de mauvaises intentions et n'a comme objectif que de déstabiliser la région.»
Panorapost. Quelle appréciation faites-vous de la situation à Guergarate?
Mohammed Benhamou. Pour revenir à la situation à Guergarate, depuis le 21 octobre 2020, le Polisario, appuyé par l'Algérie, a accentué ses agissements et ses violations de la zone tampon, et notamment à Guergarate. On voit donc que toutes les violations et toutes les actions malveillantes qui ont été menées jusqu'au blocage du passage et de la route reliant le Maroc à la Mauritanie, ce qui a causé de graves atteintes à la circulation des civils et à la circulation commerciale dans la zone.
Ces agissements s'inscrivent dans une stratégie subversive. Les actes commis par le Polisario sont illégaux et défient à la fois le Conseil de sécurité et ses décisions, notamment la décision 25 48 qui ne donne aucun crédit aux appels répétés du Secrétaire général des Nations Unies qui a appelé au respect de la liberté de circulation dans Guergarate et qui, bien sûr, de surcroît, se place dans un mépris total à la Minurso.
Dans cette stratégie du Polisario, on peut lire les intentions sur le déplacement de certains civils, mais encadré par les miliciens du Polisario qui étaient lourdement armés et qui ont aussi placé plusieurs cachettes d'armes (Des cachettes d’armes ont été trouvées par les FAR après la fuite des miliciens du Polisario, ndlr). Bien sûr, on peut dénombrer quelques 22 cachettes d'armes dispersées dans cette zone, ce qui avait pour objectif de pousser vers l'affrontement et la déstabilisation de la région. L'objectif premier du Polisario et de changer la nature juridique et historique de la zone tampon, c’est à dire de placer le Maroc et la communauté internationale face à une situation de fait et qui est celui d'occupation de cette zone tampon, sachant que la zone tampon à l'est et au sud du dispositif de défense marocain, est sous la responsabilité des Nations unies. C'est une zone qui ne doit pas être utilisée à des fins militaires ou de présence d'éléments armés ou tous autres édifices civils ou militaires. Donc, ce sont des faits et des faits graves et c'est une violation grave du cessez le feu.
La situation allait vers un scénario chaotique. Le Maroc a laissé la chance à toutes les médiations, notamment des Nations unies, et a donné le temps à ces médiations de ramener le Polisario à la raison pour qu'il cesse ses agissements et qu'il quitte la zone tampon. Mais on a vu ces comportements de coupeurs de route et cette dégradation de la chaussée reliant le poste frontalier marocain de Guergarate au poste frontalier mauritanien PK 55. Donc, ce sont des agissements auxquels le Maroc a fait face avec raison, responsabilité et beaucoup de patience.
Mais face à une situation qui s'installe, à une absence de réponse positive de la part du Polisario, à l'échec de ces médiations, le Maroc a pris ses responsabilités. Et il a agi dans la légalité internationale en exerçant ses attributions et en conformité avec ce que la communauté internationale souhaite, à savoir le maintien du statut de zone tampon. C'est pourquoi le Maroc, bien sûr, a suivi de très près. Il a pris à témoin la communauté internationale et toutes les violations sont documentées. La Minurso est aussi grand témoin de ces agissements. Le Maroc ne pouvait pas ne pas mettre fin à cette situation qui tente de pousser la région vers le chaos.
Sur hautes instructions de Sa Majesté le Roi, chef suprême des Forces armées royales, les FAR ont mené une opération qui a pour objectif de mettre en place une ceinture pour sécuriser le passage, pour libérer la route. Cette opération n'est pas une opération avec un objectif purement militaire, mais c'est une opération qui devait donc bien sûr chercher à ne pas être en contact avec les civils qui ne pouvaient utiliser les armes qu'en cas de situation de légitime défense.
L'opération a réussi et en quelques heures, les éléments du Polisario qui menaçaient la région ont fui. Ils ont cherché à harceler les forces marocaines par des tirs face à la riposte. Ils se sont évaporés dans la nature, 24 heures après le début de l'opération des Forces armées royales, le passage et la route sur le Guergarate est rouvert à la réalité qu’avait auparavant, elle est sécurisée et totalement sécurisée et pacifiée maintenant. La question c’est est ce que le Polisario et l'Algérie vont s'arrêter à ce point ? Ou, est ce qu'ils vont continuer encore à chercher à maintenir la tension dans cette zone ou dans l'ensemble de la zone tampon ? Je pense que leurs intentions sont très claires. L’Algérie joue sa dernière carte qui est celle de déverser le Polisario dans la zone tampon que le Polisario déclare avec un langage, inacceptable, qui n'est pas du tout conforme à la réalité juridique de cette zone qu’il déclare comme territoire libéré.
Le fardeau du Polisario devient insupportable pour l'Algérie. Elle cherche à la fois à déverser ce fardeau dans cette zone tampon pour s'en débarrasser. Mais en même temps, de jeter le feu à l'intérieur du territoire marocain. Les jours à venir vont malheureusement confirmer que l'Algérie, avec son bras Polisario, est animée de mauvaises intentions et n'a comme objectif que de déstabiliser la région.
Sur quoi peut déboucher la tension ?
Le Maroc n'a pas cherché à placer la zone dans une situation de tension ni de crise. Il a toujours eu un comportement respectueux vis-à-vis de la légalité internationale. Ce comportement s'inscrit dans la dynamique des Nations unies avec une volonté d'aller vers un processus politique et d'arriver à la solution politique, concertée, discutable et juste à être accepter par les parties.
Dans ce sens, le Maroc a fait une proposition d'autonomie pour les provinces du Sud. Et cette proposition d'autonomie a été très largement saluée par la communauté internationale qui la
trouve crédible. Le Maroc agit en tant qu’Etat responsable agit et respectueux des règles et tout ce qui peut préserver la paix et de la sécurité régionale, mais aussi à la paix et la sécurité collective.
Ainsi, le Maroc laisse à la communauté internationale et les Nations Unies le soin de gérer ce dossier. Le Maroc ne peut pas accepter, ni admettre qu'un groupe de séparatistes, poussé par l'Algérie continue d'une manière permanente à semer la pagaille dans cette zone, ce n'est pas un jeu d'enfants. Et la patience aussi a des limites. Tant que ce jeu reste un jeu que le Polisario et l'Algérie mènent dans l'espace virtuel et médiatique, on va dire que c'est bon, car ils cherchent à exister comme un phénomène de sonore ou un phénomène de parasitage médiatique. Mais quand ces agissements traversent la frontière et menacent directement l'intégrité territoriale du Maroc, et menace directement la stabilité de la paix et la sécurité de la région, la réponse du Maroc, bien sûr, se fera comme c'est toujours le cas avec force et détermination, comme l'a dit Sa Majesté Roi dans son discours du 6 novembre, fêtant l’anniversaire de la Marche Verte.
Nous sommes dans une phase ouverte avec toutes des perspectives où le Maroc favorise la raison d'abord et ne cherche pas la guerre dans un contexte où la communauté internationale appelle à la retenue à côté d’un Polisario qui a perdu la raison, une folie qui ne peut pas se faire au détriment de l'intégrité territoriale du Maroc
Le Maroc continuera toujours à favoriser la patience et la raison.
Oui, le Maroc n'appelle pas à la guerre, mais n’acceptera pas non plus qu’une telle action lui soit imposée sans qu’il riposte. Il est temps que pour le pouvoir algérien d’avoir une sagesse et pense à l'avenir des peuples dans cette région et qu’il dit stop cette dérive.
Quelle attitude doit tenir le Maroc face à cette situation ?
L’attitude du Maroc jusqu’ à présent, c'est la conformité avec la légalité internationale, c’est d'agir avec beaucoup de retenue. De se concerter avec la communauté internationale et l'ensemble des acteurs à l'échelle internationale, mais aussi d’observer de près, tout en documentant et de tout le temps toutes les preuves sur ce qui se fait. On ne peut pas être seulement dans une phase où on peut accepter qu'il y ait des violations. On l'a remarqué, le Polisario, guidé par l'Algérie profite du statut d’Etat du Maroc pour multiplier les violations et ses agissements.
Aujourd’hui, ce même Polisario cherche à pousser le Maroc à réagir. Son objectif avec l'Algérie est de pousser le Maroc à interrompre le cessez-le-feu mis en place depuis 1991. Ils ont tout juste l’intention de ramener le processus onusien à la situation de départ. Ils sont donc prisonniers d'une vision qui les a animées depuis le début, c’est-à-dire les années 70, qui est très largement dépassé aujourd'hui.
Le Polisario et l’Algérie n'acceptent pas la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU autour de laquelle la stratégie et l'action du Polisario et l'Algérie s’articule à savoir le référendum. Donc le Conseil de sécurité a enterré cette proposition puisque qu’on est arrivé à la recherche de la proposition, à la recherche de la solution aux politiques, concertées et acceptées par les parties à savoir le Conseil de sécurité des Nations unies, les Nations unies, la littérature des Nations unies, et les décisions aussi du Conseil de sécurité. On ne parle plus de refaire un temps. On doit aller de l'avant et on doit, aller aussi vers une sortie de ce faux problème.
Les Nation unies et le Conseil de sécurité ont été clairs, l'Algérie est une partie directe de ce problème. Donc l'Algérie qui a cherché à se cacher derrière son petit doigt, qui a toujours cherché à mettre le feu sans être responsable fait qu’aujourd’hui, le Conseil de sécurité des Nations-Unies l’indique comme partie prenante à cette question et le met face à ses responsabilités.
Donc face à toutes les situations, le Maroc sera prêt pour apporter la réponse adéquate et appropriée. Pour la paix, et le Maroc a toujours été un militant de paix. Et si la guerre vous est imposée, je pense que le Maroc va défendre son intégrité territoriale. Défendre donc ce pays. On l’a vu ces derniers jours et ces dernières heures, le peuple marocain, l’ensemble des forces vives, toutes les franges de la société marocaine aujourd'hui, comme toujours, sont derrière Sa Majesté pour défendre l'intégrité territoriale du royaume.
L'absence d'un chef de la Minurso a-t-elle quelque part facilité la monté de cette tension ?
Je ne pense pas que ça soit juste l'absence d'un chef de la Minurso qui a favorisé cette attention. Le Polisario aujourd'hui comme hier a un langage complètement farfelue. Le Polisario ne respecte pas la décision du Conseil de sécurité, depuis 2017, surtout plusieurs décisions : 2414, 2440, 2468, 2494 et enfin là 2548 qui ont tous appelé au maintien de la stabilité de cette zone, mais aussi, au retour au processus politique qui ont confirmé la nécessité du retrait immédiat de la zone tampon.
Mais le Polisario comme on l’a vu hier dans un communiqué, incriminant le Conseil de sécurité et s’attaquant au Secrétaire général des Nations unies, alors que ce dernier a lancé des appels pour que de Polisario cesse d’agir de la sorte en violant les résolutions onusiennes.
En outre, le Polisario a une position agressive et de mépris pour l’ONU, ils ont même été jusqu’à menacer la vie, des Casques bleus avec des jets de pierres dont a été victime l’hélicoptère de la Minurso. On peut dire que le Polisario, aujourd’hui est dans une tentative suicidaire et se lance dans une guerre tous azimuts contre tout le monde. Son objectif, c'est de démontrer qu'il est victime, mais en réalité, il n'a plus aucune carte à jouer, si ce n'est celle d'une fuite en avant, une fuite vers l’enfer.
Ce geste suicidaire, l'Algérie n'en mesure pas les conséquences, car le Polisario assumera la pleine responsabilité de tous ces agissements et violations et assumera donc les conséquences de ce qui en découlera.
Je pense qu’aujourd'hui, il faut que la communauté internationale prenne une position encore plus claire et surtout ferme face à ces comportements que le Polisario a, et que l'Algérie elle soit rappelée à l'ordre d'une manière très nette. On ne peut pas, aujourd'hui, badiner avec la sécurité régionale et on ne peut pas aujourd'hui tirer sur la corde de la raison sur celle de la patience du Maroc. Autant le Maroc agit avec beaucoup de retenue, autant il frappera avec beaucoup de force.
Propos recueillis par Mouhamet Ndiongue