Zoom n°50 : laïcité dévoyée !
«L'Islam doit être structuré pour que la république soit un partenaire». Utilisant ses expressions, le président français Emmanuel Macron a désigné l'islam comme une cible en affirmant que «les musulmans en France ont une idéologie qui défend les idées séparatistes, et que ces gens considèrent leurs propres lois supérieures à celles de la France. »
« Une ennemie a déclaré la guerre à la France, cette ennemie s’appelle l’islamisme politique radical…», a déclaré Jean Castex, premier ministre de la France. Au pays de Marianne, «l'islamophobie», se répand dans tout le pays. Alors que les actions des associations et organisations islamiques sont restreintes, des caricatures qui insultent Mohamed et harcèlent les musulmans sont exhibées partout dans les pays. A cela la municipalité de Paris va organiser une « Semaine de la laïcité » dans le cadre de cette campagne.
Suite à la mort du professeur Samuel Paty, Emmanuel Macron a déclaré une guerre totale contre «l'islam radical» et de la «terreur». Cette déclaration pousse les radicaux à traiter les musulmans en France comme de potentiels criminels. Le 2 octobre, Macron a annoncé que son gouvernement rédigeait un projet de loi pour lutter contre les idées «islamistes séparatistes» et le soumettrait au Conseil des ministres le 9 décembre. Mieux, il ajoute qu’il intensifierait la «lutte contre la radicalisation et le terrorisme islamiques».
On sait qu'après la révolution de 1789, la France fut l'un des premiers pays symboles où la laïcité a été évoquée. En fait, il est possible de retracer les racines de l'idée d'une sortie protestante contre le régime à la période de la Renaissance. La lecture des explosions révolutionnaires opposées de la période contre l'ancien régime et des différences entre l'Église catholique et les partisans de l'ordre ancien a donné des indices sur la laïcité française d'aujourd'hui. Dès ses débuts, la laïcité en France est différente de la laïcité pratiquée aujourd'hui. En fait, la laïcité française est un principe qui sépare un pouvoir politique des institutions religieuses. Avec une définition globale, «la séparation de l'État de la religion». Cependant, cela signifie que l'État reste neutre, garantit la liberté de religion des citoyens et n'adopte aucune attitude oppressive sur la liberté des citoyens. En fait, on peut dire que l'acceptation de ce principe dans un pays qui a publié
la Déclaration française des droits de l'homme et du citoyen afin de protéger les droits de l'homme après la Révolution française de 1789 semble tout à fait intégrée à la philosophie administrative du pays. Cependant, ce qui s'est passé et comment cela s'est passé est inconnu. Le concept de laïcité a été compris très différemment au fil des ans. Ce malentendu ne s'est pas limité à la France, pays d'origine du principe, et s'est même répandu dans de nombreux pays. Maintenant, quand il s'agit de laïcité, on comprend les attitudes envers l'islam et l'exclusion des autres religions de toutes sortes de sphères publiques.
Alors que la laïcité était ainsi embellie comme un idéal, comment cela n'a-t-il pas été possible dans la pratique? Car la perception du musulman dans l'imaginaire de l'Occidental ne pouvait pas aller au-delà des images évoquées ci-haut. Bien sûr, c'est le 20e siècle de la France. La part de nombreux problèmes d'intégration, notamment en raison de l'immigration intense des musulmans d'Afrique du Nord, qui étaient de grandes colonies à l'époque, est également importante. Quoi qu'il en soit, les réfugiés et les musulmans, qui ne pourraient jamais être inclus dans une identité française ou même européenne, sont devenus «l'autre» quand c'était le cas, ils ont été vus et montrés comme des menaces pour une structure qu'ils ne pourraient jamais intégrer. Au fil du temps, cette situation a évolué vers une menace de «radicalisme» plutôt que d'immigrants. Pour une solution qui réduira la tension croissante, un «modèle intermédiaire de l'islam séculier» qui fournira l'intégration a commencé à être utilisée comme tampon. De toute évidence, l'image du musulman barbu était voulue pour être changée. Ce que l'on entend et que l'on souhaite, c'est une compréhension religieuse conforme aux normes européennes modernes, façonnée en fonction des vêtements et des habitudes alimentaires de l'Europe.
Peu importe comment il attache son foulard en France aujourd'hui, quelle que soit sa barbe, le musulman dans l'imaginaire occidental est toujours resté le même: «étranger et autre». À tel point que cette pensée, façonnée depuis le milieu du XXe siècle, a été exprimée par Macron dans ses dernières déclarations.
Nicolas Sarkozy avait parlé du refus d’intégration des migrants, Macron qu’à lui, propose le débat sur « l’islam politique » en France.
Mouhamet Ndiongue