Zoom n°46: maintenant la Covid-19 pousse à la confrontation !

Zoom n°46: maintenant la Covid-19 pousse à la confrontation !

Qu'ont apporté les différentes mesures prises contre le coronavirus? Distance, masques et quarantaine restent, en partie les seules mesures prises pour faire face à la pandémie. Le concept urgence sanitaire reste le maître mot des gouvernements pour endiguer la propagation du virus. Mais, il y a un grand désaccord entre les autorités politiques et les citoyens sur les mesures entreprises pour endiguer le virus. La raison, malgré les sacrifices consentis, les populations ne voient pas le bout du tunnel, pire, rien ne présage en ce moment la fin du calvaire.

Face à cette colère grandissante qui commence à se propager dans le monde, des milliers de personnes se sont rassemblées samedi à Trafalgar Square, dans le centre de Londres, pour manifester contre la politique du gouvernement britannique sous la devise «Nous ne sommes pas d'accord». Lors de manifestations contre la politique du coronavirus, neuf policiers ont été blessés par des centaines de militants anti-vaccinations et opposants aux mesures restrictives.

Comme une trainée de poudre le vent de contestation a d’abord touché des villes allemandes avant de s’étendre dans les grandes métropoles comme Madrid, Paris, Rome, New-York Washington, Québec, Bruxelles, Genève… Comme le Hirak algérien, les Israéliens se réunissent eux chaque semaine contre le premier ministre Benjamin Netanyahou accusé de corruption. Désormais, à Tel-Aviv, il faudra composer avec une rébellion contre le confinement.

Dans ce scénario de radicalisation, de désintégration sociale, de concurrence et de confrontations accrues, les États sont massivement affaiblis parce qu’incapables de protéger efficacement leurs citoyens et de maintenir les mesures avec célérité. Si la situation perdure, les États faibles seraient encore affaiblis et pourraient devenir des États en faillite, en particulier dans les régions fragiles de l'Afrique. Dans des États plus capables mais potentiellement instables, les mouvements politiques pourraient se radicaliser; Les gouvernements et les régimes pourraient chuter, par exemple les


pays d’Asie centrales, d’Amérique latine ou dans la région MENA.

Dans une dynamique de résilience, les États devraient utiliser toutes leurs ressources (déjà réduites) pour surmonter les inégalités sociales, étouffer la tension sociale et, surtout, maintenir l'économie puis la relancer. Sans compter que dans cette période, les dépenses de santé et sociales augmenteraient massivement. Tout ce travail titanesque doit se faire dans une période de rupture de confiance à tous les étages : entre les Etats, Etats contre les entreprises, les entreprises contre les syndicats et les employés et ces derniers contre les banques, les bailleurs… Dans cette lutte de tous contre tous, l'interdépendance et l'ouverture ne sont pas des forces, mais des faiblesses: on n'est en sécurité que si l'on s'efforce d'obtenir la plus grande autonomie et autosuffisance possible.

Toutefois, dans la lutte contre la pandémie, les responsables politiques suscitent une opposition de plus en plus forte. Car pour vaincre ce virus contagieux, il est préférable de prendre des mesures sévères à un moment où le nombre de personnes infectées est encore faible. Si cela réussit et que la stratégie fonctionne, la catastrophe sanitaire tant redoutée ne sera jamais présente. Mais quelques tâtonnements notés par-ci et par là sonnent comme un divorce brutal où désormais l’autorité accuse le citoyen au non respect des mesures sanitaires alors que ce dernier pointe du doigt son incompétence à gérer « ce petit virus ».

La conséquence de cette situation sera sans nul doute le bouleversement de l’agenda international, les domaines de la défense, de la politique étrangère et de l'aide au développement verraient leurs budgets réduits au profit des questions sanitaires et sociales. Les approches de la gouvernance mondiale, c'est-à-dire les politiques conjointes et coordonnées pour faire face à des problèmes mondiaux tels que le réchauffement climatique, risquent d’être retardées  ou disparaîtraient complètement avec des conséquences désastreuses.

Mouhamet Ndiongue