(Billet 404) – Présentiel vs distanciel, le ministère de l'Education tangue...

(Billet 404) – Présentiel vs distanciel, le ministère de l'Education tangue...

80% des parents ont demandé l’enseignement présentiel au Maroc, selon le ministre Saaïd Amzazi, que l’on croit volontiers. Une quinzaine de kilomètres au nord du pays, on trouve l’Espagne où les parents, eux, préfèrent majoritairement l’enseignement à distance. Comment expliquer une telle différence et où se trouve l’introuvable vérité ?

On parle des enfants, et on dit à l’envi qu’ils sont faiblement transmetteurs. Mais lorsqu’on s’interroge sur ce qu’est un enfant, on apprend qu’il termine sa croissance vers 18/20 ans, et la formation de son cerveau de 20 à 25 ans. Un adulte, quoi… transmet-il ou non ? Voilà une question fatigante comme un remords et à laquelle il est bien difficile de répondre.

Le virus nous aura appris que la seule chose qu’on sait vraiment sur lui est qu’on n’en sait pas grand-chose. En plus de l’hésitation politique et de la perturbation économique, on se trouve face à une irrationalité scientifique, avec des savants, des sachants et des médecins qui disent tout, puis son contraire : le port du masque était ainsi « inutile » voire « dangereux » en mars/avril, pour devenir obligatoire aujourd’hui… Les cas asymptomatiques sont-ils ou non contagieux ? Réponses évasives et évolutives dans le temps. Le test PCR est-il fiable ? Oui, mais non.

Revenons à début septembre… Le ministre de l’Education nationale, l’œil humide et la main sur le cœur, avait décidé la règle de l’enseignement à distance. C’est que donc il avait de sérieuses raisons de penser, et les (ou plutôt des) scientifiques avec lui, que la présence des enfants dans leurs établissements présenterait une menace sanitaire, sous quelque forme qu’elle soit. Or aujourd’hui, et en dehors de Casablanca, l’enseignement se fait majoritairement en présentiel. Alors soit la menace n’est pas réelle, et le ministère l’a amplifiée pour des raisons qui lui appartiennent, soit le danger est bien là, et le même ministère se montre alors coupablement laxiste…

Dans nos arides contrées, on manque de statistiques sur les âges des personnes contaminées, mais on parle de 400 « enfants ». Aucun problème donc, ou plutôt risque mesuré...

et maîtrisé… Alors pour quelle laborieuse raison à Casablanca les établissements d’enseignement sont-ils fermés, alors que sans raison apparente ceux de Dar Bouazza et de Bouskoura restent ouverts, malgré la détection, dit-on, de cas ? Des cas isolés mais des cas quand même…

Voici ce que dit la revue Science sur le risque enfant face au Covid-19 : « La fermeture quasi mondiale d'écoles en réponse à la pandémie reflétait la crainte raisonnable des précédentes flambées de virus respiratoires dans lesquelles les enfants étaient un élément clé de la chaîne de transmission. Cependant, de nouvelles preuves suggèrent que ce n'est probablement pas le cas. Une minorité d'enfants souffrent d'un syndrome inflammatoire post-infectieux dont la pathologie et les résultats à long terme sont mal connus. Cependant, par rapport à leur risque de contracter la maladie, les enfants et les adolescents ont été touchés de manière disproportionnée par les mesures de verrouillage, et les défenseurs de la santé infantile doivent veiller à ce que les droits des enfants à la santé et aux soins sociaux, au soutien en santé mentale et à l'éducation soient protégés tout au long des vagues de pandémie ultérieures ».

Les enfants ne sont donc ni potentiellement exposés au virus ni vecteurs de contamination et de transmission pour moult raisons expliquées ici et là, mais démenties ou au moins infirmées par des études et des spécialistes… Fort bien, mais alors pourquoi tant de mesures draconiennes dans les écoles ? Pourquoi les Français exigent-ils le port du masque à partir de l’âge de 11 ans, et dans certains endroits clos, dès 6 ans ? Pourquoi les Espagnols préfèrent-ils le distanciel ? Pourquoi ferme-t-on brutalement une école, un collège, un lycée, une université, dès l’apparition d’un cas Covid ?...

Les enfants doivent aller à l’école, et les parents ne sont pas des éducateurs et ils doivent travailler ; mais l’état des connaissances sur le Covid ne permet aucune garantie sur quoi que ce soit. Il est des moments où il faut vraiment souhaiter bon courage à M. Amzazi et aux parents !

Aziz Boucetta