Pandémie, déconfinement et "effet coupe du monde"

Pandémie, déconfinement et "effet coupe du monde"

Après trois mois de confinement général au Maroc, et suite à la création de deux zones pour alléger ce confinement, la perspective de sa levée dans la désormais fameuse zone 2 se confirme. La pandémie semble maîtrisée au Maroc, mais les autorités publiques sont toujours aussi prudentes, craignant une recrudescence des contaminations en cas de déconfinement généralisé et non contrôlé. Elles appréhendent tout particulièrement l’effet coupe du monde.

Qu’est-ce que l’effet coupe du monde ? Il s’agit de l’effet engendré par « un évènement conduisant à des rassemblements de masse dans un espace très limité, résultat d’un attachement communautaire ou individuel à un lieu (ou à des lieux), souvent en un temps court », explique une étude sur le déconfinement publiée par Policy Center for the New South. En un mot, les rassemblements massifs et denses de populations favorisent potentiellement une large contamination en cas d’épidémie.

Dans leur étude, les auteurs Karim El Aynaoui et Aomar Ibourk montrent que la survenue de cet effet coupe du monde est consubstantiel à toute levée de confinement, en donnant les exemples allemands, danois, singapourien et autres, où le taux de reproduction de la maladie est reparti à la hausse dès que les mesures déconfinement y ont...

été allégées.

Ainsi, « la survenance d’un ‘effet coupe du monde’ se traduirait par un nouveau pic plus important, atteint dans un temps plus réduit que dans le cas d’un pic sans ‘effet coupe du monde’ », affirment les deux économistes qui se fondent sur une base mathématique faisant intervenir « une variante de la famille des modèles SIR (Susceptible-Infecté-Retiré), qui permet d’approcher la progression de la pandémie au regard de scénarios » différents.

Et dans tous les cas de figure, en l’occurrence un déconfinement avec ou sans autoprotection, l’effet coupe du monde accélère l’atteinte du pic épidémique, par le fait de la promiscuité et de la proximité. Cela étant, les chercheurs expliquent, graphiques à l’appui, que le respect des mesures d’autoprotection, s’il n’empêche pas l’effet coupe du monde, ou l’effet densité, contribue à le ralentir et à mieux le maîtriser.

Aussi, l’étude préconise fortement le maintien de la fermeture des lieux de grands rassemblements (moussems, enceintes sportives, cinémas…) et recommande le strict respect des mesures de protection par la population, essentiellement la distanciation physique, les gestes barrières et le port du masque. Ils conseillent également, dans les zones où le déconfinement a été décidé, de poursuivre la gestion des flux de personnes dans les lieux publics et les espaces professionnels.

AB