Zoom n°35 : Au-delà du «panem et circenses»*

Zoom n°35 : Au-delà du «panem et circenses»*

De nombreuses personnes dans le monde protestent contre le racisme ces jours-ci. Ces protestations pas du même ordre, reviennent comme une réplique sismique après les différentes manifestations qui ont eu lieu dans plusieurs pays, en fin 2019 et juste avant le début de la pandémie du coronavirus.

Tout a commencé suite à la mort de l'afro-américain George Floyd lors d'une violente interpellation par la police de Minneapolis aux États-Unis. Le meurtre de George Floyd déclenche de grandes manifestations dans toute les villes du monde jusqu’au Yémen, contre la violence policière et le racisme contre le noirs. On assiste ainsi à un autre paradigme de revendication.

Depuis quelques temps, la nature  des protestations a muté vers  une revendication centrée sur la dignité. Ainsi donc, le mouvement de protestation semble trouver une thématique commune, au-delà de la corruption et d'une foule de griefs économiques et sociaux, qui ont suscité des protestations à travers le monde durant la période anté-covid. Comme un tocsin on appelle à la dignité.

Reflétant une rupture mondiale cyclique de la confiance dans les systèmes politiques et de leadership qui a inauguré une ère de défi et de dissidence sur le point d'entrer dans sa deuxième décennie, la quête de la dignité et de la justice sociale relient les manifestations dans des pays comme le Liban, l'Iraq, La Jordanie, l'Égypte, l'Algérie et le Soudan, à des manifestations dans des pays sur plusieurs continents allant du Chili, la Bolivie, l'Équateur, le Venezuela et Haïti à la France, le Zimbabwe, l'Indonésie, le Pakistan, Hong Kong et récemment le Mali et les Etats-Unis.

 Avec les manifestions mondiales en soutien à George Flyod, il a été surtout remarqué la capacité des manifestants à converger vers un intérêt commun qui transcende l'idéologie, la classe, la...

secte et l'ethnicité. Cette dynamique est un signal fort quant à l'avenir de la protestation en tant qu'outil efficace dans un monde où de puissantes forces extérieures participent à contrecarrer le changement. The Guardian et MHK Media Popkov (mécia russe basé à Londres ont établi en  2019 qu’une enquête financée par l'homme d'affaires russe exilé Mikhaïl Khodorkovski, a révélé le rôle de la Russie essayant de contrecarrer les manifestations au Soudan.

La protestation est donc de retour sur le devant de la scène plusieurs années après le printemps arabe. L'année dernière, des manifestants ont occupé des rues dans des villes allant de Hong Kong, Santiago du Chili, La Paz, Port-au-Prince, Paris et Moscou à Khartoum, Alger, Amman, Beyrouth et Bagdad. Cette fois-ci, la différence par rapport aux manifestations de 2011, est la demande de changement systémique plutôt qu'un simple remplacement du gouvernement, et la résilience des manifestants à garder le contrôle de la rue jusqu'à ce que la revendication soit satisfaite.

L’état d’urgence sanitaire imposé par le coronavirus a juste été une parenthèse mais la rigueur du confinement a poussé les manifestants sud-africains, sénégalais, chiliens et brésiliens à descendre dans les rues pour la fin de l’état d’urgence sanitaire. Plusieurs pays  ont vu leurs villes s’embraser à cause du confinement « Si le virus ne nous tue pas, la faim nous tue » scandent ent les manifestants à Santiago du Chili. Toutes ces vagues de manifestations montrent non seulement une rupture de confiance de plus entre les gouvernements et les peuples ,mais aussi une autre dynamique de lutte. Désormais, le peuple ne veut du pain et des jeux, il appelle à un nouveau model gouvernance politiquement, économiquement et socialement plus équitable. Une justice sociale.

*Du pain et des jeux

Mouhamet Ndiongue