Agilité et Continuité pour la relance socio-économique, par Réda Lahmini

Agilité et Continuité pour la relance socio-économique, par Réda Lahmini

Le Maroc est déjà dans la phase réflexion de la crise post-Covid-19. Dans cette mouvance, le Rassemblement national des indépendants (RNI) a lancé la plateforme d’idées « maba3d-corona » qui se veut un lieu de débats, de réflexions et d’accumulation d’expériences. Parmi les contributions, Mohammed Réda Lahmini, Expert-comptable et Président de l’organisation des experts comptables et financiers du RNI, propose une analyse prospective pour un meilleur développement socio-économique post Covid-19, basée sur « l’agilité et la continuité ».

 

La pandémie qui sévit actuellement dans le monde et dans notre pays également n’a pas cessé de perturber l’ensemble des acteurs : Etat, institutions, entreprises et citoyens sont désemparés et désorientés tellement l’événement était brusque et inattendu pour s’y préparer. Les conséquences sont tellement lourdes et imprévisibles que les mesures de riposte s’avèrent complexes et difficiles.

Néanmoins, il faut raison garder, y faire face avec sérénité et courage.

C’est dans ce contexte difficile que notre pays sous les hautes instructions de SM le Roi Mohamed VI que Dieu l’assiste, a agi rapidement et a mis en place tout un dispositif sanitaire, social et économique pour mieux gérer cette période de crise. L’Etat marocain a démontré une proactivité exemplaire dans la gestion de cette crise.

Nous serons certainement amenés plus que jamais à gérer les impacts et conséquences de cette pandémie même après le déconfinement, ce qui nous pousse à lancer cette réflexion sur les mesures post-Covid-19.

Aujourd’hui, le Maroc devrait tirer les enseignements de cette crise afin d’entamer plusieurs chantiers prioritaires à travers la refonte de nos stratégies sectorielles et la mise en place d’une stratégie nationale qui fournit quant à elle une feuille de route précise et décrit « comment » la politique se concrétisera.

Dans ce contexte, je propose un certain nombre de mesures pratiques sur le plan économique et social pour la gestion de l’après Covid-19.

Sur le plan économique :

-              Repenser le système macroéconomique du pays, sur la base des postulats suivants :

o             Optimiser les dépenses de fonctionnement ;

o             Prioriser les investissements ;

o             Lancer des réformes sociales ;

o             Assurer un mix entre la politique de relance dans l’immédiat par la dépense publique mais avec un plan de restructuration budgétaire pluriannuelle.

-              Mettre en place un pacte économique solidaire et multidimensionnel dans le but de poursuivre cet état d’esprit de mobilisation générale ainsi que l’élan de solidarité sans précédent. L’enjeu est de continuer à mobiliser massivement des moyens publics et privés pour lutter contre les conséquences du Covid-19. 

-              Reconfigurer la politique industrielle du pays : Faire de l’industrialisation une priorité nationale en privilégiant par tous les moyens à la disposition de l’Etat (fiscalité, dépenses publiques, garantie, produits CCG, …), les activités industrielles créatrices de valeur et d’emplois. Cette politique se justifiera particulièrement dans un contexte mondial post-crise qui va connaître une reconfiguration de la mondialisation et certainement une relocalisation industrielle...

à marche forcée. Pour cela, il faudra investir massivement dans la compétitivité industrielle qui repose essentiellement sur la qualification du capital humain et l’innovation. L’éducation, la formation et la R&D devront retrouver leur place dans nos politiques économiques.

-              Réétudier les accords de libre-échange avec les économies concurrentes pour les adapter aux paradigmes de notre nouveau modèle économique.

-              Limiter les importations des produits que notre pays pourrait développer localement.

-              Développer le branding marocain et sensibiliser le consommateur à consommer marocain. La crise a permis de démontrer l’importance de l’industrialisation des économies pour une autosuffisance en plusieurs produits de grande consommation. Le besoin de consommer local et le branding marocain sera plus réel après cette crise.

-              Organiser les artisans marocains en Clusters en fonction des spécialités dans le but de proposer un produit de qualité qui pourra remplacer le produit importé, de réaliser des économies d’échelle et être plus compétitif.

-              Accompagner les entreprises dans la gestion de la transition post Covid-19 à travers un plan de reprise des activités.

-              Investir dans les infrastructures, la digitalisation et la formation.

-              Renforcer les moyens de transmission des données et accompagner ce changement par une mise à niveau des textes législatifs et réglementaires.

-              Investir massivement dans la recherche et l’innovation : La mise à l’épreuve qu’on subit à travers cette crise devrait inspirer et non handicaper. Notre pays peut en effet générer de nouvelles opportunités et sources de développement de cette crise.

-              Augmenter l’enveloppe budgétaire allouée aux secteurs de l’Education et de la Santé dans le but de financer d’une part, l’augmentation des dépenses dans ces secteurs sociaux clés et d’autre part, financer la protection et la couverture sociales pour les plus démunis à travers de nouveaux instruments financiers.

-              Accélérer le processus d’intégration de l’informel dans l’économie formelle à travers des mécanismes d’incitation à l'entrepreneuriat.

Sur le plan social :

-              Mettre le citoyen marocain au centre de toutes les politiques publiques (santé, éducation, logement, territoires, justice et sécurité sociale…), ceci passera tout d’abord par la réhabilitation du service public et une refonte des mécanismes des partenariats publics privés (PPP).

-              Améliorer la cohésion sociale à travers le renforcement des amortisseurs sociaux qui seront incontournables pour permettre aux citoyens de supporter les « secousses » des crises récurrentes.

-              Accélérer l’opérationnalisation du registre social unique afin de cibler les populations modestes et défavorisées, concernées par les aides sociales.

-              Mettre en œuvre l’ensemble des dispositifs en faveur de l’inclusion sociale (Crowfunding ou financement collaboratif, programme Intelaka, protection sociale…).

-              Prévoir des cartes de santé électronique, incluant soins et médicaments pour les populations modestes et défavorisées.

Aujourd’hui l’heure est arrivée pour une mobilisation générale de toutes les forces vives de la nation pour accélérer la transition vers un meilleur modèle socio-économique et poursuivre l’élan de solidarité prouvé lors de la gestion de cette crise.

Mohammed Réda LAHMINI, Expert-comptable et Président de l’organisation des experts comptables et financiers du RNI