L’impact du Covid-19 sur l’économie marocaine, par F. Boutafrout

L’impact du Covid-19 sur l’économie marocaine, par F. Boutafrout

Fatima ezzahra Boutafrout (photo ci-dessous), Doctorante chercheure à l'université Hassan 2, propose une analyse de l’impact du coronavirus sur l’économie marocaine, secteur par secteur.

 

La propagation du virus Covid-19 n'a pas uniquement des conséquences sanitaires, elle a aussi un impact tragique sur de nombreuses activités économiques, au Maroc et partout dans le monde. A cet effet, il ne faut pas se leurrer , mais il faut prévoir de lourdes pertes économiques au niveau de plusieurs secteurs d’activité. 

Après le déclenchement de l’épidémie de coronavirus, les premiers impacts sur l’économie mondiale commencent à se ressentir. Au Maroc la croissance économique selon le HCP (le Haut Commissariat aux Plans) aurait ralenti à +1,1% et s’établirait à -1,8% respectivement, aux premier et deuxième trimestres 2020, au lieu de +1,9% et +2,1% en absence de l’effet COVID-19. A cet effet, Certains secteurs sont touchés de plein fouet. D’autres le sont dans une moindre mesure, du moins pour l’heure actuelle.

Le tourisme comme d’autres activités comme l’hôtellerie, l’événementiel, la communication, la restauration et les loisirs se trouvent en première ligne de cette crise, car elles ont connu des pertes en chiffres d’affaires sans précédant. Selon Abdellatif Kabbaj, président de la Confédération nationale du tourisme, le secteur de tourisme accuserait une baisse de 34 milliards de dirhams, tandis que celui de l’hôtellerie essuierait des pertes estimées à 15 milliards de dirhams.

L’impact de cette pandémie sur l’industrie marocaine est énorme avec la fermeture de plusieurs usines, les chaines de production sont à l’arrêt, les ouvriers sont au chômage  et les pertes se cumulent .Cet arrêt est dû a l’intention de protection des salariés de cette pandémie et aux problèmes d’approvisionnement et de commercialisations de leurs produits suite à  la fermeture des frontières et du confinement.

.Concernant le commerce extérieur, les exportations en valeur se seraient repliées de 22,8% (selon le HCP) à cause de la baisse de l’activité des partenaires internationaux et le  bouclage des liaisons aériennes et maritimes ainsi que la fermeture  des frontières terrestres avec les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla,

Dans ce même contexte, les professionnels de la distribution estiment une progression de 20 %  de la demande depuis le début de la crise mais de façon hétérogène,  et déclarent que la demande de certaines matières comme le riz et la farine a été multipliée par dix, alors que la demande liée aux produits non prioritaires a connu une baisse sans précédent.

S’ajoute à l’effet de cette pandémie la sécheresse, suite à un déficit pluviométrique de


48% ainsi  un excédent d’ensoleillement de 35,8 heures selon le HCP, ce qui a causé une baisse de la valeur ajouté agricole  de 2 ,1%.Ainsi, plusieurs TPE et coopératives du secteur agricole ont perdu jusqu’à 50 % de leur chiffre d’affaires à cause de l’annulation du Salon International de l’agriculture de Meknès (SIAM), qui représente aussi un levier économique majeur pour la ville de Meknes.

Les mesures prises pour limiter les dégâts économiques du coronavirus

Pour limiter les dégâts de cette crise économique et faciliter la reprise, Le roi Mohammed VI a donné ses instructions pour la mise en place d’un comité de veille économique pour suivre la situation., cette nouvelle entité comprend les départements ministériels concernés ,le Groupement professionnel des banques du Maroc, la CGEM, la Fédération des chambres marocaines de commerce, d’industrie et de services, et la Fédération des chambres d’artisanat.

Sa majesté a donné ses directives pour la création d’un fonds de gestion de la pandémie, qui sera doté de 10 milliards de dirhams afin de financer la mise à niveau du système de santé et  soutenir l’économie nationale. Et il a décidé de recourir à la ligne de précaution et de liquidité (LPL) du fonds monétaire international (FMI). Et ce, pour un montant de 3 milliards de dollars

Pour faire face à cette situation inédite, la Confédération Générale des Entreprises au Maroc (la CGEM) a demandé une série de mesures pour soutenir les entreprises touchées par la crise du coronavirus comme :

- La suspension des charges fiscales au 31 mars 2020, ainsi que des charges salariales pour l'ensemble des secteurs, à l'exception de ceux qui ne pâtissent pas des effets de la crise.

- un moratoire sera accordé aux PME et aux TPE pour les crédits et les leasings de trois mois. Les TPE dont l’activité se poursuit et qui souffrent de difficultés de trésorerie pourront bénéficier d’une ligne de crédit supplémentaire grâce à une garantie qui sera prochainement mise en place par la Caisse centrale de garantie

- Suspension des contrôles fiscaux et les Avis à Tiers Détenteur (ATD) vis à vis de la CNSS, de la DGI et auprès des services de la Douane (la CGEM demande que cette dernière mesure soit maintenue jusqu’à nouvel ordre).

- Mise en place d’une indemnité de perte d’emploi pour les salaires bas, à activer via la CNSS pour l'ensemble des pertes d’emplois pour cause de licenciement économique.

- Mise en place d’un fonds de soutien aux secteurs les plus affectés, pour lesquels ces mesures précitées ne seront pas suffisantes.