(Billet 241) – Il faut rééduquer les Marocains…

(Billet 241) – Il faut rééduquer les Marocains…

Finalement, Aziz Akhannouch n’avait pas entièrement tort en lançant voici un mois son très controversé « il nous faut refaire l’éducation des Marocains qui en manquent ! »… Bien évidemment, cette rééducation ne concerne pas la prise de position politique, si tant est qu’elle respecte autrui, quel qu’il soit, mais l’éducation civique. Entre starlettes qui usent autant d’intox que de botox et jeunes écervelés qui conduisent comme des fous ou des voyous, en passant par les aboyeurs du net, il y a dans ce beau royaume un problème d’éducation que même la Commission spéciale ne saurait solutionner…

L’inconduite automobile. Tout trépas est regrettable, et il l’est encore et bien plus quand il est évitable. Depuis quelques années, on assiste au phénomène de ceux que l’on appelle communément « oulad lefchouch ». Il y eut celui qui tua Pierrette Mjid puis s’enfuit, et avant lui l’autre qui, ivre mort dans sa voiture compacte, la tchatche intacte, constata la présence d’un constateur, et aussi le joueur de foot qui a occis un adolescent, puis la nymphette qui en a épinglé deux à son tableau de crasse… La police fait son job, recherche, interpelle, interroge et remet à la justice, qui se montre fort magnanime.

Mais il y a les autres aussi, ceux qui ne tuent pas leur prochain mais tuent l’idée de civisme et d’altruisme, au volant de leurs grosses cylindrées, absolument convaincus que la loi ne s’applique qu’aux petites : double, triple position, mépris de l’espace public, oubli du respect des piétons, vitesse astronomique, conduite catastrophique…

Le « stal » système. Ils sont tous deux décorés par le roi, mais tous deux aussi dévorés par leur moi, saturés d’émois et alpagués par la loi… Lui est présumé violeur, une fois, deux fois, peut-être plus, plus ou moins violemment… Il continue pourtant de produire des chansons aussi phallocrades que misogynes, au grand bonheur de ses fans, et se produit dans ce grand pays des droits de la femme qu’est l’Arabie Saoudite. Elle, porte un grand nom de la musique marocaine mais elle a...

viré people, ce qui est de son plein droit ; elle a commencé par pousser la chansonnette, avant de trouver ses aises dans les paillettes, et d’être accusée de diffamation et de persiflage. Dans les deux cas, ici et en France, la police a arrêté et dans les deux cas, en France et ici, la justice s’est arrêtée.

Les aboyeurs du net. Il y a les engagés du rap et les enragés qui dérapent. On peut critiquer tout et tous, y compris le chef de l’Etat qui l’admet, mais on ne peut insulter tout et tous, au nom de la liberté d’expression, puis s’étonner et se plaindre de la répression. Il y a ceux qui chantent et ceux qui font chanter, ceux qui professent et ceux qui agressent, ceux qui donnent leur point de vue et ceux qui ont les yeux rivés sur le nombre de vues. L’équation est simple : on éructe et on est vu, on insulte et on est très vu, et quand on est aussi vu, on engrange du chiffre.

Les violeurs et les diffamateurs présumés, les mauvais conducteurs avérés, et les aboyeurs trop souvent révérés prospèrent aujourd’hui dans ce pays qui cherche sa voie en donnant de plus en plus de la voix. Mais il y a des règles à ne pas transgresser et une éducation à ne pas délaisser. Il n’appartient certes pas à M. Akhannouch ou à ses pairs politiques de « rééduquer » les gens, mais simplement de faire en sorte que leur compagnie ne soit pas perçue comme aggravation de peine…

Le reste, ce sont aux parents et aux familles de le faire, pour empêcher que la justice n’envoie les indélicats et autres irresponsables aux galères. Nous sommes face à un problème d’éducation, et comme disait le grand Hugo, « l'éducation, c'est la famille qui la donne ; l'instruction, c'est l'Etat qui la doit ».

En attendant que l’Etat fasse son job, que les familles s’acquittent du leur… pour que les politiques se contentent de penser à leur (ré)éducation politique.

Aziz Boucetta