Le syndrome de Cassandre a eu raison de Mezouar !
« Nous sommes certains que grâce à votre grande expérience et connaissance en matière de gestion de la chose publique, ainsi que votre attachement sincère à la patrie et votre loyalisme indéfectible aux constantes de la Nation et de ses valeurs sacrées, vous n'épargnerez aucun effort pour vous acquitter de vos nouvelles responsabilités de la meilleure des manières, conduire la Confédération vers le parachèvement des chantiers de mise à niveau de l'entreprise marocaine, rehausser sa compétitivité et sa contribution à l'instauration des bases d'une économie nationale moderne, équilibrée et productive où se mêlent efficacité économique et solidarité sociale à même de relever les différents défis du présent et de l'avenir ». Ce message royal était adressé à Mezouar et à l'ensemble des membres et composantes de la CGEM suite au plébiscite du tandem Mezouar/Mekouar. Ce fût un temps.
Aujourd'hui les roses se sont fanées suite à un grand séisme à la CGEM où depuis longtemps des signes de fébrilité et d’errements devenaient de plus en plus béants.
En effet, la vie à la CGEM n’a pas été de tout repos depuis le départ de Meriem Bensalah. Malgré les interminables signes, le président Mezouar était comme possédé par le syndrome de Cassandre doublé en cela par un « Moi » très inconscient de sa mission et de ses limites, mais sûr de l’absolu de sa personne.
La Berezina de Mezouar a fonctionné par débit devenant plus en plus intense et de plus en plus périlleux et finalement, un propos malencontreux aura précipité la chute de l’ancien ministre des Affaires étrangères qui pensait peut-être à l’illimité de sa mission de patron des patrons.
Les propos tenus sur le « Hirak » algérien à la 12ème édition du World Policy Conference ont sonné le glas de sa présidence à la tête de la CGEM.
Elu le 22 mai 2018, il aura fallu juste 5 mois de présidence Mezouar pour voir les premières éclaboussures de la maison avec le coup de Jarnac perpétré contre Neila Tazi à propos du groupe parlementaire devant représenter le patronat au parlement. La vitrine CGEM se craquelle.
Novembre 2018, la personne morale du patronat installe l’instance dans l’illégalité pour cause, le
conseil de la CGEM s’est retrouvé dans une situation de non-conformité, d’illégalité à cause du dépassement du quota au niveau de l’instance. Les statuts n’ont pas été respectés, la démocratie à l’italienne prend forme.
Début d’année 2019, de nouvelles résolutions sont attendues, Ahmed Rahhou n’en prend qu’une : il démissionne du bureau de la CGEM où il était vice-président en charge de la « compétitivité et l’environnement des affaires ». Quelques mois après, en juillet, un « fidèle » de Miriem Bensalah, Fadel Agoumi a annoncé son départ dans un mail adressé à ses proches. L’ancien directeur général était chargé de la structure permanente qui compte le secrétariat général et les chefs de pôle (communication et relations publiques, production, développement sectoriel et régional, relations internationales, commercial et services…), n’a toujours pas donné les motivations de son départ.
La saignée au niveau de la CGEM n’en finit pas et c’est au tour de Hammad Kassal de claquer la porte. Le départ du président de la Commission « Financement et Délais de paiement » est lié à un chevauchement et une interférence dans les missions et les postes, « Je suis un militant à la CGEM depuis 1995. Je n’ai jamais utilisé le patronat pour mes intérêts personnels et par conséquent je ne me retrouve plus avec ce nouvel esprit de la CGEM où plusieurs commissions se chevauchent, de la politique qui s’est immiscée dans la vie du Patronat … », doit-il.
Juillet 2019, le tandem Mezouar/Mekouar divorce. Par un jour de 17 juillet 2019, l’émoi atteint le patronat, Fayçal Mekouar, dépose sa démission à son poste de vice-président de la CGEM. A ce jour, le poste de M. Mekouar reste vacant. En conférence de presse « d’explication » suite à ce malaise qui a fini de gangréner la CGEM, le désormais ex président Salaheddine Mezouar a expliqué qu’il passerait à une réorganisation de l’institution. De cette réorganisation, la validation de la nomination de Jalal Charaf, au poste de directeur général délégué de la CGEM, n’a pas pu être actée. Là encore un autre écueil que M. Mezouar n’a pas su surmonter et ne surmontera jamais. Ainsi l'ère Mezouar.
Mouhamet Ndiongue