(Billet 175) – Le remaniement, cette manie d’Elotmani…

(Billet 175) – Le remaniement, cette manie d’Elotmani…

En ces temps incertains pour le gouvernement, un remaniement se prépare à voir le jour, sans risque d‘avortement, de toutes les façons interdit. En dehors du fait que ce changement a été solennellement demandé par le roi en discours officiel, on observera que le gouvernement de Saadeddine Elotmani aura connu toutes sortes de changements, remaniements, remplacements ou même renoncements.

Né dans la douleur en 2017, pléthorique par l’effectif de ses membres et des partis le composant, l’attelage Elotmani surgit alors qu’al Hoceima tremble, socialement cette fois. Quelques mois plus tard, le roi parla de « séisme ». Au lieu de cela, il n’y a eu que des secousses, embrassant toute la palette possible des mouvements gouvernementaux. Revue de détail, et surtout de taille.

1/ Octobre 2017, départs groupés. Quatre ministres sont virés (ils n’aiment certes pas le mot, mais c’est la réalité). MM. Benabdallah et El Ouardi, du PPS, M. Hassad, dit MP et M. Bencheikh, de nulle part, passent à la trappe ouverte par un communiqué royal acerbe. Ils avaient failli. Les quatre furent remplacés, trois mois après, par cinq... cherchez l’erreur ! Création d’un ministère, donc, confié au technocrate aussi timide qu’intimidé Mohcine Jazouli. On avait appelé cela « LE séisme », ce n’était qu’un spasme.

2/ Juin 2018, départ avorté. Lahcen Daoudi est égal à lui-même, et droit dans ses bottes. Il soutient des manifestants, en plein boycott, mais son sourire efface brusquement celui de son chef du gouvernement et de ses pairs, ministres sinistrés. Il dépose sa démission, qui fait pshiiit, puisqu’il est toujours là. Il est même le seul à être au gouvernement à l’insu de son plein gré.

3/ Août 2018, départ tendu et inattendu. Alors que rien ne le laissait attendre, le très souriant Mohamed Boussaïd est congédié, remplacé quelques jours après par un infiltré, le taciturne Mohamed Benchaâboune… en fait doublement infiltré, au gouvernement alors qu’il coulait des jours paisibles dans « sa » banque, et au RNI puisqu’on ignorait jusqu’à ce jour, et depuis aussi, son appartenance...

aux Bleus. Mais peut-être que ceci expliquait cela, le banquier était un bleu en politique.

4/ Septembre 2018, départ par défaut. Mme Charafat Afailal réussit la prouesse de quitter le gouvernement sans même qu’on l’en ait congédiée… M. Elotmani atteint de stress hydrique face à son esquif qui chavire, écope alors l’eau, en supprimant le secrétariat d’Etat à l’Eau…

5/ Juillet 2019, départ annoncé. Le roi Mohammed VI demande au chef du gouvernement de procéder à un remaniement avec, si possible, des compétences… « Cela ne signifie évidemment pas que le gouvernement (…) ne compte pas de compétences en (son) sein », ajoute très gentiment le roi. Mais on aura compris, une engueulade et le petit personnel file droit…

6/ Juillet 2019 (bis), départ oublié. Mbarka Bouaida, meurtrie de jouer à l’inutile secrétaire d’Etat (et de M. Akhannouch) à la Pêche maritime, s’en est allée prêcher dans son patelin pour y pêcher des voix. Elue présidente de Région, elle aurait dû quitter le gouvernement pour incompatibilité de fonction. Elle y est toujours pour indisponibilité de son chef.

7/ Octobre 2019, départ d’un parti. A bout de souffle, à bout de nerfs et à bout d’arguments, le PPS jette l’éponge à M. Elotmani, lui qui avait si savamment manié la brosse à reluire pour M. Benkirane. Il sortira, donc, un peu grandi, très cabossé, capitalisant sur ce départ comme seuls savent le faire des communistes.

Mais comme le Maroc est un royaume béni de Dieu, un tel gouvernement psychédélique est dirigé par un psychiatre atone, que rien n’étonne et qui, pour bien montrer que tout fonctionne, en fait des tonnes. L’Histoire, elle, en plus de quelques personnes encore intéressées, retiendront que c’est sous ce gouvernement que deux présidents de Région sont partis, que M. Chabat est parti de l’Istiqlal, que M. Lachgar partira de l’USFP (dit-il du moins), que M. el Omari n’en finit pas de partir et que M. Benchamas refuse de partir, avant de partir.

Et c’est cela, le séisme !

Aziz Boucetta