(Billet 168) – On ne peut pas changer le peuple, mais la classe politique oui…

(Billet 168) – On ne peut pas changer le peuple, mais la classe politique oui…

En ces temps de remaniement gouvernemental qui n’en finit pas, et à une vingtaine de mois d’échéances électorales majeures, on peut s’interroger sur les raisons du formidable désamour qui s’est confortablement et durablement installé entre société politique et société tout court. Elles sont multiples, et nous les connaissons : globalement, d’un côté, les attentes, et de l’autre, l’attentisme. Peut-être que la solution réside dans le fait simple et élémentaire de faire comme les autres, de laisser filer la nature, et d’inventer de nouvelles forces pour ces nouvelles générations.

L’heure est aujourd’hui aux jeunes, et tout le monde n’a que ce mot à la bouche, même si ce n’est pas toujours à l’esprit. Et c’est bien cela le problème… Une classe politique largement ringardisée face à une génération de jeunes avant-gardistes. Qui se soucie encore, de par le monde, de noms de partis avec des termes surannés comme « démocratique », « populaire », « constitutionnel », « national », « justice », ou même « social » ?

Regardons autour de nous…ceux qui ont compris ont changé les choses : République en marche ou Insoumis en France, Podemos en Espagne, Mouvement 5 étoiles en Italie, Syriza en Grèce… Et quand ce ne sont pas des partis new age qui apparaissent, ce sont des dirigeants nouveaux qui surgissent : Zelensky en Ukraine, Saïed en Tunisie, Salvini en Italie, Trump aux Etats-Unis, Bolsonaro au Brésil, Duterte aux Philippines… Ce ne sont pas les meilleurs spécimens de la gente humaine, mais le peuple les veut, et on ne change pas le peuple.

En un mot comme en cent, les gens ont besoin de nouveauté....

Avec le respect qu’on leur doit, les Elotmani, Baraka, Akhannouch, Lachgar et les autres, avec leurs partis ringards, leurs regards hagards et leurs programmes blafards, c’est fini. Continuons avec eux et nous dépasserons difficilement les 20 ou 25% de participation aux prochaines élections en 2021. Autrefois, on disait « si jeunesse savait et si vieillesse pouvait » ; de nos jours, la vieillesse ne peut plus et n’en peut plus et les jeunes savent, peuvent et agissent !

Nouveaux noms ou nouveaux profils, donc, pour les nouvelles générations. Nouveaux réseaux politiques à l’ère des réseaux sociaux. Gens plus réactifs à l’ère de l’instantanéité… Il n’est plus possible d’avoir des partis escargots à une époque où tout va vite. Jadis, le Mouvement pour tous les démocrates avait tenté le coup… Las, il a basculé en PAM, lui-même fini, ou presque. Puis il y eut Damir qui, sitôt né, s’est mis à dormir… Aujourd’hui, nous avons les jeunes très talentueux de Maan, mais ils sont tétanisés.

Et pourtant… de la même manière que naguère, les Français avaient parlé aux Français, avec l’heureux résultat qu’on sait, aujourd’hui, les jeunes doivent parler aux jeunes. Les grandes idéologies de Papy (ou Bassidi pour marocaniser les choses), c’est terminé, et les non moins grandes envolées des anciens, c’est dépassé. Aujourd’hui, ce qu’il faut au Maroc, à ses jeunes, à ses politiques, à sa politique, c’est un ou deux partis nouveaux, avec des noms simples qui font sens, des idées simples qui leur donnent de la puissance, et des dirigeants ordinaires dotés de conscience.

Aziz Boucetta