Zoom n°25 : Dépolitiser la demande sociale !
En période de tension politique et/ou sociale, comme en période fastueuse où tout est rose, il est bon de créer un climat propice afin de redonner aux populations cette confiance qui leur permet de toujours croire à la nation. Et cela permettra à chacun d'agir, de participer et de partager des propositions utiles car la capacité d'un pays à savoir comment faire face à ses crises politiques comme sociales vient en fait du rôle actif joué par chaque acteur, de quelque bord qu’il se trouve.
Cependant, en observant ce qui se passe dans cette phase politico-sociale au Maroc, le problème semble être le contraire : ce ne sont pas tant les propositions et la vitalité d'une société qui manquent, mais l'ouverture et la disponibilité de la politique à inclure et à féconder ce qui émerge d'en bas. Appels, propositions, événements, pratiques d’innovation sociale semblent rebondir contre un mur en caoutchouc constitué par ce corps politique de plus en plus absorbé et de plus en plus inerte.
Pour sortir de la torpeur et briser cette couverture de l'apathie de la raison, le Maroc besoin d'un pas en avant, d'un acte de courage, d’où l’appel du Roi dans ses différents discours à la nation.
Il apparaît clairement à beaucoup (même si seuls quelques-uns sont disposés à le dire publiquement et sur Twitter surtout) que la politique réduite à un exercice tactique et dans une perspective à court terme produit des résultats destructeurs à la fois sur la confiance des gens et dans leurs poches. Nombreux sont ceux qui prétendent être satisfaits de ce qui se passe, persistant dans le silence car voulant
conserver les prébendes.
L’appel du roi Mohammed VI a changé de cap avec des hommes neufs et une stratégie nouvelle (le nouveau modèle de développement) semble aujourd’hui extrêmement opportun, car il est essentiel de remettre en question les différentes politiques qui jusqu’ici n’ont pas accéléré la cadence.
« Quand on ne sait pas où l'on va, tous les chemins mènent à nulle part », avait dit Henry Kissinger, et certains de nos dirigeants doivent faire sienne cette citation de l’ancien diplomate américain.
La vie démocratique ne consiste pas seulement en des procédures et perdurer au pouvoir, mais en la définition d'un espace ouvert qui ne peut se passer des liens sociaux, de la citoyenneté active, de l'entrepreneuriat social et du mutualisme. Ouvrir une nouvelle phase dans le pays implique un engagement politique capable de nourrir et de maintenir l’enthousiasme pour une action commune et pour la création de lieux et d’économies où la personne peut construire des projets à la hauteur de ses désirs.
Il est donc nécessaire de faire un effort collectif en invitant les politiques à ne pas se laisser guider par le paternalisme et à court terme, en les incitant à renouer avec l'expérience réelle vécue par les jeunes, les familles, les entreprises et les citoyens. La compétitivité et l'innovation nécessitent un investissement radical dans les aspirations des nouvelles générations et la participation de la société organisée. Il faut donc ouvrir une nouvelle saison politique, capable de faire ressortir les innombrables ressources tacites et latentes présentes et de restaurer radicalement la primauté des choix, des personnes et des institutions qui, au lieu de consommer, développent la confiance.
Mouhamet Ndiongue