(Billet 51) – L’impôt sur la fortune… une idée (peut-être) opportune…

(Billet 51) – L’impôt sur la fortune… une idée (peut-être) opportune…

… En tous les cas, elle rapporterait des tunes à un Etat certes ambitieux, mais sollicité par tous et de partout, et cruellement désargenté. Et comme gémir n’est pas de mise, le gouvernement organise des Assises de la fiscalité pour parler argent public et de beaucoup d’autres idées dont, bizarrement, l’impôt sur la fortune reste absent. Les rigides du dogme veillent et surveilent…

Riches et pauvres paient l’impôt, c’est connu, et ils sont en principe égaux devant cet impôt, mais les pauvres sont considérés comme techniquement et donc moralement plus taxés que les riches. En effet, pour certains impôts, taxes et redevances, riches et pauvres paient la même chose, même si leurs revenus et patrimoines sont différents. Et c’est là que la réflexion peut commencer…

Chez nous, on aime bien importer les idées convenues et des pratiques révolues, mais pas les audaces fiscales. Ainsi, aux Etats-Unis, l’élection de 2020 se fera autour de la question de l’impôt sur la fortune, en France, un impôt sur l’immobilier est appliqué, et ailleurs, le débat fait rage au sein de l’opinion publique… Oui, l’opinion publique !... et au Maroc, elle affiche une préoccupante perception négative sur les inégalités et sur la panne de l’ascenseur social… C’est cela qui désormais compte, et compte plus que jamais, dans la conjoncture actuelle d’énervements populaires ici et là…

Bien évidemment, les riches seront...

contre l’idée, et dérouleront des arguments puissants. Mais comment justifieraient-ils un refus de taxation sur les biens immobiliers ou les biens non productifs de revenus, que la nation leur a permis d’engranger et à laquelle ils pourraient, devraient, se montrer reconnaissants ? Certains fiers-à-bras seraient tentés d’arrêter, ou réduire, leur activité, mais cela se discute, et d’autres rêveraient aux paradis fiscaux, et cela se dispute.

En 2014, les Marocains avaient déclaré plusieurs dizaines de milliards de DH aussi délicatement qu’illégalement exportés. Une partie de l’iceberg sûrement, mais le dégel avait commencé avant que le torchon ne brûle… Le capital est froid, mais mieux le redistribuer réchauffera les coeurs des pauvres, sans ruiner les nantis.

En vingt ans, le Maroc s’est enrichi, et il aurait pu s’enrichir encore plus, mais les Marocains n’en sont pas plus prospères. L’Etat s’est endetté, et pas que pour de mauvaises raisons, car les infrastructures sont là, mais les riches le sont plus, les pauvres ne le sont pas moins. Il est donc temps d’introduire une nouvelle fiscalité pour nantis, qui apporterait la perception de plus de justice et d’équité fiscales, pour éviter de probables irritations et démangeaisons sociales…

Il faut juste que l’affaire soit bien pensée, bien vendue, bien menée… et surtout sans dérogations ! Et une fois la décision prise, tout le monde paierait, ou en paiera le prix !

Aziz Boucetta