(Billet 28) - Saïd Aouita doit coacher… les partis !

(Billet 28) - Saïd Aouita doit coacher… les partis !

La gestion d’une élection est un art, dont la pratique n’est pas donnée à tout le monde. Il ne suffit pas de se dire politicien pour l’être véritablement. Un politique sait mesurer le temps, et en lui, l’opportunisme devient une qualité, comme chez un footballeur. Il doit pouvoir être intelligent, savoir quand agir, mesurer la puissance de tir, et surtout prévoir les réactions des adversaires… Autant de choses dont nos politiques semblent un chouiya dépourvus.

A compter d’aujourd’hui, il reste deux ans et quelques mois pour l’élection législative. En pole position, le PJD. En senior challenger, c’est le RNI qui monte cette fois au créneau, après la rude déconfiture du PAM en 2016. Pour 2021, l’Istiqlal sera également un challenger, moins puissant que le RNI (si, si !), mais un adversaire dont il faudra quand même tenir compte.

Une élection est comparable à une course de demi-fond, bourrée de technique et pas seulement de muscles. Rappelez-vous du grand champion mondial Saïd Aouita… Sa force, en plus de ses jambes, résidait dans son sens du moment ; il savait quand ne pas aller très vite, un œil sur ses concurrents… et il savait également aussi, avec précision, quand démarrer, laissant les autres loin derrière. Ce que savait Aouita, le PJD le sait aussi, mais RNI et Istiqlal l’ignorent de toute évidence.

Les Bleus enchaînent déjà les uppercuts non voilés à la barbe de leurs putatifs alliés et...

les Roses ne font pas dans la demi-mesure non plus. Les uns et les autres en font des tonnes devant leurs troupes émues et assurant la claque… or, personne n’a saisi que le PJD nouveau, comme le Beaujolais, est arrivé quand M. Benkirane est parti. Ce dernier, à l’image d’un taureau face à un chiffon rouge, chargeait barbe au vent, alors que M. Elotmani, tout en douceur, souriant, encaisse les coups et attend son heure pour encaisser les dividendes de sa patience. En attendant, il engrange des points, alors même que ses pairs du parti multiplient les impairs, moraux et/ou graveleux.

A s’attaquer ainsi bille en tête au PJD, on le ressoude, on le requinque, on le conduit à l’union sacrée, lui qui aime tant le sacré… mais on épuise prématurément ses forces et on abat ses cartes… sans compter le risque de lasser une opinion publique qui s’en fout, et le montrera en 2021. MM. Akhannouch et Baraka ignoreraient-ils donc que le PJD d’aujourd’hui est aussi différent de celui de son prédécesseur que le sont MM. Elotmani et Benkirane ? Si le RNI a de la consistance et l’Istiqlal des connaissances, le PJD a de la patience, et en politique, la patience est une vertu cardinale, alors que la précipitation conduit au précipice.

« Rien ne sert de courir, il faut partir à point », disait Lafontaine, qui ne disait pas que des bêtises.

Aziz Boucetta