Yatim : la majorité se porte bien, et parler de la reconduction de Benkirane est prématuré

Yatim : la majorité se porte bien, et parler de la reconduction de Benkirane est prématuré

Mohamed Yatim est ministre et membre dirigeant du PJD, mais il est aussi président de la commission d’organisation du congrès du PJD, programmé en décembre. L’enjeu de ce congrès est l’élection du secrétaire général et donc, en filigrane, la reconduction d’Abdelilah Benkirane ou son remplacement par un autre. Yatim répond aux questions de notre confrère Mowatine.com sur la marche du gouvernement et sur le PJD.

Que répondez-vous aux dernières attaques de dirigeants du RNI contre votre parti et sur son ambivalence, ou double discours ?

Quand une majorité gouvernementale est formée de 6 partis, il serait illusoire de penser et d’attendre que ces formations se fondent en une seule, et développent le même discours. Aussi, quand l’un de ces partis adopte une position qui est sienne, il est inexact de penser que la critique d’un texte de loi ou des remarques formulées sur tel ou tel sujet soient une attaque contre le gouvernement ou un double discours.

Et puis, le résultat étant dans l’action, il faut observer ce qui se produit quand un projet de loi est soumis par le gouvernement au parlement. La majorité vote-t-elle ou pas en faveur de ce texte ? Constatons quand même que le groupe le plus discipliné, le plus présent et le plus compact pour ces votes est celui du PJD. Aussi, s’il y a des défaillances, c’est ailleurs qu’il faut les chercher.

Le jour où il y aura vote contre un projet gouvernemental ou même une abstention, on pourra parler de problèmes, mais ce n’est pas le cas.

Par ailleurs, le parlement est le lieu de la parole et c’est là où les députés, élus par le peuple et engagés à son égard, s’expriment, critiquent et décortiquent. Que cela soit en commissions ou en plénière. Le gouvernement doit prêter attention à ces voix et tenir compte de leurs remarques ; contrôler le gouvernement n’est pas l’apanage de la seule opposition, et le gouvernement doit donner suite. Si l’opposition introduit des amendements raisonnables, les refuserons-nous ? Le contrôle de l’action gouvernementale et la législation sont des opérations qui se déroulent et doivent se dérouler dans l’interaction.

Les parlementaires de la majorité sont membres du pouvoir législatif et sont indépendants du pouvoir exécutif. Les deux pouvoirs sont complémentaires et l’équilibre entre ces pouvoirs doit être strictement observé et respecté.

Mais cela n’empêche pas que les partis de la majorité sont aussi tenus de soutenir le gouvernement et la seule mesure de cela est


le vote des projets de lois. Les députés peuvent discuter, contester, apporter de amendements, sans que pour autant on parle d’ambivalence ou de double discours, ou alors cela revient à une opération de mise sous tutelle du parlement. Ce sont les jeunes et nouveaux députés qui débordent d’enthousiasme, et qu’il faut en conséquence convaincre. Mais les accuser de double discours revient à exercer sur eux une pression intellectuelle.

Ceux qui, en revanche, pratiquent un double discours sont les députés qui n’ont pas été nommés au gouvernement et parmi eux des journalistes que vous connaissez et qui œuvrent depuis la formation du gouvernement, dans les circonstances que vous savez, à saper l’action de l’Exécutif et à créer des frictions entre ses composantes.

Dans les législatures passées, il y avait toujours ces débats entre parlement et gouvernement, le premier donnant tour à tour suite ou non aux amendements, et cela honore le parlement et l’opération politique. Dire le contraire et clamer le double discours est le fait de ceux qui ont un problème et qui devraient réviser leur conception de la démocratie et de l’action politique. Les députés ne sont pas une machine de vote, ils ont leur mot à dire, et ils le disent.

Comment se passent les préparatifs du congrès du PJD ?

Le dernier Conseil national a approuvé les modes de désignation des congressistes, et un rapport technique a été soumis au secrétariat général de la semaine dernière, en même temps que le programme de préparation du congrès prévu les 9 et 10 décembre prochains, dont la tenue d’un conseil national, qui doit se tenir 15 jours avant l’ouverture des travaux du congrès, c’est-à-dire vers le 25 novembre. Il devra approuver les amendements aux statuts, le programme et l’ordre du jour du congrès, de même que les modes d’élection du secrétaire général et des membres du secrétariat général.

Dans l’intervalle, les congrès régionaux se tiendront et débattront des différentes questions organisationnelles.

On parle souvent de la reconduction d’Abdelilah Benkirane au secrétariat général. Comment se présentent les choses sur ce point ?

Ce sont des propos de journalistes. L’ordre du jour est proposé par la commission de préparation du congrès, puis soumis au secrétariat général, et ensuite au Conseil national. Il est donc prématuré de parler de ce point et ceux qui le font ne connaissent pas les règles du PJD et ses statuts, de même qu’ils ignorent sa culture politique.

Propos recueillis par Moussa Matrouf