Emmanuel Macron et la joie de l’organisation des symboles, par Nabil Boutaleb

Emmanuel Macron et la joie de l’organisation des symboles, par Nabil Boutaleb

«O joie, belle étincelle divine,

Fille de l’Elysée,

Nous entrons ivres d’enthousiasme,

Ô déesse dans ton sanctuaire.

Tes charmes réunissent ce que la mode sépare;

Tous les hommes deviennent frères

Là où tes douces ailes reposent »

(Friedrich Von Schiller 1786.)

Beethoven inspiré des idéaux fraternels adapta ce poème du très romantique Schiller pour composer un lied et surtout une partie de sa somptueuse 9ème  symphonie. Cette partie deviendra l’hymne de l’Europe.

Emmanuel Macron a dimanche marché au Louvre vers son public au son de cette très belle ode. Et il a fait jaser...

Les médias ont à mon sens interprété hâtivement Emmanuel Macron et ce moment (à la légère ou avec procès d’intention) en lui prêtant à travers sa marche solitaire au Louvre, des accents mitterandiens, une marche d’empereur. Une grandiloquence, un apparat du pouvoir, trop simpliste pour l’intelligence de l’homme et pour celle qu’il entend mettre en œuvre.

Son propos (rigoureux toujours, subtil, ne nous y trompons pas) est plus conforme au poème de Schiller et la joie est au coeur de son propos, simplement. La joie et l’enthousiasme d’intégrer l’Elysée, ce lieu situé d’après les Grecs... aux enfers!!!! (augure du travail à venir et ses contraintes, lieu du pouvoir et de tous les dangers, y résidera t’il par ailleurs?)

Le poète romantique et Beethoven étaient préoccupés par la fraternité humaine (thème essentiel au romantisme) et le président élu


met en scène (sciemment) cette fraternité au travers de la présentation finale de sa famille recomposée, symbole de cette France re-composée grâce au mandat reçu.

La joie et la LIBERTÉ du marcheur solitaire accédant au sanctuaire et, l’ÉGALITÉ des uns et des autres, unis par cette FRATERNITÉ retrouvée.

Rien chez Emmanuel Macron n’est du au hasard, il y a trop d’intelligence, de profondeur et de réflexion chez celui-ci. Le piège à éviter est ici la simplification et l’évidence de ce qui se donne à voir.

Ce qui s'offre à nous (loin de toute distribution hasardeuse et loin de l'évidence immédiate) est une mise en scène. Une mise en scène du pouvoir, celui qu'il exercera, le pouvoir tel qu’il le voit, pas nécessairement tel qu'il apparait au travers de l'évidence et du sens commun visible (presque) immédiatement… Tout un programme! Son programme! Loin de toute distribution hasardeuse.

Enfin, de façon plus anecdotique, son physique souligné de ce joli manteau trois quart n’est pas sans rappeler (comme beaucoup ont fait déjà le parallèle) le poète Boris Vian. Et Vian est connu par tous à travers ce titre parlant, "J’irais cracher sur vos tombes ».

Mais sur quelles tombes EM va t-il cracher? Mais pardi sur celle des politiques du système…

Il n’y a pas de pouvoir (ni de marques…) sans représentation et mise en scène de ce pouvoir. Et c’est au coeur de celle ci et des symboles qui y sont mis en oeuvre que se tient et s’offre le sens.