Donald Trump, rupture ou transition ?,par Allal Akouri

Donald Trump, rupture ou transition ?,par Allal Akouri

Dans son discours après son investiture le 20 janvier dernier, le président Donald Trump a fait un bilan totalement négatif de la période où Obama a été aux  commandes de l'Etat.

Il promet de faire revenir la croissance et l'emploi, renforcer la protection des frontières et faire revenir les G.I. Il préconise de consommer américain en priorité, de construire des usines sur le sol national. Il décide sans tarder de réduire l'effort militaire consenti à l'étranger et à se consacrer à la protection nationale en menant, dit-il, une guerre totale contre le terrorisme islamique.

Dans un élan lyrique, il déclare que c'est au peuple de reprendre les commandes du pays, et que cesse l'hégémonie de Washington et de l'establishment politique. Il annonce donc par là une rupture avec le passé.

Trump confirme ainsi tous les propos qu'il a tenus durant sa campagne électorale et reste conséquent avec lui-même, désirant réellement provoquer le changement.

On peut s'interroger sur la qualité du discours dans sa structure, ses axes d'orientation. Est-ce là une profession de foi du président de la première puissance mondiale ?

Ce sont plutôt les propos émanant d'un homme n'ayant jamais exercé le « pouvoir politique ». Il croit détenir des compétences managériales nécessaires pour résoudre tous les problèmes complexes que connaît un pays, voire un continent.

Il cherche ainsi à tromper le citoyen en le flattant et en lui faisant croire qu'il veut lui restituer le pouvoir. Ceci incarne tout simplement la tactique pour ne pas dire la stratégie chère au populisme qui, hélas, est en train de progresser à travers le monde.

Ainsi, Donald Trump est un homme qui inspire la méfiance et la peur. Voyez son attitude, le visage fermé, la démarche raide, la frange en képi… il ne manque que la moustache. Nous avons malheureusement connu ce genre d'individus qui ont sévi et provoqué le chaos.

Nous espérons que parmi son entourage, il y ait des responsables qui contribueront à lui faire comprendre que la direction des affaires d'un pays est autrement plus complexe, comparée à la gestion d'un empire immobilier. Il devra mettre


un bémol à ces déclarations qui impliquent les relations internationales. C'est également le rôle imparti au Congrès.

Il permet de construire des usines, des autoroutes, des ponts… Or, toutes ces structures font l'objet de projets clé en main. Mais lorsqu'il s'agit de fonder les relations internationales, il faut effectivement créer des ponts entre les différentes civilisations et des canaux de communication pour instaurer une meilleure compréhension entre les peuples.

A l'inverse, Trump veut ériger des murs d'incompréhension, rendant ainsi plus difficiles les relations avec non seulement les voisins mais également d'autre pays qui, d'après sa vision, ne répondent pas aux critères prédéfinis.

Par ailleurs, il est impensable que tels propos soient tenus par un responsable de la première puissance mondiale, et ce à l'aube du 21ème siècle. En effet, en déclarant que l'OTAN est obsolète et en encouragent le Brexit, il sème le discorde au sein de la communauté européenne. Il critique la politique migratoire de l'Allemagne. Et en voulant diminuer l'effort militaire consenti à l'étranger, il oublie que ce soutien contribue à la sécurité de son propre pays. Il ne peut jauger les relations internationales uniquement à l'aune d'un intérêt national égoïste : l'Amérique d'abord.

Qu’en est-il de l'attitude qui sera adoptée par les autres puissances, et faudrait-il alors procéder à la révision de la Charte de l'ONU ?

Nous voyons que les enjeux sont énormes et complexes et ne peuvent être laissés à la seule appréciation d'un seul responsable, fut-il le président des Etats-Unis.

Par ailleurs, il oublie qu'il n'a été élu que par la moitié des votants et qu'il doit se soucier de l'autre partie du peuple auquel il veut donner le pouvoir, semble-t-il. De nombreuses voix se sont élevées pour exprimer leur désaccord en Amérique et ailleurs.

Enfin, certains responsables de l'Administration Trump vont dans la droite ligne de cette conception de "L'Amérique d'abord", ce qui ne va guère faciliter les choses mais provoquer des conflits internes et externes. Ce ne sera pas une période de transition mais certainement une situation de crise, une rupture d'équilibre dans les relations internationales.