L’ONU, ses résolutions, et la nécessaire révision de sa charte, par Allal Akouri
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- 29 décembre 2016 --
- Opinions
Quel est ce pays qui rejette toutes les résolutions de l’ONU depuis plus d’un demi-siècle ? Qu’en est-il de cette organisation censée défendre le droit international, devant être observée par les nations ayant adhéré à la Charte, mais n’arrive guère à le faire respecter ?
La dernière résolution adoptée par le Conseil de Sécurité suite à l’abstention des USA est considérée comme historique ! Elle concerne pourtant la colonisation du territoire palestinien jugée illégale depuis 1967.
Dans ses déclarations incendiaires, le responsable israélien considère la décision du C.S. est non seulement nulle mais non avenue, et il s’attaque à certains pays les menaçant de représailles. L’administration US n’est pas épargnée, accusée de complot et autres joyeusetés. Mais le président élu, Donald Trump, promet de corriger cette « décision insensée » et assure les responsables israéliens de son soutien inconditionnel. Il est intéressant de constater que la position des USA peut changer en si peu de temps concernant un problème aussi crucial qui perdure depuis 1948.
Evidemment, la Palestine ne pèse pas lourd dans l’échiquier stratégique des USA. Il est plus fructueux de déclarer la guerre à l’Irak, sans en référer à l’ONU, sous prétexte d’existence d’armes de destruction massive. L’objectif non avoué étant de modifier l’équilibre des forces agissant au Moyen-Orient. Cela a entrainé la destruction de toutes les structures du pays avec des conséquences humaines et matérielles désastreuses.
C’est également la situation qui sévit actuellement en Syrie.
En conséquence, quel est le rôle imparti à l’ONU, si les grandes puissances ne se soucient guère de l’application des principes régissant la coexistence pacifique dans le monde ?
Depuis la création de la SDN (Société des Nations) puis celle de l’ONU, il faudrait modifier la Charte afin de mieux gérer les problèmes entre les Nations Désunies… Ainsi, comment se fait-il que le Secrétaire Général, dont le rôle est de faciliter l’application des résolutions en agissant avec une parfaite neutralité, se permette de déclarer lors de sa visite à Tindouf que le
Maroc occupe illégalement le Sahara ?
On pourra nous faire remarquer que ce responsable arrive au terme de sa mission, mais on est en droit de s’interroger sur la crédibilité des autres actes qu’il a pu entreprendre durant son mandat.
L’un des problèmes majeurs est représenté par le terrorisme non seulement « islamique » mais également « étatique ». On doit s’interroger sur les causes profondes de ce phénomène et non pas se polariser sur le seul aspect sécuritaire. Le terrorisme est considéré comme l’arme des faibles déboussolés par des questions qui les dépassent. On en arrive à parler de « déradicalisation » alors que l’on n’a guère identifié les causes qui ont mené à cette situation.
Entretemps, on permet à un pays de braver les règles en rejetant toutes les résolutions, mais on sévit contre un autre au premier égarement, pour peu que l’on estime qu’il ne pèse pas lourd dans la balance. C’est la règle de deux poids deux mesures, et on essaie, au sein du Conseil de Sécurité de faire jouer à certains pays le rôle de comparses.
Les grandes puissances, avec leurs moyens militaro-économiques, poussent d’autres Etats à la confrontation par délégation, se souciant uniquement de la préservation de leurs intérêts.
Le monde change de plus en plus rapidement avec l’accélération due au progrès scientifique et technologique dans tous les domaines. On ne peut plus appréhender les problèmes avec une vision parcellaire qui ne peut aboutir qu’à des solutions inadéquates.
L’équilibre peut se rompre à tout instant et on ne peut rester dans l’expectative… on ne peut se le permettre.
Il faut en arriver à considérer que l’équité doit régir les relations entre les Etats, avec une vision géostratégique globale, mais non pas motivée par des objectifs inavouables, bassement matériels et conjoncturels.
En conséquence, se pose la question de la révision de la Charte de l’ONU pour que cette organisation joue pleinement son rôle de chef d’orchestre dans le concert des nations et éviter la cacophonie qui règne actuellement.