Ce qui attend le Maroc en 2017, alors que la crise perdure…, par Taoufiq Bouachrine

Ce qui attend le Maroc en 2017, alors que la crise perdure…, par Taoufiq Bouachrine

Le Maroc vit aujourd’hui une situation brinquebalante et les élites gouvernantes ne semblent pas en prendre la mesure à sa juste valeur, ni comprendre les dangers et autres périls ou défis qui guettent le royaume. Si cela avait été le cas, le Maroc n’aurait pas vécu ce vide gouvernemental et institutionnel durant ces deux derniers mois, avec un blocage du pouvoir exécutif, une vacance parlementaire de fait, un contrôle suspendu, des nominations reportées à plus tard, en plus de l’arrêt de facto de tant et tant d’institutions (Cour constitutionnelle, Conseil du pouvoir judiciaire, ANRT, Conseil de la concurrence, CNDH…).

Ceux qui estiment que les urnes sont le problème font erreur, de même que ceux qui craignent la popularité de Benkirane ne comprennent pas vraiment l’utilité et l’importance de  partis forts dans un pays qui ne cesse de gérer la rareté, en tout, et qui ne dispose d’aucune opulence, en rien.

Quant à ceux qui tiennent à ce que la monarchie reste exécutive, intervenant dans tous les domaines et dans les moindres détails, économiques, politiques, sociaux, religieux, sécuritaires et militaires, diplomatiques et artistiques, médiatiques, caritatifs et environnementaux, entre autres… ceux-là, soit ne comprennent pas la marche de l’Histoire et ses évolutions, soient défendent leurs privilèges et leurs pouvoirs, se dissimulant derrière le palais et actionnant leurs manettes en dehors de toute loi ou réglementation ou contrôle.

Voici donc ce qui attend le royaume en cette année de grâce 2017… des dangers et des défis qui requièrent un gouvernement fort, une stabilité en fonte et des élites nouvelles capables de comprendre et de surprendre :

1/ Le Maroc doit adhérer à  l’Union africaine lors du prochain Sommet prévu à Addis Abeba en janvier prochain. Les adversaires du Maroc, Algérie, Afrique du Sud et d’autres, tenteront d’entraver ce retour en force par tous moyens en leur disposition. Et s’ils échouent, ils feront dans la provocation à travers la présence du délégué de la RASD à ce Sommet. Tout cela nécessite l’élaboration de plans et de stratégies pour contrecarrer ce qui est prévisible de la part des Algériens, et cela passe par l’élargissement du front des amis et la recherche de nouveaux partenariats et intérêts avec eux.

2/ En Europe et aux Etats-Unis, la droite populiste conquiert de plus en plus de places et de pouvoir. Cette droite est très sensible aux questions liées à l’islam et aux migrations, et en appelle à une


politique de plus en plus protectionniste, de plus en plus isolationniste à l’égard du monde. Ces nouveaux dirigeants aspirent à rapatrier sur leurs sols leurs investissements placés à l’étranger, dans les pays du Sud essentiellement. Par cette politique, ils visent à recréer des emplois chez eux, des emplois détruits par les différentes et très nombreuses délocalisations. La droite populiste en Europe et aux Etats-Unis en appelle à une nouvelle doctrine de l’homme blanc, rompant avec tout ce qui a été fait depuis un siècle en matière d’unité humaine. L’ascension de la droite extrême ici et là dans les pays du Nord ouvre la voie à de nouvelles guerres, à des crises inédites et à des vagues irrépressibles de radicalisme d’un genre jusque-là inconnu.

3/ Daech est en train d’être démantelé en Irak, en Syrie et en Libye, et le sort des quelques 2.000 Marocains qui se trouvent en ces lieux reste imprévisible. Ces djihadistes, s’ils ne sont pas tués iront dans d’autres zones de combat, et s’il n’y en a plus, ils reviendront en leur pays, avec leurs idées et leurs actes terroristes en bandoulière, aigris et aguerris, prêts à enrôler sous leur bannière des esprits faibles toujours partants vers de nouvelles aventures. Ces groupes auront comme objectifs de mettre en œuvre des programmes déments, autant que ceux consistant à ériger des Etats islamiques dans tous les territoires où les Etats sont défaillants et où leur prise sera meilleure. Le danger est donc là, et il nécessite pour l’affronter des services de sécurité puissants et une classe politique forte, pour prémunir ce pays qui a été le 3ème fournisseur de chair à canon pour al-Baghdadi, après les Saoudiens et les Tunisiens. Méditons bien sur ce rang du Maroc à Daech.

4/ Les besoins de la population augmentent d’année en année contrairement aux ressources de l’Etat, ce qui crée un déséquilibre de plus en plus profond dans les comptes publics, et ce qui grossit aussi significativement les rangs des chômeurs. L’enseignement est en peine et le sera encore plus, de même que le secteur de la santé, et aussi celui de l’énergie. Quant au pouvoir d’achat des populations, dans un pays si dépendant de la pluviométrie et du cours du pétrole, il faudra s’en alarmer dans le proche avenir.

Ce sont là des domaines qui requièrent absolument une volonté politique inébranlable, pour conduire les réformes nécessaires et convaincre les gens qu’ils peuvent encore avoir espoir en l’avenir.

Akhbar Alyoum (traduction de PanoraPost)