Du vol qualifié de la religion et du détournement de la foi, par Hicham Rouzak

Du vol qualifié de la religion et du détournement de la foi, par Hicham Rouzak

Il existe des gens qui adorent Dieu et qui croient en la Révélation faite au Prophète Mohamed. Et il existe aussi d’autres gens qui adorent Dieu ET Mohamed Envoyé de Dieu, plaçant le Créateur et sa créature au même niveau de sacralité. Et puis il y a les adorateurs du sang… ceux qui instrumentalisent Dieu et son Prophète, qui manipulent ceux qui adorent Dieu et croient en Mohamed ainsi que ceux qui adorent Dieu ET son Prophète, créant là une religion nouvelle, une religion qui n’a d’autre idéologie que celle de la mort, du meurtre et de la morbidité.

Une religion nouvelle, donc, qui feint d’oublier puis qui oublie de fait que les appels incitant à la critique, aux questionnements, aux remises en cause et à la reconnaissance de la différence sont venus d’abord et avant tout du Coran, quand le Livre Sacré a critiqué le plus explicitement qu’il se peut le Prophète lui-même. Le Coran a interrogé, interpellé le Prophète, et à plusieurs reprises.

« Ô Prophète ! Pourquoi, en recherchant l'agrément de tes femmes, t'interdis-tu ce qu'Allah t'a rendu licite ? Et Allah est Clément, Très Miséricordieux » (66 : 1).

« Il s'est renfrogné et il s'est détourné. Parce que l'aveugle est venu à lui. Qui te dit : peut-être [cherche]-t-il à se purifier ? Ou à se rappeler en sorte que le rappel lui profite ? Quant à celui qui se complaît dans sa suffisance (pour sa richesse), tu vas avec empressement à sa rencontre. Or, que t'importe qu'il ne se purifie pas ? Et quant à celui qui vient à toi avec empressement, tout en ayant la crainte, tu ne t'en soucies pas.  N'agis plus ainsi! Vraiment ceci est un rappel.  Quiconque veut, donc, s'en rappelle » (80 : 1-12).

« Un prophète ne devrait pas faire de prisonniers avant d'avoir prévalu [mis les mécréants hors de combat] sur la terre. Vous voulez les biens d'ici-bas, tandis qu'Allah veut l'au-delà. Allah est Puissant et Sage. N'eût-été une prescription préalable d'Allah, un énorme châtiment vous aurait touché pour ce que vous avez pris (de la rançon).  Mangez donc de ce qui vous est échu en butin, tant qu'il est licite et pur. Et craignez Allah, car Allah est Clément et Miséricordieux ». (8 : 67-69).

« Qu'Allah te pardonne ! Pourquoi leur as-tu donné permission avant que tu ne puisses distinguer ceux qui disaient vrai et reconnaître les menteurs ? »  (9 : 43).

«  Et ne dis jamais, à propos d'une chose : « Je la ferai sûrement demain ». Sans ajouter : "Si Allah le veut", et invoque ton Seigneur quand tu oublies et dis : « Je souhaite que mon Seigneur me guide et me mène plus près de ce qui est correct ». (18 : 23-24).

« Quand tu disais à celui qu'Allah avait comblé de bienfaits, tout comme toi-même l'avais comblé : "Garde pour toi ton épouse et crains Allah", et tu cachais en ton âme ce qu'Allah allait rendre public. Tu craignais les gens, et c'est Allah qui est plus digne de ta crainte. Puis quand Zayd eût cessé toute relation avec elle, Nous te la fîmes épouser, afin qu'il n'y ait aucun empêchement pour les croyants d'épouser les femmes de leurs fils adoptifs, quand ceux-ci cessent toute relation avec elles. Le commandement d'Allah doit être exécuté. Nul grief à faire au Prophète en ce qu'Allah lui a imposé, conformément aux lois établies pour ceux qui vécurent antérieurement. Le commandement d'Allah est un décret inéluctable. Ceux qui communiquent les messages d'Allah, Le craignant et ne redoutaient nul autre qu'Allah. Et Allah suffit pour tenir le compte de tout ». (33 : 37-39).

Que s’est-il donc passé ?

Et bien, ce qui s’est produit est, en toute simplicité, que le Livre Sacré des musulmans a critiqué, blâmé, reproché… et corrigé les erreurs du Prophète, explicitement. Il a expliqué le premier pilier de l’islam selon lequel nul ne peut être croyant sans sa profession de foi en Dieu ET en la prophétie de son Messager Mohamed… Le Coran a expliqué cela car il se trouve que la religion se fonde le plus simplement du monde sur une règle qu’il rappelle dans une sourate : « Dis : Je suis en fait un être humain comme vous. Il m’a été révélé que votre Dieu est un Dieu unique! Quiconque, donc, espère rencontrer son Seigneur, qu'il fasse de bonnes actions et qu'il n'associe dans son adoration aucun à son Seigneur ». (18 :110).

Le Prophète des Musulmans savait pertinemment qu’il était Mohamed Ibn Abdallah… Il avait conscience qu’il n’était qu’un humain parmi ses semblables et il a veillé, plus d’une fois, à opérer la distinction entre ses faits et gestes en tant qu’homme, et ce qui lui a été révélé. La distinction entre le Verbe révélé et les choses de ce monde, sur lesquelles il (le Prophète) a dit : « Vous êtes en connaissance des affaires de votre temps et de votre monde ».

Mais aujourd’hui… cette religion a disparu, dans son esprit et dans sa lettre, et même dans sa forme. Cet islam a été dissimulé, puis remplacé par celui de Qaradaoui, d’al-Baghdadi, de Hammad Kabbadj, de Raïssouni, de « Aboie-Naïm »… cet islam des clans, des bandes, des bandits  et des prébendes.

Aujourd’hui, et suite à des actes de banditisme qualifié, récurrents tout au long de l’Histoire, il y a eu « escamotage » de cet islam où le Prophète a compris, au moyen d’un texte coranique, la différence entre d’une part sa vie personnelle et ses erreurs humaines et, d’autre part, sa mission prophétique. L’islam, celui que nous connaissons, celui du Prophète, a été remplacé par une nouvelle religion.

La religion des adorateurs du sang... Une religion


qui doit son existence à un détournement, à un vol qualifié, à une sanglante boucherie, au moyen desquels on s’est emparé de toutes les interprétations, et suite auxquels on a changé la nature de notre foi qui se fonde sur « la relation directe entre le Créateur et ses créatures », en cette chose, « génétiquement modifiée », où la religion et la pratique religieuse ne peuvent être qu’à travers les bandes organisées islamisantes… à travers l’inféodation aux adorateurs du sang/gardiens de la nouvelle foi.

L’islam, aujourd’hui, n’est plus celui des sourates et des rappels à l’ordre qui ont critiqué le Prophète de l’islam… ce n’est pas non plus l’islam de « vous êtes en connaissance des affaires de votre temps et de votre monde »… ce n’est pas enfin l’islam du « Je suis en fait un être humain comme vous ».

L’islam, de nos jours, n’est que l’alibi des adorateurs du sang en vue de pratiquer le meurtre et de s’accaparer du pouvoir.

L’islam, aujourd’hui, est réduit aux fatwas de Qaradaoui, de Raïssouni, de la machine politique et financière qatarie, de la haine et de la rancœur du Marocain « Aboie-Naïm » contre tout ce qui est différent de ce qu’il « pense », de la langue et du langage de Kettani qui ne sait indiquer son prochain qu’en l’affublant d’épithètes ou qualités comme « méprisable », chien », « mécréant »… de l’action de Hammad Kabbadj, submergé par une vague de haine…

L’islam, aujourd’hui, se réduit à la sacralisation de Boukhari et d’Abou Horaïra…

Il est l’islam d’Ibn Taymiyya, pour lequel cette « religion de tolérance » n’évoque que des phrases  comme « il pliera ou sera tué », « il sera tué celui qui… », des phrases citées par 428 fois dans ses livres, dont 200 dans sa seule « Somme des fatwas d’Ibn Taymiyya »…

C’est l’islam d’ « Aboie-Naïm », qui ne distingue les gens dans  ses écrits religieux qu’entre « un mécréant », un « chien » ou un « futur assassiné ».

Ce qui se passe aujourd’hui, sous nos yeux, est que Boukhari, Ibn Taymiyya, Abou Horaïra et les autres parmi leurs semblables, sont devenus plus sacrés que la religion elle-même, que le Coran, que le Prophète des musulmans. Le Coran critique les comportements du Prophète de l’islam mais… de nos jours, nul n’ose critiquer Boukhari ou Ibn Taymiyya…

Ce qui se passe aujourd’hui… est la résurgence sanglante du vol qualifié de la religion… une sorte de survivance des opérations de meurtre méthodique de la pensée, de la raison… Une forme de reconstitution d’un crime ancien, quand la voracité et la rapacité politiques s’étaient emparées de la religion, au nom de la religion… au nom de l’interprétation crapuleuse de la religion…

Ce qui se produit aujourd’hui est que le seul changement opéré est celui de l’arme du crime.

Au lieu de faire, comme naguère, dans l’autodafé des livres, l’exil des penseurs, leur assassinat ou leur démembrement sur la place publique, on utilise aujourd’hui le feu et le fer, le plomb avec un admirable aplomb.

Ce qui arrive aujourd’hui est qu’un journaliste, Abdelkrim Lqamch en l’occurrence, écrivant sur Boukhari et son Sahih éponyme, se trouve exposé à des menaces de mort… non pas en raison du fait qu’il eût renié la religion et sa vérité, sa réalité, sa spiritualité et sa temporalité, mais uniquement parce qu’il a osé questionné  l’authenticité du travail de Boukhari, et de son contenu… seulement parce qu’il aura fait, aujourd’hui, ce que des dizaines d’autres avaient fait avant lui, bien avant lui, depuis l’aube de l’islam, s’attelant à l’interprétation politique de la religion.

Ce qui se passe aujourd’hui, avec Lqamch mais aussi avec Aassid et tant d’autres qui exercent leur droit à revisiter leur relation personnelle avec la religion, à aborder une relecture de cette religion, à leur façon, en dehors des clés politiques imposées… est que le flingue, le fusil, la ceinture piégée, sont prêts à l’emploi, n’attendant que celui qui les actionnerait, pétri de la logique des « Hachâchine » et de la pensée des adorateurs du sang, prêt à en découdre, à exécuter les ordres, pour s’assurer une place de choix au paradis céleste.

Ce qui se passe aujourd’hui… est que tous ceux qui ont cru en « les plus modérés des épouvantails » islamisants… découvriront bien un jour ou l’autre que les « modérés » ne sont qu’une fable. Ni plus ni moins. Ils comprendront finalement que leur silence face à ce vol qualifié de notre patrimoine commun, la religion, n’est que la voie ouverte à la mobilisation et à la préparation des assassins. Des assassins qui tueront la voix de la raison, prochainement, au Maroc… qui appliqueront et mettront en œuvre les fatwas de Kettani, de Hammad Kabbadj, de Fizazi et d’ « Aboie Naïm », ces séides qui appliquent les instructions des « modérés » dans le cadre de la vaste opération de meurtre sur ordre…

Pourtant, ceux qui commettront ces crimes ne sont et ne seront pas seuls, et leurs complices ne sont et ne seront pas uniquement les cheikhs radicaux, les apôtres de l’extrémisme et les prescripteurs de la mort…

Non… Les vrais meurtriers, ici, dans notre cas, sont ceux qui se taisent… ceux qui détournent les yeux face à la vague islamisante interprétatrice à sa façon de la Parole de Dieu, qui instrumentalise la religion des croyants pour dominer ces mêmes croyants.

Les vrais meurtriers sont ceux qui ont renoncé à lutter contre ce vol qualifié de la religion, contre ce détournement de la vraie foi, dans le seul objectif de conquérir une fonction, un fauteuil, un portefeuille, à travers leur accord pour des alliances hybrides et hideuses.

Le véritable assassin est le silence, le véritable meurtrier est la complicité, l’indifférence, l’inconscience, le soutien et l’inféodation aux adorateurs de Boukhari d’Ibn Taymiyya… pour la gloire des alliances assassines.

Al Ayyam (traduction de PanoraPost)