« Qui par son erreur a chuté, doit apprendre seul à se relever », par Najib Amor*
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- 05 novembre 2016 --
- Opinions
Lors d'une récente fête privée, un chanteur s'est mis à interpréter une chanson de Saad Lamjarred, alors que ce dernier venait d'être incarcéré. Un malaise s'installa immédiatement dans l'assistance, certains ayant jugé que ce n'était pas une bonne idée.
Ainsi va la vie, Saad Lamjarred est dans l'enfer carcéral français. En attendant, d'être jugé, on passe de moins en moins ses chansons, on démonte ses portraits des panneaux publicitaires, on suspend les spots de pub où il figure. Son visage sympathique et populaire, inspirant la joie de vivre, est en train de disparaître du champ des médias. Bientôt, il sera oublié.
Il y va ainsi parfois de ceux qu'on adule et qu'on assimile aux maîtres du monde. Si leur conseillers leur concoctent des contrats en béton, force est de constater que leur statut doré est souvent sur le fil du rasoir. Les exemples ne manquent pas. Et il n'est pas besoin d'être mis en examen pour « viol aggravé » et « violences caractérisées » pour subir les affres de l'abandon. Beaucoup d'icônes sont descendues de leur piédestal pour bien moins que ça.
Les inconditionnels de notre chanteur ou les autres disent : attendons le verdict de la justice.
Je n'aborderai pas le cas où il est coupable car, dans ce cas, la justice passera avec toutes les conséquences catastrophiques mais prévisibles pour sa carrière.
Si il est relaxé (la justice n'utilise pas le mot innocent,) ce verdict sera important pour lui en tant que personne mais
pour sa carrière, le mal aura déjà été fait, et sa relaxe ne changera pas grand chose.
Dans la lexicographie de la justice un « non lieu » ou « relaxe » n'est que la traduction du fait que la justice ne possède pas suffisamment d'éléments pour poursuivre un individu.
La justice ne se mêle pas de morale, elle applique la loi
Il restera alors le doute dans l'esprit des gens et cela suffira pour confirmer que Lamjarred ait abandonné son statut d'icône.
Il lui restera alors à donner alors un sens à sa vie car, coupable ou innocent, sa quête sera loin des projecteurs ou du faste du show bassines...
Passage obligé par la résilience… ce sera son histoire, son destin.
Dans une autre vie et une autre histoire où il n'est question ni de viol ou de fait divers, Neil Armstrong, est le premier homme à avoir foulé le sol de la lune. Vous en conviendrez, dans le firmament des stars, il est difficile de faire mieux. Et pourtant, cet homme s'est retiré auprès de ses proches, loin des foules, de la lumière des projecteurs, le jour où il a découvert que son coiffeur conservait les cheveux qu'il lui coupait quand il lui rendait visite.
Effrayé par le statut qu'on lui conférait, notre astronaute n'avait pas besoin de cette adoration, il se sentait homme comme un autre et il tenait à le rester.
Celui qui a réalisé un « grand pas pour l'humanité » avait la sagesse et l'humilité des gens simples.
C'est une leçon cent fois racontée, mais toujours d'actualité.
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* Proverbe tibétain.