Le cirque des négociations  gouvernementales ou le dégoût politique assuré, par Fatiha Daoudi

Le cirque des négociations  gouvernementales ou le dégoût politique assuré, par Fatiha Daoudi

Le Parti de la Justice et du Développement (PJD), avec son référentiel islamiste, est encore arrivé premier aux élections législatives du 7 octobre 2016 après l’avoir été aux communales du 4 septembre 2015. Ce parti conservateur a prouvé encore une fois qu’il n’a en face de lui aucune opposition partisane moderniste de son calibre. L’ambition moderniste pour notre pays est donc reportée aux échéances à venir, inchaallah.

Mais là n’est pas le pire ! Le pire est le cirque des négociations actuelles pour mettre en place le prochain gouvernement !

En effet et depuis quelques jours, Abdelilah Benkirane, Secrétaire général du PJD, après avoir été chargé de mettre en place ce gouvernement, reçoit les chefs de partis pour consultation. Et si l’on suit, même distraitement, cette valse de réceptions, on est tout de suite saisi de nausée politique car l’on voit certains partis qui avaient déclaré publiquement leur solide intention de faire rendre gorge au PJD, se mettre à ramper devant lui pour quelques strapontins. Et d’autres, qui ont bu le bouillon lors des dernières élections, prétendent, sans aucune honte, à des postes pour lesquels ils n’ont aucune légitimité. Selon les informations qui circulent, l’Union Socialiste des Forces Populaires (USFP) lorgne la présidence de la Chambre des représentants.

Comment peut-on expliquer une telle ambition alors que ce parti n’a remporté que 20 sièges ? Même si l’on accepte de passer à la


trappe son référentiel idéologique qui est aux antipodes de celui du PJD, son éventuelle alliance a quelque chose de fortement indigeste.

Il est vrai que le Parti du progrès et du socialisme (PPS), censé  être un parti communiste, a déjà donné l’exemple de ce genre d’ambition démesurée puisqu’il s’est allié au PJD lors de la précédente législature, oubliant pour cela le référentiel religieux de la formation de Benkirane. Et à l’approche des élections du 7 octobre, il s’est maintenu dans le sillage du PJD dans le but de grappiller quelques portefeuilles, aussi minces soient-ils.

Ainsi, la facilité avec laquelle ces deux partis soit disant progressistes se débarrassent de leur idéologie et du respect de leurs adhérents est pour le moins édifiante !

Quant au parti de l’Istiqlal, prétendument nationaliste et ennemi juré du PJD, même si son référentiel conservateur le destine à être son allié naturel, après avoir failli créer une crise politique en se retirant du premier gouvernement de Abdelilah Benkirane, donne l’impression, lors de ces négociations, de manger dans la main de ce dernier !

Il est clair que ce genre d’opportunisme ne peut mener qu’à un dégoût politique assuré et par conséquent l’abstentionnisme a encore de très beaux jours devant lui !

En tout état de cause, le PJD donne l’impression de dominer les négociations et peut même être légitimement persuadé de n’avoir face à lui aucun parti progressiste pour le contrer sauf si l’on veut donner ce qualificatif au Parti de l’Authenticité et de la Modernité (PAM) !