Non, Monsieur Plenel, le burkini n’est pas un vêtement comme un autre !, par Fatiha Daoudi

Non, Monsieur Plenel, le burkini n’est pas un vêtement comme un autre !, par Fatiha Daoudi

A vous entendre pérorer sur la liberté vestimentaire des femmes musulmanes, confortablement installé dans une démocratie centenaire dont les institutions sont solidement  ancrées et où les libertés individuelles sont sacralisées, je sens mes cheveux se dresser sur ma tête non voilée et la colère m’envahir.

Vous dites que le burkini est un vêtement comme un autre alors que le terme lui-même est un carcan pour les femmes puisqu’il veut dire un mélange entre la burqa (voile total) et le bikini, vêtement de plage. Il ressemble à s’y méprendre à une combinaison de plongée sous-marine avec en plus une capuche qui couvre la tête. Imaginez ce qu’éprouve une femme ainsi couverte, sous le soleil !

Non Monsieur Plenel, le burkini n’est pas un vêtement comme un autre et je sais de quoi je parle puisque je suis une  femme de culture musulmane et vivant dans un pays, le Maroc, où l’islam est religion d’Etat. Pays où les droits des femmes ont évolué vers plus de liberté grâce  aux FEMMES qui se sont battues becs et ongles pour que leur voix soit entendue et leur place dans l’espace public reconnue et qui continuent leur lutte, encouragées  par une volonté politique, même si le gouvernement actuel est à majorité islamiste. Cependant, leurs droits ne sont pas à l’abri d’une régression par ces temps où la pratique de l’islam est plus une ostentation qu’une dévotion.

Quand, Monsieur Plenel,  vous comparez le burkini à la soutane en parlant de la sacro sainte liberté individuelle, vous oubliez une chose importante, qui est que la soutane est un habit porté par des personnes qui font de la religion une profession et bien entendu ne doivent aucunement être discriminés même lors de


la séparation de l’église et de l’Etat.

A l’opposé, le burkini n’est pas un vêtement professionnel mais une suite logique du voile et de la burqa. C’est un carcan sophistiqué dans lequel on enferme les femmes sur les plages qui sont sensés être des lieux de villégiature et de détente. Par ce genre de vêtement, le corps des femmes est entravé afin, paraît-il, de ne pas mettre sens dessus dessous la libido masculine !

Qu’une personne, qui a votre audience dans les médias français et francophones, affirme que le burkini est un vêtement dans lequel une minorité se cherche et qui est une mode passagère me choque car vous oubliez  que les musulmans ne sont pas une minorité, l’islam étant  la deuxième religion de France et que par conséquent le  burkini pourrait y constituer un danger pour les femmes toutes confessions confondues.

D’autre part, votre permissivité creuse la tombe des droits acquis par les femmes vivant dans les pays musulmans qui auront vite fait de légitimer cette entrave au corps féminin et toute autre en s’appuyant sur votre notoriété !

Je ne sais pas si vous en avez connaissance mais, dans ces pays musulmans, nos mères portaient, dans les années soixante, le maillot sur les plages et leurs corps profitaient librement du soleil avant qu’il ne se résume à leur entrejambe. De nos jours, nombreuses sont les femmes qui évitent de porter le maillot à la plage de peur d’être agressées par les fous de la religion qui ne sont en fait que de simples obsédés du sexe.

Non Monsieur Plenel, le burkini n’est pas un vêtement comme un autre. Il fait partie d’une stratégie qui, si elle est encouragée par des avis permissifs, finira par atteindre son but final : interdire l’espace public aux femmes !

Lire l'article d'Edwy Plenel.