Commentaires sur l’analyse des déchets italiens par un laboratoire étranger
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- 01 août 2016 --
- Opinions
En fin de semaine dernière, les résultats de l’analyse des déchets importés d’Italie tombaient, et affirmaient que cette cargaison n’était pas dangereuse. L’examen d’échantillons de ces déchets a été effectué par le laboratoire français Soccor. Le Pr Jamal Chaouki, professeur à l’Ecole Polytechnique de Montréal revient sur cette analyse, et y apporte ses commentaires, estimant que les conclusions de Soccor ne sont pas suffisantes…
Un laboratoire français a, donc, déterminé que les déchets italiens ne sont pas dangereux. Effectivement, cela correspond aux déchets ménagers non-compostables (non-biologiques) de type RDF (Refuse Derived Fuel). C’est une bonne chose, mais c’est encore loin d’être suffisant. Une incinération incomplète de composés non toxiques peut amener des produits intermédiaires beaucoup plus toxiques que les intrants.
En effet, ces déchets contiennent, entre autres, du souffre, de l’azote et du chlore (qui ne sont pas dangereux dans leurs formes initiales) dont l’incinération peut poser de sérieux problèmes environnementaux et médicaux. Le soufre donnera du SO2 et l’azote du NOx. Des composés s’ils ne sont pas soigneusement séparés des gaz d’incinération seront responsables de gaz acides. De plus, ces gaz peuvent voyager sur de longues distances dépendamment des conditions atmosphériques ; leurs effets sont catastrophiques et sont bien documentés dans la littérature. Quant au chlore, il peut facilement former,
dans certaines conditions, des dibenzodioxines polychlorées (dioxines) et les dibenzofuranes polychlorés (furanes) sont des composés chimiques persistants les plus toxiques au monde pour aussi bien les humains que pour la faune. Ils ont de nombreux effets sur la santé des animaux et des humains.
Parmi les effets sur la santé humaine : troubles hépatiques, affaiblissement du système immunitaire, de l'appareil endocrinien et des fonctions de reproduction, effets sur le développement du système nerveux et d'autre cas de développement et certains types de cancers. Comme j’ai expliqué dans un article antécédent, il est tout à fait possible de s’assurer que les concentrations de ces polluants gazeux sont inférieures aux normes les plus strictes dans le monde. Il « suffit » de traiter convenablement les fumées de combustion d’une manière efficace (ce traitement est très sophistiqué) : un précipitateur électrostatique (éliminer les particules très fines), un traitement des gaz acides avec de la chaux ou du lait de chaux (éliminer SO2, HCl, HF et métaux), une injection d’ammoniac (éliminer les NOx sans surplus d’ammoniac), un lit catalytique (éliminer les dioxines et furanes des composés chimiques les plus toxiques qui peuvent exister dans le monde!) et enfin avoir des cheminées adéquates pour bien dégager les fumées ainsi traitées.
Bref, dire que les déchets italiens ne sont pas dangereux est bien mais insuffisant. Encore faut-il traiter efficacement les émissions gazeuses.