Les liaisons dangereuses du PAM, par Bilal Talidi

Les liaisons dangereuses du PAM, par Bilal Talidi

La semaine dernière, quatre événements sont survenus, en apparence indépendants les uns des autres mais, en réalité, ils ont un lien entre eux et sont reliés par une seule et même logique. Ces quatre événements sont la démission du président du Raja Mohamed Boudrika de toutes ses responsabilités au sein de la Fédération royale marocaine de football en raison de ce qu’il a appelé le soutien empathique de cette dernière pour le WAC, l’affaire de la subvention de la Fondation de Bill Gates à la Région Tanger-Tétouan-al Hoceima, la démission d’Ilyas el Omari de son groupe de presse « Dernière heure » et, enfin, la décision du PAM de suspendre son député Noureddine al-Beidi.

Il semblerait de prime abord que le lien entre ces quatre affaires est le PAM, mais tout bien considéré, il existe une autre relation entre elles, en l’occurrence l’embarras du même PAM face à ces événements, et son empressement à prendre des décisions aussi douloureuses que précipitées.

Dans le premier cas, le président de la FRMF Fouzi Lekjaâ a dû se résoudre à prendre rapidement le taureau par les cornes pour contrôler la situation, surtout face et suite à des indicateurs montrant l’état d’irritation de plusieurs clubs de foot.

Dans le second, et après le démenti de la Fondation Bill et Melinda Gates puis de la Banque islamique de développement quant à tout soutien procuré à la Région Tanger-Tétouan-al Hoceima, Ilyas el Omari a imputé la responsabilité aux médias et aussi au ministère des Finances qui, du fait de cette déclaration du chef du PAM, doit aujourd’hui rendre des comptes au parlement, surtout depuis qu’il a été saisi par écrit par le président du groupe PJD à la Chambre des représentants.

Pour le troisième cas, Ilyas el Omari, encore une fois, a été obligé de se résigner à quitter la direction et le tour de table du groupe de presse qu’il a fondé, suite à son interpellation par le SG du PJD qui lui a demandé de justifier les fonds importants qu’il a mobilisé pour la création de ce groupe. El Omari a expliqué sa décision par sa volonté de se consacrer à ses activités politiques.

Pour la quatrième et dernière affaire, le PAM s’est vu contraint de sévir contre son député qui


avait tenu des propos désobligeants et menaçants à l’encontre d’une procureure du roi à Berrechid, ledit député ayant été suspendu.

Notre propos ici n’est point de discuter les détails de ces quatre événements, pas plus que d’examiner la crédibilité des décisions prises ; cela est l’affaire des politiques. Notre objectif est essentiellement de lire et décrire les dessous des événements et les liens qui les unissent. Qu’aurait été l’image renvoyée par le PAM s’il n’avait pas pris les décisions qu’il a prises ?

Tous les indicateurs montrent que, dans l’affaire n°1, les clubs de foot auraient esté en justice les uns à la suite des autres pour protester contre la FRMF, et les choses auraient pris une tournure politique. Le PAM aurait été accusé de vouloir étendre son hégémonie sur le sport qu’il pervertit en l’intégrant dans ses calculs électoralistes.

Dans la seconde histoire, dont les ressorts demeurent encore mystérieux, le PAM aura laissé une impression de volonté de contrôle et d’emprise sur les institutions publiques, comme le ministère des Finances.

Dans le domaine de la presse, le PAM renvoie cette image de collusion dangereuse avec des entités (individus ou entreprises) qui lui procurent beaucoup d’argent, énormément d’argent, absolument pas justifié, pour créer un groupe de médias géant, alors même que les entreprises de presse nationales connaissent de sérieux problèmes financiers !

Quant à cette affaire de Berrechid, le PAM aurait pu être accusé d’une tentative de mainmise sur la justice et de menaces contre les magistrats.

En résumé de ces quatre cas simultanés, le PAM a été contraint et obligé (d’essayer) de gommer cette image de volonté de contrôle et de domination qui est accolée à son existence et qui s’est étendue cette fois et en une semaine à quatre domaines fondamentaux dans la vie du pays : le sport, les institutions, les médias et la justice. Il fallait donc à ce parti une réaction déterminée et virulente afin de ne pas donner crédit et crédibilité aux accusations d’hégémonie dont l’accable son adversaire, le PJD.

Les quatre événements de cette semaine auront montré le point de faiblesse du PAM, en l’occurrence sa collusion avec les institutions publiques dont il tire, et souhaite encore plus tirer, sa force. Et même les décisions qu’il a prises pour montrer que cela n’est pas le cas n’auront pas d’impact tant que subsistent ces relations dangereuses, « extra-institutionnelles ».

Akhbar Alyoum