Les partis du seuil électoral, par Jawad Echchafadi

Les partis du seuil électoral, par Jawad Echchafadi

La proposition du ministère de l’Intérieur pour la réduction du seuil électoral à 3% est tombée comme un cadeau du ciel pour bon nombre de partis politiques qui voyaient leur existence sur la scène politique compromise, voire menacée, par ce « maudit » seuil.

Durant tout le processus de concertation entre le ministère et les partis, le point principal figurant sur les listes de revendications des seconds pour le premier était l’abaissement de ce seuil. Le gouvernement devra assumer toute sa responsabilité si le taux de 3% est finalement retenu dans la loi.

Ainsi, les élections législatives passées, avec un seuil de 6%, ont dégagé un gouvernement formé de 4 partis « seulement ». Et malgré cela, nous avons observé la série de problèmes et de mésententes qui sont survenues durant les 4 dernières années. Qu’en sera-t-il alors avec un seuil de 3%, qui requerra une coalition de pas moins de 6 ou 7 partis pour pouvoir être formée et garantir une majorité parlementaire ? Il semblerait que la conjoncture politique traverse aujourd’hui une phase critique, et la volonté de satisfaire certains partis qui (sur)vivent sur les vestiges de leur légitimité historique passée est néfaste pour le processus démocratique que connaît le Maroc depuis la constitution de 2011.

Disons-le clairement… La compétition avec le PJD ne doit ni ne peut passer par l’abaissement du seuil, mais plutôt par l’instauration d’une transparence démocratique, qui commence par les congrès des partis politiques. Le monde a assisté à ces farces qui ont émaillé les grand-messes de certains


de nos partis politiques ces dernières années, quand par exemple un dirigeant a été défait au dernier moment suite à une colère contre son prédécesseur… Un autre exemple est celui de cette autre formation qui a innové en découvrant une nouvelle méthode de vote, économisant des milliers de bulletins, faisant fi d’un programme électronique de dépouillement des voix et ayant déclaré vainqueur un des candidats sitôt après qu’un congressiste ait hurlé son nom, suivi par les autres qui applaudissaient à tout rompre, avant de consacrer le nouveau leader.

Il est évident que la recette magique qui avait valu au PJD son succès en 2011, succès confirmé en 2015, se fonde sur deux éléments principaux : La transparence des processus de désignation de ses candidats, et l’intégrité de ces mêmes candidats mis en avant pour représenter et servir le peuple.

Il existe une unanimité sur le fait que la puissance des pays développés dépend essentiellement de celle de leurs partis politiques, dans la majorité gouvernementale soient-ils ou dans l’opposition. ET si on se réfère au modèle français, dont nous aimons tant nous inspirer et que nous apprécions tant de copier, on observera qu’il compte plus de 400 partis, dont 50 reçoivent des subventions publiques, mais le nombre des partis représentés au parlement ne dépasse pas les doigts d’une main.

Et donc, en conclusion, prétendre abaisser le seuil électoral pour intégrer davantage de partis au parlement est une hérésie politique car cette mesure accentuera la balkanisation de la scène politique, mais instaurera aussi un blocage des institutions et provoquera des crises gouvernementales récurrentes en raison de la disparité des programmes des formations politiques.

Jadidpresse.com