A la veille du 8 mars, par Fatiha Daoudi

A la veille du 8 mars, par Fatiha Daoudi

La célébration de la journée internationale de la femme n’est, à coup sûr, acceptable que si elle donnait lieu, dans chaque pays, à un bilan sur la mise en œuvre des droits des femmes.  Concernant notre pays,  ne regardons cette fois-ci que du côté de leur accès aux hautes fonctions de l’Etat. La  méthode d’appréciation serait de le comparer à celui d’un pays évolué, et, pour ne pas aller trop loin, le France semble toute indiquée.

Le gouvernement français actuel est paritaire et comprend trois femmes, ministres, d’origine marocaine. Et l’ordre protocolaire de leurs portefeuilles est plus qu’honorable. L’une est ministre de l’Education, l’autre supervise le département du Travail et la toute nouvelle recrue officie à la Culture. Nous, Marocaines et uniquement marocaines, sommes fières de ces Marocaines d’origine.

Ce qui ne nous empêche pas de regarder avec tristesse du côté de notre gouvernement qui comprend, en tout et pour tout, six femmes, dont seules deux ont le grade de ministre « plein ». L’une gère un département qui a apparemment la vocation d’être un domaine féminin, en l’occurrence celui de la famille et de la solidarité. La deuxième administre l’Artisanat, probablement en souvenir des temps ancestraux où les femmes fabriquaient des tapis et passaient leurs loisirs à faire des broderies.

Les quatre autres sont des ministres déléguées (wazirates mountadabates lada…) auprès d’un ministre homme. C’est le cas de la mountadaba aux Affaires étrangères et de celle à l’Enseignement supérieur.

Les deux autres ont eu à gérer deux départements nouvellement créés. L’une s’occupe de l’Eau qui, apparemment, dans la mémoire collective et même de


nos jours, a un lien avec les femmes… et la corvée de l’eau. L’autre est à la tête de l’Environnement qui, lui aussi, serait une  préoccupation féminine…. Ces départements sont certes vitaux pour notre pays mais ces wazirates mountadabates lada, avant de pouvoir travailler, ont dû d’abord  mettre beaucoup de leur énergie et de leur temps à quémander des locaux, un budget etc… Et comme de juste, elles dépendent d’un même ministre homme ! Il suffit d’être un tout petit peu tordu pour y voir une symbolique dans ce gouvernement à dominante islamiste !

Les Marocaines entièrement marocaines savent depuis presque toujours qu’il est très ardu d’accéder aux hautes fonctions de l’Etat, qu’elles soient au sein du gouvernement ou en dehors. La raison brandie par la gent masculine est que les femmes sont souvent peu aptes à assumer ces fonctions et quand elles le sont, elles préfèrent s’occuper de leur foyer !

Cet argument est évidemment éculé et ceux qui le colportent devraient faire preuve d’un peu plus d’imagination, ne serait-ce que parce que les hommes qui accèdent aux hautes fonctions ne brillent pas forcément par leurs compétences !

Ceci dit, les Marocaines entièrement marocaines continuent à clamer la légitimité de leur ambition à servir leur pays. Il faut cependant espérer que les difficultés qu’elles endurent pour ce faire ne les poussent à loucher sur une quelconque bi-nationalité même si,  par les temps qui courent,  elle pourrait être une source de problèmes !

Rendez-vous le 8 mars, donc !