La fin d’un tabou, par Jamal Khanoussi

La fin d’un tabou, par Jamal Khanoussi

Ce qui se passe et se produit durant la saison du pèlerinage est un grand tabou… comme un accouchement. Une femme passe des moments très pénibles pendant sa grossesse et au moment de son accouchement puis, quand son enfant vient au monde, elle le regarde et décide que c’est le plus beau jour de sa vie. Puis elle tourne la page des mauvais instants passés.

Ce que nous avons découvert ces jours-ci dans les réseaux sociaux n’est pas nouveau, pas plus qu’il n’est inconnu du grand public. En effet, n’importe quel Haj revenu d’Arabie saoudite et quelque peu remonté peut vous raconter ses secrets et vous narrer ses frayeurs vécues à La Mecque et à côté.

La conclusion est qu’il y a quelque chose qui ne va pas dans cette opération de pèlerinage, dans son ensemble… cette chose qui transforme un rituel religieux en souffrances quotidiennes pour le pèlerin aventureux, et en tortures ininterrompues pour ses proches et ses parents que chaque sonnerie de téléphone fait sursauter, dans la crainte d’en apprendre une mauvaise nouvelle.

Il nous faut bien admettre que la responsabilité des Saoudiens


est entièrement engagée dans l’organisation du haj, en dehors de toute posture politique ou politicienne. Et puis, il nous faut reconnaître aussi que nous avons de tous temps montré notre totale incapacité à organiser les voyages en pèlerinages de nos concitoyens, que nous envoyons en Arabie Saoudite pour les y abandonner, livrés à eux-mêmes. Et c’est chaque année la même chose, avec les mêmes erreurs et les errements qui se répètent encore et encore.

Cela est encore plus visible cette fois où nous nous sommes montrés tout à fait incapables de communiquer au sujet de cette catastrophe de la bousculade de Mina, laissant les familles dans l’incertitude la plus terrifiante, des jours après le drame. Tout le monde s’est jeté dans les abris, jusques-y compris le ministre de la Communication qui semble avoir subitement avalé sa langue, et même le chef du gouvernement que sa « légende » présente pourtant comme un homme à l’écoute des doléances des Marocains venus devant chez lui.

Cela nous rappelle ces images navrantes et affligeantes des Marocains qui dorment au milieu de monticules d’ordures, comme si nos gens n’avaient aucune valeur, comme si nos pèlerins n’avaient pas de nation.

Ihata.ma