A qui de droit…, et à bon entendeur..., par Sanaa Elaji

A qui de droit…, et à bon entendeur..., par Sanaa Elaji

Cher Moncef Belkhayat, et pour votre culture générale, je tenais à vous dire que la Haute autorité de la communication audiovisuelle (ou HACA) n’est pas en charge du contrôle de la page Facebook personnelle de Samira Sitaïl. Oh certes, cette dame est la directrice des informations à 2M mais la HACA, aux termes même de la loi, est responsable de la supervision des programmes diffusés par cette chaîne (entre autres) et absolument pas de ce qui est écrit sur les pages et comptes privés de ses cadres.

En ma qualité de citoyenne marocaine, j’ai été très fortement surprise, voire même gênée, de voir qu’un ancien ministre, « dirigeant important » d’un « parti non moins important » de surcroît, ignore un détail aussi important. Et puis, à titre purement informatif, je voulais également porter à votre connaissance que Nabila Mounib est la secrétaire générale élue (et merci d’accorder toute sa dimension à ce dernier terme) du Parti socialiste unifié, et non du parti de la « gauche radicale ».

Bien évidemment, tout ce qui précède relève de la culture générale et de rien d’autre que votre culture générale… et toujours dans ce même cadre, on ne saisit pas, je vous prie de le noter, la HACA par Facebook interposé, mais par un courrier, si possible officiel. Sommes-nous d’accord, cher Moncef Belkhayat ? Fort bien, ne me remerciez pas…

Par ailleurs, et permettez-moi cette précision, très cher Moncef Belkhayat : je souscris entièrement aux propos tenus par Samira Sitaïl. Je comprends bien sûr que Nabila Mounib soit votre adversaire électorale (et cela, encore une fois, est une chose bien affligeante, voire même consternante, mais telle est la dure réalité que nous ne pouvons qu’accepter, au nom de la démocratie). Mais Samira Sitaïl a raison : Vous auriez pu, vous auriez dû, attaquer Nabila Mounib sur ses positions politiques, sur son programme électoral, sur ses compétences propres, sur son parcours militant… Nabila Mounib est une femme politique ; elle est donc exposée à la critique politique (même si cela doit émaner de vous, chose que nous accepterons en nous pinçant le nez, encore une fois au nom de la démocratie…). Il est donc particulièrement mal placé pour vous et outrageant pour la politique en général que vous ne vous en preniez à elle qu’à travers son physique. « Classe » ou « crasse », « zaz » ou « naze », ce n’est vraiment pas votre problème, mon (très) cher ami… mais c’est peut-être le nôtre, vous concernant, car votre tweet nous aura finalement renseignés sur votre nature et aussi votre manière de penser. A quelque chose, parfois, bêtise est bonne.

Chers amis défenseurs des droits de l’Homme et de ceux des femmes dans ce pays, je suis surprise par votre silence assourdissant suite à la saillie de notre ancien ministre de la Jeunesse et des Sports… Pourquoi donc son tweet ne vous a-t-il pas heurtés ? Pour quelle raison personne d’entre vous n’a vu dans cette sortie un mépris


– ou au moins une offense – pour les femmes ? Sincèrement, j’en suis effarée… Aurait-il peut-être fallu que cela soit Abdelilah Benkirane ou Bassima Hakkaoui qui disent ce que Belkhayat a dit pour vous entendre fulminer, vous sentir révoltés et vous voir éructer ? Finalement, Samira Sitaïl a été parmi les rares personnes à adopter l’attitude correcte, et surtout non opportuniste… Elle a exprimé une position de principe, indépendamment des personnes ou des partis. C’est pour cela que je la remercie et que je ne saisirai pas la HACA la concernant.

Chers Mustapha Bakkoury, Salaheddine Mezouar… Je jure sur Dieu que j’ai été très contente de vous voir surgir dans la twittoma… mais je jure aussi de toute la puissance de ma foi qu’il est affligeant pour moi, navrant pour vous et offensant pour la politique et les électeurs en ce pays de constater que vous ne vous souvenez qu’il existe une chose qui s‘appelle communication sur les réseaux qu’en période électorale. Oh je sais bien qu’il y a sous nos cieux des officines électorales qui ne lèvent leur rideau qu’à l’approche d’un scrutin… mais convenez que vous auriez pu vous abstenir de transporter la logique brinquebalante et abêtissante de ces officines dans le monde virtuel. Il existe des dirigeants dans vos formations, mais aussi dans d’autres que les vôtres (PJD, Istiqlal, PPS, USFP…) qui sont actifs et se montrent réactifs  sur le web et sur les réseaux depuis des mois, parfois même des années. On peut souscrire à leurs idées, et on peut aussi rejeter leurs positions ; on peut décider de leur accorder notre confiance comme on peut, à l’inverse, les sanctionner en votant en faveur de quelqu’un d’autre… mais, au moins, nous ne sentons pas qu’ils nous prennent pour ce que nous ne sommes pas… J’avoue – mea culpa – que j’ai ri à gorge déployée quand j’ai lu les commentaires de certains, de plusieurs, de beaucoup de vos suiveurs. Cela montre avec éclat que vous êtes les seuls à ne pas prendre la mesure de votre communication opportuniste, saisonnière et donc cavalière.

Chers vous « hauts placés », vous qui êtes en « au haut lieu »… à vous qui décidez de nos vies et pour nos existences… je vous en prie, je vous en supplie, à genoux même si vous le souhaitez… j’en prends à témoin vos saintes mères… libéralisez cette télé. Laissez-nous, je vous conjure, aller sur les plateaux débattre de nos affaires en public et devant le public… prenez exemple sur le web et permettez-nous d’agir comme on le fait sur les réseaux… Respectez, si ce n’est trop vous demander, notre intelligence et prenez en compte notre très fort désir de conduire ces débats avec maturité, sincérité et même causticité et agressivité au besoin. Je vous le demande, que Dieu vous bénisse et vous comble de bienfaits, écoutez cette prière, acceptez cette doléance, vous ne feriez que des heureux.

Al Ahdath al Maghribiya