Ramenez-nous les brigades de police « croatia », par Ahmed Amchakah
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- 04 août 2015 --
- Opinions
L’insécurité ambiante et avancée vécue par les populations marocaines ce dernier ramadan a été le fait marquant de ces semaines passées… après l’épisode des gars du tcharmil auxquels les forces de l’ordre s’étaient opposées hier avec une louable fermeté, et alors que la criminalité est revenue aujourd’hui sous une forme différente.
Les gens se sont alors posé la question de savoir pourquoi nous en sommes arrivés là… Est-ce parce que les autorités ont totalement démissionné, jetant l’éponge face à la situation, ou alors est-ce en raison de l’avancée du pays en matière de droits de l’Homme et des « privilèges » qu’ils ont procuré à des criminels qui savent désormais comment s’en servir à leur avantage ?
Reconnaissons que les anciens modes d’interpellation et d’arrestation, pour et par lesquels le Maroc s’était fait connaître, ont grandement évolué et n’ont pratiquement plus cours… et c’est là une raison supplémentaire qui a conduit les concernés à agir de manière à tourner cet avantage en leur faveur.
Et puis admettons également que plusieurs agents des forces de l’ordre s’évertuent à éviter autant que faire se peut tout acte qui les conduirait vers des problèmes administratifs à n’en plus finir.
C’est pour cela que nous vivons aujourd’hui cette situation de quasi démission des forces de l’ordre…
Mais cette déliquescence de la sécurité que connaissent actuellement toutes les villes marocaines, grandes et petites, et qui alimente les soucis des populations, nous conduit à nous poser la question suivante : l’Etat est-il vraiment défaillant à mettre en place des mesures de coercition contre les délinquants/criminels ?
Ne sommes-nous pas aujourd’hui dans le (grand) besoin de tester l’expérience de la police de proximité, celle que les Marocains avaient baptisée « Croatia » (un surnom qui vient des damiers que les agents portaient sur leurs casquettes et qui évoquaient le drapeau croate ; NDLR), et qui était parvenue à assécher bien des sources de violence et à assurer en conséquence une sécurité de bon aloi ?
Mais avant de parler des « Croates », observons et méditons un peu le port et la silhouette de bien des agents en uniforme, avec des ceinturons poussés vers l’avant et vers le bas par des bedaines aussi puissantes que pesantes et imposantes. D’où la question que se pose invariablement le citoyen lambda : Comment avec de telles carcasses ballantes et brinquebalantes certains agents peuvent-ils raisonnablement penser assurer une quelconque quiétude aux populations terrées dans leurs quartiers, enfermées dans leurs chaumières la nuit venue, et parfois même le jour à certains endroits ?
C’est cette image de certains
membres de notre maréchaussée qui a ouvert un boulevard devant bien des délinquants/criminels car avec de tels gabarits, la notion même de sécurité préventive est mise à mal.
Et puis, il y a aussi les conditions de travail de nos policiers en ce moment qui prête à conséquence, et à confusion aussi ; ces conditions ne leur permettent tout simplement pas de mener à bien leur mission… Une période de formation qui a fondu de six mois avant à un mois plus ou moins aujourd’hui. Et chacun sait que quatre semaine de formation ne permettent à personne de prétendre qu’il est dans la possibilité d’assurer la sécurité de quoi et de qui que ce soit.
Et puis il existe d’autres contraintes que la durée de préparation de nos preux policiers…
Nous avons en effet, et surtout, les durées de temps de travail qui s’allongent, s’allongent à n’en plus finir au prétexte d’assurer une présence policière à tous les coins de rue. Et pis il y a aussi cette indigence en moyens… C’est pour ces raisons que les brigades dites « Croatie », initiées du temps du général Hamidou Laânigri, au début du règne de Mohammed VI, avaient permis de nourrir bien des espoirs.
Le général avait procuré à ses hommes les moyens pour s’acquitter convenablement de leur mission, des quads en bonne quantité, des motos de bonne qualité… Avec cela, la sécurité était omniprésente, convaincante et visible grâce aux tenues des hommes.
Mais la disparition de ces brigades avait nourri la polémique sur les raisons qui avaient conduit à l’arrêt de cette expérience, en dépit de tout l’argent qui avait été dépensé pour la mettre en place.
Certains avaient expliqué que si ces agents avaient commencé leur travail d’une manière volontaire et efficace, ils s’étaient par la suite vite transformés d’agents de police à agents provocateurs qui tendaient des pièges aux gens et les envoyaient en prison, sauf contrepartie… D’autres pensaient que l’ascension fulgurante du général faisait de l’ombre aux grands de ce monde qui commençaient à s’inquiéter de l’importance accrue que prenait cet homme, qu’ils avaient fini par déboulonner de sa place.
Aujourd’hui, il semblerait que la reprise de cette expérience, en tirant profit des erreurs commises, serait la panacée pour réduire un peu le sentiment d’insécurité qui tenaille les ventres et crispe les tensions. Un principe de police voudrait que seuls, la silhouette et le port, constituent une admirable prévention contre les délinquants/criminels qui ne font pas un pas ni n’envisagent un acte avant d’en prendre la juste et bonne mesure.
Al Massae