Ils jouent avec le feu…, par Slimane el Omrani (secrétaire général-adjoint du PJD)

Ils jouent avec le feu…, par Slimane el Omrani (secrétaire général-adjoint du PJD)

La société marocaine a été parcourue ces dernières semaines par plusieurs  événements dont la nature, l’ampleur et le traitement en cette période électorale revêtent un message on ne peut plus clair… Ainsi, tour à tour, le Maroc a connu cette série de faits : la diffusion par 2M d’un concert comportant des passages portant outrage à la pudeur, l’action des deux membres des Femen dans un lieu public particulièrement symbolique, un discours tendancieux d’un des dirigeants du « parti totalitariste » appelant les populations du Nord à se soulever contre l’autorité de l’Etat, et l’accueil par ce même parti d’un « intellectuel » qui a outrepassé la liberté d’expression et de pensée pour s’en prendre aux fondamentaux du pays, et à leur tête la religion et la légitimité de l’allégeance.

On sait bien que parmi les pratiques habituelles de nos adversaires depuis l’installation du gouvernement  figurent la mise en cause et la dévalorisation  des réalisations, les attaques répétées et diffamatoires contre son chef et la volonté de semer la discorde entre ses composantes… Mais aujourd’hui, avec l’apparition de nouveaux faits, nous sommes face à des manœuvres inédites, plus audacieuses et bien plus périlleuses qui doivent interpeler les démocrates et tous ceux qui ont le sens des intérêts supérieurs de notre pays.

Nous ne jugeons pas aujourd’hui cette thèse déliquescente du parti totalitaire qui, au lieu de répondre aux attentes des populations, a bâti toute son existence et son action sur la volonté de combattre et d’affaiblir le PJD. Les dirigeants de cette formation ont pris pour modèle les partis de Ben Ali et de Moubarak pour mettre en place un système de parti unique, avant que les bourrasques du printemps arabe n’emportent leurs espoirs. Cette formation, depuis ses premiers jours et sa naissance douteuse et brinquebalante et jusqu’à nos jours, a constitué une menace pour le processus démocratique entamé dans notre pays en 2003 et repris, puis renforcé, en 2011. Nous le disons en toute clarté : ce parti, pratiquement, par ses orientations non démocratiques, se positionnait contre l’Etat et contre la société…

… Et nous voilà aujourd’hui devant une autre manifestation de ce positionnement, quand nous entendons un de ses dirigeants, soutenu par l’ensemble de sa direction, appeler les populations du Nord à épingler les écarts territoriaux. Ce discours réduit à néant tous les efforts publics en matière de développement de ces provinces septentrionales, de même qu’il aspire en pratique à ruiner les entreprises de réconciliation conduites par l’Etat pour remédier aux défaillances des politiques publiques de l’ère précédente en matière de relations entre


le centre et le Nord.

Quant au discours et prises de position de cet « intellectuel », reçu et célébré par le même parti, qui a malmené les fondamentaux du pays, il reste une chose incompréhensible. Quel est donc le message que souhaitent faire passer les hôtes de cet individu, accueilli dans une salle publique, sachant qu’ils ont pourtant posé comme fondements de leur parti le patrimoine commun des Marocains, en l’occurrence l’islam et la légitimité de l’allégeance. Nous nous interrogeons, donc : faut-il croire les slogans ou constater les faits ?

On peut admettre le défaut de compréhension de certains acteurs politiques et sociaux quant à la place qu’occupe aujourd’hui le PJD… Nous pouvons comprendre le besoin de compétition politique entre intervenants, même si certains ont franchi les limites de la convenance dans le discours et de la bienveillance dans le comportement, conduisant certains à adopter une attitude digne d’un Machiavel dans leur conflit avec le gouvernement et les partis le composant… Tout cela entre dans le cadre des joutes électorales et tout cela sera apprécié dans et par les urnes, le moment venu…

Mais, en revanche, ce que nous ne pouvons ni admettre ni accepter sont ces faits qui commencent à se produire et qui prennent une tournure dangereuse dans la compétition entre concurrents et intervenants. Il semblerait que certains, non contents et gênés par la phase positive que traverse le pays sur les plans politique et démocratique, œuvrent à saper les fondements constitutionnels et nationaux, en plus des valeurs de la société. Ce faisant, ils ne visent pas seulement le gouvernement ou le PJD ou même ses partis alliés, non… ils s’aliènent l’ensemble du peuple marocain, en s’attaquant à ses valeurs et à sa morale et aussi et surtout à la cohésion de ses familles… Ils violent la constitution qui a fait de la religion musulmane un socle de l’identité marocaine et un ciment de la nation dans sa vie publique… Ils entrent en contradiction avec la constitution qui a imposé aux partis politiques de ne pas placer parmi leurs objectifs l’atteinte à l’islam, au système monarchique, aux principes démocratiques et aux fondements institutionnels… Ils stimulent les instincts extrémistes, fondamentalistes et aussi les dérives terroristes… Ils rognent et érodent le capital positif accumulé au fil des ans et des décades par notre pays, mettant à mal l’attractivité de son modèle politique et de développement, de même qu’ils bousculent la confiance universelle placée en ce pays…

Ils nous conduisent vers des faux débats et de mauvaises batailles, au lieu de nous laisser nous consacrer au chantier de l’édification démocratique.

En un mot, comme en cent, ils jouent avec le feu…