« L'Algérie est un régime sans visage » (Pierre Vermeren)
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- 15 juin 2015 --
- Opinions
Pierre Vermeren, professeur d’histoire contemporaine à Paris I et spécialiste des pays du Maghreb, revient sur les enjeux de la deuxième visite du président français à Alger lundi. Et dresse un tableau inquiétant d’un pays dont les recettes pétrolières et gazières plongent, qui importe tout, et est soumis à une terrible pression nataliste.
Dans quelles circonstances se rend François Hollande lundi à Alger ?
Cette visite se déroule trois ans après celle où les honneurs de la République algérienne lui furent rendus. Une visite à l’époque marquée par la «réconciliation». Trois ans plus tard, l’Algérie n’est plus gouvernée par une personne physique capable de discuter, de diriger, de voyager, de faire ne serait-ce qu’un discours. De sorte que le système est devenu la
caricature parfaite de lui-même.
Depuis des années, les Algériens disent que le pays est dirigé par un «système», et aujourd’hui, le «système» n’a même plus de visage. C’est ça qui rend la relation France-Algérie extrêmement compliquée.
Qui dirige ? Qui a été élu ? Qui est l’Etat algérien ? Quelle est aujourd’hui «la légitimité démocratique» ? A la limite presque nulle. C’est qui l’Algérie ? L’armée ? Les «Services» [Direction du renseignement et de la sécurité, ndlr] ? Les puissances économiques ? Les grands intérêts capitalistes pétroliers ? C’est du jamais vu. Je ne connais pas de précédent illustrant une telle situation à la tête d’un Etat.
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