Combien faut-il de morts pour que le gouvernement prenne au sérieux l’hécatombe sur les routes ?, par Aziz Boucetta

Combien faut-il de morts pour que le gouvernement prenne au sérieux l’hécatombe sur les routes ?, par Aziz Boucetta

Pour un gouvernement qui dit avoir le sens des responsabilités, on fait mieux…. Durant son mandat, les drames routiers, ou liés à l’infrastructure, se sont multipliés. Ses membres, et son chef, pourront bien argumenter que c’était déjà le cas avant, mais au-delà du fait que ce ne serait ni délicat ni raisonnable, on notera que depuis trois ans, les tragédies surviennent à des intervalles de plus en plus rapprochés.

Bref rappel : en septembre 2012, un autocar bascule dans un ravin sur la route de Tichka, 43 morts. Novembre/décembre 2014, 32 morts dans les inondations au sud du Maroc (commission d’enquête parlementaire auto-sabordée). 10 avril 2015, 35 morts (en majorité des enfants) dans un accident sur la route reliant Tan Tan à Laâyoune (affaire classée par le parquet). 20 avril 2015, 29 blessés dans l’accident survenu entre un transporteur de marchandises et l’autocar transportant l’équipe de football de Khenifra. 28 avril 2015, 8 morts dans le renversement d’un autocar près d’Ouarzazate… sans parler de l’hécatombe habituelle où les morts s’accumulent.

Trois drames en 20 jours, 43 morts et des dizaines de blessés. Comme l’a  si bien, et si maladroitement, précisé hier mardi 28 avril le président de la Chambre des Représentants Rachid Talbi Alami, qui a refusé la lecture de la Fatiha à la mémoire des disparus de l’accident d’Ouarzazate (8 morts) : « Les routes marocaines connaissent chaque jour des victimes… ».

Ce gouvernement


a fait de la responsabilité et de la reddition des comptes son credo. Il ne semble même pas faire cas de la douleur des innombrables victimes et, quand un ministre se déplace, c’est (presque) toujours sur ordre du roi.

Hier, le représentant de la Banque mondiale au Maroc, Saïd Dahdah, a réclamé avec force le basculement du Comité national de prévention des accidents de la circulation (CNPAC) en Agence pour la sécurité routière, qui serait comptable et responsable des drames que connaissent nos routes. « Nous voulons une agence qui mène les enquêtes sur les drames quotidiens et qui en tire les conclusions ; le secteur routier est partagé entre 6 ou 7 départements ministériels, en plus d’autres administrations. Il faut unifier tout cela dans le cadre de cette agence ».

Voici les statistiques du CNPAC. Elles se passent de tout commentaire.

Nombre de tués dans les accidents de la circulation de 2000 à 2012 : 50.384.

Nombre de blessés graves pour la même période : 169.910

Coût des accidents de la circulation pour l’économie nationale : 14 milliards de DH environ, soit 2% du PIB.

Le gouvernement devrait relire ces chiffres, en son âme et conscience, et prendre désormais les choses au sérieux. Soit il fait le travail, réprimant les contrevenants et faisant réprimer les corrompus, organisant la prévention, planifiant les mesures… soit il part. Il ne suffit pas de faire gagner des milliards de dirhams au budget des Marocains, il faut aussi œuvrer à les garder en vie.