Mali-Russie: Bamako refuse de "consommer le même médicament" face à l'insécurité
Estimant que les partenariats avec la France et les États-Unis n’ont pas abouti à la fin de l’insécurité dans leur pays, les autorités maliennes de transition semblent déterminées à changer le fusil d’épaule.
"Le terrorisme gagne le pays. Des villages entiers sont détruits, des femmes et des enfants sont brûlés… Qu’est-ce qu’un gouvernement doit faire ? Continuer à consommer le même médicament ?", a déclaré dimanche à VOA Afrique le Premier ministre Choguel Maïga, dans un entretien en marge de l'Assemblée générale des Nations unies à New York.
"Nous devons chercher d’autres partenaires pour renforcer ceux qui existent déjà", a-t-il ajouté.
La Russie figure au premier plan parmi ces nouveaux partenaires potentiels, selon des récents rapports de presse. Tout en rejetant comme simple rumeur la mention d’un accord qui serait en train d’être conclu avec le groupe paramilitaire russe Wagner, le Premier ministre Maïga, en poste depuis x, insiste sur le caractère sacré de la souveraineté du Mali.
"Chaque État défend ses intérêts", a expliqué M. Maïga. "Ce que j’ai dit à la tribune des Nations unies, c’est le sentiment de tous les Maliens", a-t-il ajouté.
Au début du mois, l’agence de presse Reuters a rapporté que le Mali va payer 10,8 millions de dollars par mois pour faire venir environ 1 000 mercenaires russes pour former l'armée malienne et assurer la sécurité des hauts fonctionnaires.
La nouvelle a fait tâche à Paris et à Washington.
"Nous ne pensons pas que chercher des
forces extérieures pour assurer la sécurité soit la voie à suivre", a déclaré vendredi un haut fonctionnaire de l'administration Biden.
"Nous voulons le retour de l'État malien, pas l'arrivée de mercenaires russes", a tweeté la semaine dernière la ministre française de la Défense Florence Parly. "Nous sommes pour la souveraineté du Mali, pas pour son affaiblissement", a-t-elle ajouté.
La France et les États-Unis rappellent volontiers les allégations d’abus portées sur des éléments de Wagner en Centrafrique qui, à leurs yeux, devraient suffire pour mettre fin à toute négociation. Mais pour Bamako, le fait même que la Centrafrique a eu recours à Wagner est une preuve éloquente que ni la France ni les États-Unis ne sont parvenus à stabiliser ce pays.
Moscou ouvert à un accord
Contrairement aux démentis des responsables maliens, les responsables russes ont accueilli favorablement les rapports faisant état de négociations entre les autorités maliennes et Wagner.
"Les Maliens combattent le terrorisme", a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Lavrov, lors d'une conférence de presse à l'ONU samedi. "Et ils se sont tournés vers une société militaire privée de Russie en rapport avec le fait que, d'après ce que je comprends, la France veut réduire considérablement sa composante militaire", a ajouté le premier diplomate russe, tout en précisant que son gouvernement n’est pas impliqué.
En juillet 2020, l’administration Trump avait imposé des sanctions au groupe Wagner et à son propriétaire, l'oligarque russe Yevgeny Prigozhin, réputé proche du Kremlin.