Elections au Parlement européen : l’Europe jouerait-elle sa survie ?
Entre le 23 et le 26 mai, quelque 427 millions d'électeurs inscrits sur les listes électorales des 28 États membres de l'Union européenne (UE) voteront pour pourvoir 751 sièges au Parlement européen.
À moins de deux jours du début du vote, les campagnes pour des visions divergentes pour l'avenir de l'UE battent leur plein.
Les élections au Parlement européen de 2019 se déroulent dans un climat de profonde incertitude quant à la stabilité de l'Union et à l'orientation du projet européen. À la suite du Brexit, le soutien à l'UE des citoyens des 27 pays restants a atteint un sommet sans précédent. Mais dans le même temps, ce sont ceux qu'on appelle les « partis eurosceptiques » qui devraient réaliser les gains les plus importants.
Depuis les dernières élections européennes de 2014, la question de l'immigration et le sentiment anti-immigration ont touché tous les recoins de l'UE, et si les recherches montrent que les inquiétudes relatives à l'immigration ont diminué, à la suite de la forte baisse du volume des migrations conventionnelles et du nombre des réfugiés demandeurs d'asile, il n'en reste pas moins que la question de l'immigration reste une priorité dans l'agenda politique de certains pays européens.
Les nationalistes eurosceptiques accusent l'UE de l'augmentation des arrivées de réfugiés en 2015. Les fédéralistes soutiennent quant à eux que seule la coopération européenne peut contrôler les migrations.
Les problèmes interdépendants de croissance économique et de chômage figurent en tête des préoccupations des électeurs dans les pays les plus durement touchés par les difficultés socio-économiques des cinq dernières années, mais ils constituent une priorité moindre pour les citoyens des pays les mieux lotis.
Il semble que la seule chose sur laquelle les électeurs des 28 pays puissent s'entendre est la nécessité de s'attaquer au changement climatique. La question a pris de l'ampleur dans les sondages d'opinion des électeurs pour devenir le sujet le plus marquant des élections de 2019.
Le combat contre le changement climatique
Avec plus de 200 catastrophes naturelles, des prévisions de réchauffement global de l'ordre de 3 à 4 degrés Celsius d'ici 2100 et des informations généralisées selon lesquelles la Terre connaît actuellement une sixième extinction de masse, 2018 a placé la dégradation du climat et les crises écologiques au centre des préoccupations des électeurs.
Dans un sondage à l'échelle de l'Europe mené auprès des électeurs de l'UE, 43% des personnes interrogées ont dit que « lutter contre le changement climatique et protéger l'environnement » était une question à laquelle elles souhaitaient que la priorité soit accordée lors des campagnes électorales. Parmi les répondants à l'enquête qui se disent « très susceptibles » de voter lors des prochaines élections, la crise climatique et écologique est apparue comme le thème le plus important dans l'ensemble de l'Europe.
Les experts prévoient que le groupe politique des
Verts obtiendra le contrôle de cinq sièges au Parlement européen. Pour le parti écologiste allemand, les élections européennes de 2019 pourraient être une chance de créer un élan qui permettra au parti d'atteindre la masse critique nécessaire pour faire partie d'une coalition lors des prochaines élections nationales allemandes.
« Pour les Verts, il est important de convertir les bons résultats d'un sondage en succès électoral », a écrit la journaliste allemande Cerstin Gammelin dans le Süddeutsche Zeitung en mai. « Le parti a le vent en poupe depuis des mois, de bons résultats aux élections européennes le renforceront dans la mesure où il va être engagé dans des élections régionales offrant la promesse d'un gouvernement de coalition ».
En Suède, la question du climat est une priorité plus importante que partout ailleurs, avec 79% des répondants suédois qui la désignent comme une question cruciale pour les élections de 2019. C'est également le sujet principal chez les électeurs allemands et le deuxième plus important pour les électeurs français.
En septembre 2018, la jeune étudiante suédoise Greta Thunberg, âgée de 15 ans, a commencé à ne plus aller en cours le vendredi pour aller s'asseoir devant les bâtiments du gouvernement, accusant son pays de ne pas suivre l'Accord de Paris sur le climat. Depuis lors, dans toute l'Europe, des jeunes ont commencé à faire la grève des cours le vendredi pour manifester dans les rues.
La « Grève étudiante pour le climat » a contribué à la création d'un mouvement de protestation étudiant mondial visant à pousser les dirigeants mondiaux à agir contre le changement climatique et, dans le même temps, elle a aussi sensibilisé de nombreux électeurs européens à la question.
« Les problèmes climatiques existent depuis longtemps », a souligné Nicklas Kallebring, analyste d'opinion au cabinet d'études de marché international IPSOS, dans un entretien avec le journal suédois Dagens Nyheter, « mais ils ont pris de l'ampleur l'an dernier à cause de la sécheresse, des incendies et des manifestations des jeunes ».
Economie et sécurité
Selon la dernière enquête Eurobaromètre, « l'économie et la croissance » est le sujet le plus cité en Italie. Sans étonnement, cette question reste une priorité politique majeure pour les pays qui ont connu les plus grandes turbulences économiques ces dernières années : la Grèce, l'Irlande, l'Espagne, le Portugal, l'Italie, Chypre, la Croatie, la Pologne, la Roumanie, la Bulgarie, la Slovénie, la Slovaquie et la Lettonie.
Le « chômage des jeunes » est le principal problème le plus souvent cité par les électeurs en Espagne et en France.
En France, les partis d'extrême gauche et d'extrême droite mènent une campagne axée sur le protectionnisme économique. Alexandre Lemarie, du journal Le Monde, a écrit que le parti d'extrême gauche La France Insoumise préconisait le « protectionnisme solidaire » en Europe et a même proposé une « taxe kilométrique sur le carbone ».
Mouhamet Ndiongue